dimanche 3 décembre 2017

L'enfant mouche de Philippe Pollet-Villard


Date de parution : août 2017 chez Flammarion
Nombre de pages : 420

Nous sommes en 1944 à Casablanca, Anne-Angèle est infirmière dans un dispensaire. Un jour, elle apprend la mort de sa sœur Mathilde à Paris. Arrivée dans la capitale pour s'occuper des obsèques, elle découvre par le biais d'une lettre que Mathilde s'était engagée à adopter Marie, une fillette de douze ans contre une certaine somme d'argent. Marie serait la fille d'une strip-teaseuse d'un cabaret. Anne-Angèle et Mathilde ayant été elles-même élevées en orphelinat, elle décide de tenir les engagements de sa défunte sœur. D'abord hébergées dans les beaux quartiers de Paris chez l'ancien officier qui employait Mathilde, Anne-Angèle et Marie sont contraintes de quitter Paris pour rejoindre un village près de Reims où l'infirmière va restaurer un dispensaire.

Anne-Angèle et Marie vont vivre dans un taudis, subir le froid et la faim. Très vite Marie quitte l'école et se débrouille comme elle peut. Intelligente et ingénieuse elle ne manque pas d'idées mais il lui faut aussi parfois se résoudre à mendier. La vie va devenir encore plus difficile pour elle quand Anne-Angèle, qu'elle appelle sa tante, tombe malade. Mordue par un malade atteint de la syphilis à Casablanca, l'infirmière développe la maladie, devient aveugle et sombre dans la folie. Marie doit trouver les moyens de leur survie tout en s'occupant de sa tante. 

L'histoire se passe dans un village à la campagne, Marie et sa tante feront l'objet de réactions de rejet de la part des villageois qui manifesteront envers elle de la mesquinerie, de la violence voire de la haine lorsque Marie se rapprochera des allemands.

Sans jamais tomber dans le misérabilisme, Philippe Pollet-Villard nous dresse le portrait de deux femmes inoubliables. Marie est une fillette élevée à la rude sans affection qui croit en son avenir et ne se décourage jamais, elle est touchante dans son désir de trouver une famille auprès du couple improbable formé par Toinette et son mari qui vivent dans une cabane dans la forêt ou auprès de sa chatte Paillassonne. Touchante également dans l'avenir qu'elle s'invente avec Hans le soldat allemand. J'ai aimé cette petite fille astucieuse et pleine de ressources, j'ai aimé son attachement à celle qu'elle appelle sa tante dont elle prend soin quand elle devient très malade. 
Dans ce récit, au travers de multiples anecdotes l'auteur met parfaitement en lumière l'atmosphère de guerre en zone occupée à la campagne et le racisme ordinaire des villageois. Ce roman ne se lâche plus une fois commencé, le récit chronologique écrit d'une plume alerte et très fluide est passionnant sans une ligne de trop. Il nous fait vivre la guerre à hauteur d'enfant et même si l'ambiance est faite de noirceur l'auteur parvient à rendre le récit lumineux et parfois drôle.
La lecture de ce roman est d'autant plus émouvante que l'histoire est inspirée de la vie de la mère de Philippe Pollet-Villard. Une fois le roman refermé, je me suis mise à rêver d'une suite pour connaitre la suite de la vie de la petite Marie, l'enfant mouche...
Voilà un roman dont on aurait du plus parler dans la rentrée littéraire de septembre....


L'auteur

Philippe Pollet-Villard, réalisateur de profession, est né à Annecy en 1960. Il est l’auteur de quatre romans chez Flammarion : L’Homme qui marchait avec une balle dans la tête, prix Ciné-Roman 2006), La Fabrique de souvenirs (prix Marcel Pagnol) et Mondial Nomade en 2011, et L'enfant-mouche en 2017. Il a également obtenu en 2008 le César puis l’Oscar du meilleur court-métrage pour Le Mozart des Pickpockets, hommage au Paris de Barbès et à ses petits malfrats. (Sources : Éditeur)





52ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017











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