Nombre de pages : 425
Dans la tête d'un monstre
Harold Cobert s'est inspiré de l'affaire Fourniret pour ce roman. Tout le monde se souvient de Michel Fourniret, ce violeur, tueur en série qui a sévi en France et en Belgique. Surnommé " l'Ogre des Ardennes", il a été arrêté en Belgique
après une tentative d'enlèvement d'une fillette en juin 2003. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes filles en France et en
Belgique, les justices françaises et belges s'étant mises d'accord pour
un procès unique. Son épouse, Monique Olivier, accusée de complicité de meurtre et de non dénonciation de meurtre
dont elle avait connaissance, a été jugée en même temps que lui et
condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 28 ans.
Harold Cobert a choisi une porte d'entrée particulièrement intéressante pour ce roman : se mettre, comme l'indique la couverture du roman, dans la tête de Monique Fourniret. Le personnage central du roman est donc Monique Fourniret, son mari quant à lui reste en arrière plan.
Le récit est constitué d'une alternance de 4 sortes de chapitres : les pensées de Monique Fourniret, le récit du commissaire chargé de l'enquête, les propos de Monique Fourniret lors de ses auditions (120 en un an) et les récits des innombrables agressions ou tentatives d'enlèvement de jeunes filles perpétrées par Michel Fourniret.
Le récit commence en Belgique en juin 2003 lorsque que Fourniret est arrêté après une tentative d’enlèvement ratée, les policiers font immédiatement des rapprochements avec plusieurs disparitions ou meurtres non élucidés.
Le récit est constitué d'une alternance de 4 sortes de chapitres : les pensées de Monique Fourniret, le récit du commissaire chargé de l'enquête, les propos de Monique Fourniret lors de ses auditions (120 en un an) et les récits des innombrables agressions ou tentatives d'enlèvement de jeunes filles perpétrées par Michel Fourniret.
Le récit commence en Belgique en juin 2003 lorsque que Fourniret est arrêté après une tentative d’enlèvement ratée, les policiers font immédiatement des rapprochements avec plusieurs disparitions ou meurtres non élucidés.
C'est un homme obsédé par la virginité, il chasse les jeunes filles que lui et sa femme nomment les MSP "membranes sur pattes". Face aux policiers il parle de ses victimes avec cynisme, a une explication pour tout et les prend de haut car c'est un homme qui a une très
haute opinion de lui-même.
Qui est Monique Fourniret? Un simple témoin passif, une complice, la victime d'un mari tyrannique et sexuellement pervers? Que cache -t-elle ? Quels secrets la lient à son mari? Très vite les policiers sont interpellés par son attitude, son absence d'émotion. Comment cette femme qui connaissait le passé de délinquant sexuel de son mari déjà condamné en France à 7 ans de prison en 1984 pour agressions, tentatives d'enlèvement et viols a-t-elle pu ignorer sa sinistre activité?
Ce qui est intéressant dans la démarche d'Harold Cobert c'est qu'il met en parallèle les propos de Monique Fourniret lors de ses auditions et les pensées qu'il lui prête. Lors des auditions, elle dit ne se souvenir de rien, tremble, bafouille, semble à la limite de la débilité... Par contre dans les chapitres où l'auteur se met "dans sa tête" on découvre alors une femme qui appelle Fourniret "mon fauve" et parle d'un pacte passé entre eux. Elle se souvient des "chasses" perpétrées par son mari, avec parfois sa complicité pour attirer les jeunes filles chez eux. Comment ces jeunes filles pouvaient-elles se méfier d'un homme accompagné de sa femme et parfois de leur jeune enfant?
Il est très intéressant aussi de suivre les policiers chargés de l'enquête qui va piétiner des mois malgré l'accumulation d'indices concordants alors que la Belgique est sous le choc de l'affaire Dutroux dont le procès débute début 2004. Des policiers qui en perdent le sommeil, des hommes et des femmes dont la vie privée est envahie par cette affaire. L'auteur met en évidence leur détermination, leur opiniâtreté.
Ce récit est une véritable prouesse littéraire. Harold Cobert est vraiment parvenu à rentrer dans les méandres de l'esprit malade de cette femme complètement paumée qui fait connaissance de Fourniret en répondant à une annonce alors qu'il était en prison. Son besoin d'exister pour quelqu'un, de trouver un remède à
sa solitude l'ont mise entre les mains d'un homme qui a transformé en ogresse celle qu'il appelait sa mésange.
Les passages dans la tête de Monique et ceux décrivant les enlèvements font froid dans le dos, sont souvent à la limite du soutenable, mais jamais Harold Cobert ne tombe dans le voyeurisme.
C'est un roman magistral qui m'a happée dès les premières pages, sa construction est parfaite. Un des livres marquants de la rentrée littéraire, un auteur que je découvre et que je vais suivre désormais.
Citations
"Je préfère encore être seule à deux avec n’importe qui, pour exister un peu."
"Un flic est un malfrat qui a mal tourné."
"Elle a la désobéissance raisonnée, c'est pour ça que c'est un bon flic."
L'auteur
Harold Cobert est un écrivain français né en 1974. Il est l'auteur de plusieurs romans, dont Un hiver avec Baudelaire, L’Entrevue de Saint-Cloud qui a reçu le Prix du Style 2010 et Jim paru chez Plon.
Catégorie ANIMAL
Intéressant. J'ai lu pas mal de bonnes chroniques sur ce livre mais j'avoue que le sujet ne me tente pas malgré toutes ses qualités littéraires... Mais comme il ne faut jamais dire jamais, qui sait ?
RépondreSupprimerMoi non plus il ne me tentait pas avant... que je me laisse tenter et je ne le regrette vraiment pas!
SupprimerJe vais t'avouer que le thème me fait particulièrement fuir.
RépondreSupprimerJe peux tout à fait le comprendre.
Supprimertrès intéressant ! je note, je ne connaissais pas!
RépondreSupprimerJe suis ravie de vous avoir fait découvrir ce livre et j'espère qu'il vous plaira autant qu'à moi.
SupprimerUn sujet difficile mais de bons echos sur ce livre. Et je me souviens de la qualité d'écriture de cet auteur avec L'entrevue de Saint Cloud. Il.est dans mes souhaits de lecture
RépondreSupprimerSe sortir aussi bien qu'il l'a fait d'un sujet aussi difficile est un exploit.
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