dimanche 15 novembre 2020

Les impatientes de Djaïli Amadou Amal



Date de parution : aout 2020 chez Emmanuelle Colas

Nombre de pages : 300

" La patience est une prescription divine. Elle est la première des réponses. Elle est la solution à tout." 

Ce roman est une fiction inspirée de faits réels.

Le récit s'ouvre sur les conseils du père de Ramla à la jeune fille le jour de son mariage célébré avec celui de sa sœur "Patience, mes filles ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie, telle est la vraie valeur de notre religion, de nos coutumes", ce sont les conseils d'usage donnés de génération en génération aux nouvelles mariées dans cette communauté peul du nord du Cameroun où les filles sont mariées par leur père et leurs oncles qui ont le devoir de confier la jeune fille vierge à un autre homme. Le père de Ramla a quatre épouses et une trentaine d'enfants, ils vivent tous dans une concession, les filles doivent obéissance et respect à leur père et leurs oncles mais aussi, une fois mariées à leur mari et à la daada-saaré, la première épouse, la maîtresse de maison, la guide de la maison qui veille à l'harmonie du foyer.  

Ramla, dix-sept ans, va être mariée à Alhadji, un homme riche de cinquante ans alors qu'elle en aime un autre, avec ce mariage elle voit aussi s'écrouler ses rêves de faire des études pour devenir pharmacienne. Sa sœur Hindou va être mariée à un cousin alcoolique, drogué et violent. La troisième femme de ce roman est Safira, la première épouse d'Alhadji qui, après vingt ans de monogamie, prend comme nouvelle femme Ramla qui a l'âge de leur fille.

Djaïli Amadou Amal donne la parole à trois femmes pour nous parler du sort des femmes au Sahel dans une communauté peul du nord du Cameroun où les femmes sont contraintes aux mariages forcés et à la polygamie. Patience, Munyal, est le mot qu'elles entendent le plus dans leur vie. Je préférais le titre initial de ce roman, prix Orange en Afrique, "Munyal, les larmes de la patience" tant il est vrai que ces femmes versent des larmes dans leur vie. 

L'auteure évoque les traditions, le strict respect dû aux aînés, le mariage comme alliance entre deux familles, la soumission et le respect au mari, le rôle de la daada-saaré, la première épouse qui doit éduquer les épouses suivantes, la sourde rivalité entre coépouses qui se répercute sur les enfants, la méfiance et l'hypocrisie entre les femmes d'une même concession, le climat de conflit et de jalousie permanent, la violence physique exercée par les hommes qui ont toute légitimité pour punir et battre leur épouse insoumise, le recours à l'ésotérisme, la répudiation... tout l'effroyable vécu des femmes est raconté dans ce roman que j'ai trouvé fort intéressant même si j'ai regretté que l'écriture soit si ordinaire.

Ce roman est finaliste du prix Goncourt 2020.

 

Citation

" Une coépouse n'est pas une amie - et encore moins une sœur. Les sourires des coépouses ne sont que pure hypocrisie" 

 

L'auteure

Djaïli Amadou Amal est née en 1975 à Maroua dans l'extrême-Nord du Cameroun. Mariée à dix-sept ans dans le cadre d'un mariage arrangé, Amal a connu tout ce qui rend si difficile la vie des femmes du Sahel. Devenue écrivaine, Amal s'est affirmée en militante féministe à la tête de l'association " Femmes du Sahel " devenant ainsi La " voix des sans voix ". Son premier roman "Walaande", l'art de partager un mari, paru en 2010, lui conféra une renommée immédiate.
Lauréate du 1er Prix Orange Livre en Afrique 2019, Amal est une des valeurs sûres de la littérature africaine et l'un des plus importants auteurs peuls du Sahel. Avec son roman Les Impatientes, Amal est publiée pour la première fois en France.

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