Date de parution : mars 2016 aux éditions POL
Nombre de pages : 160
Ce livre est une biographie de la peintre allemande Paula Modersohn Becker
qui a eu un destin poignant. J'ai découvert ce livre cette année au Marathon des mots à Toulouse où j'ai entendu Marie Darrieusecq en parler avec passion.
Paula Becker est une femme peintre qui a vécu de 1876 à 1907. Elle
est morte prématurément à seulement 31 ans, 18 jours après avoir donné naissance à
son unique enfant, elle qui était très ambivalente par rapport à son
désir d'enfant. Son dernier mot avant de mourir fut "dommage"...
Elle a peint des femmes, des enfants,
elle est le première à avoir réalisé un autoportrait d'elle nue
enceinte, c'est une pionnière en ce domaine. Très connue en Allemagne et
dans beaucoup d'autres pays au
monde,
elle reste méconnue en France où elle a pourtant séjourné à plusieurs
reprises, Marie Darrieusecq aimerait la faire
connaître grâce à cette biographie et grâce à une exposition de ses
œuvres au musée d'Art Moderne de la ville de Paris pour laquelle elle a
travaillé comme conseillère.
Paula a vécu à Worpswede, un village allemand qui abritait une colonie d'artistes, elle y peignait des modèles de la campagne environnante, des visages, des corps... Elle a séjourné plusieurs fois à Paris notamment pour suivre des cours aux Beaux Arts à une époque où des cours ouverts aux filles n'existaient pas en Allemagne. Fascinée par les parisiens et le Paris de l'exposition universelle elle découvre des peintres modernes tels que Cézanne, Modigliani et fréquente l'avant-garde artistique et littéraire de son époque.
Marie Darrieusecq a écrit cette biographie grâce à l'importante correspondance que Paula a laissée, grâce à son journal et à
ceux de ses amis, elle est également retournée à Worpswede sur les
traces de l'artiste. Elle ne craint pas d'indiquer clairement qu'elle
ignore certains aspects de sa vie.
On découvre une
femme qui a brisé les conventions de son époque, qui a refusé de devenir
gouvernante en bénéficiant de la bienveillance de son père. On
est plongés dans l'Allemagne des années 1900 qui fait alors partie d'un
empire et où tout va bien "Paula est née et morte dans une Allemagne
innocente."
C'est une femme bourgeoise, indépendante qui sera
tiraillée entre sa vie de couple avec Otto Modersohn, un peintre qui
commence à avoir du succès, et sa chère liberté. "Bulle entre les deux siècles. Elle peint, vite, comme un éclat." Nous sommes à une époque
où une femme mariée doit s'oublier, se soumettre à la volonté de son
époux et par exemple suivre des cours dans une école de cuisine avant
son mariage...
Paula est morte après un accouchement
après avoir peint des quantités de femmes et enfants laissant une œuvre inachevée
malgré sa production de 1000 tableaux dont une grande partie a été détruite par les nazis car jugés "dégénérés".
Cette biographie très épurée dresse avec finesse et empathie le portrait d'une femme féministe résolument moderne
pour son époque. Ce livre doit son très beau titre au poète Rainer Maria Rilke, ami intime de Paula, Marie Darrieusecq parsème son récit de
ses poèmes.
Marie Darrieusecq nous livre ici un texte féministe sur une femme qui voulait juste peindre et qui a dû lutter pour faire sa place parmi les hommes et les artistes de son temps et qui a toujours manifesté un désir d’indépendance sur lequel l'auteure insiste particulièrement.
Citations
Marie Darrieusecq nous livre ici un texte féministe sur une femme qui voulait juste peindre et qui a dû lutter pour faire sa place parmi les hommes et les artistes de son temps et qui a toujours manifesté un désir d’indépendance sur lequel l'auteure insiste particulièrement.
Citations
" Les
femmes n'ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt
transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d'autres
repères... Elles s'inventent dans un monde d'hommes, par effraction."
L'auteur
L'auteur
Marie Darrieussecq est née en 1969 au Pays Basque. Elle est écrivain et psychanalyste. Elle vit plutôt à Paris.
En 2013, elle obtient le prix Médicis pour son roman "Il faut beaucoup aimer les hommes."
48ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo
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