vendredi 4 mars 2016

Ahlam de Marc Trévidic

 
Date de parution : janvier 2016 chez J. C. Lattes
Nombre de pages : 319

Prix des maisons de la presse 2016

Ahlam signifie les rêves en arabe

Marc Trévidic, juge d’instruction spécialisé dans l’anti-terrorisme en France, spécialiste des filières islamistes a choisi, dans ce premier roman, le mode de la fiction pour nous faire vivre la montée de l'intégrisme en Tunisie.

En 2000, suite à un chagrin d'amour, Paul, un célèbre peintre français, arrive aux Kerkernnah, archipel d'îles tunisiennes situé à une vingtaine de kilomètres au large de Sfax. Un lieu où la vie est douce s'écoulant au rythme des saisons et de l’arrivée "des moutons" (les touristes).
Il se lie rapidement avec un pêcheur Farhat, sa femme Nora, sa mère Fatima et ses enfants Issam, 9 ans, et Ahlam 7 ans. Une famille ouverte, moderne et progressiste.

Paul ne vit que pour son art et rêve de créer une œuvre unique alliant musique et peinture. Il va enseigner la musique à Ahlam et la peinture à Issam, deux enfants particulièrement doués. Issam peint la musique de sa sœur. "La symbiose avec la musique de sa sœur était presque parfaite. Issam peignait en rythme. Il peignait la musique en temps réel. Ses doigts sur le papier répondaient à ceux de sa sœur sur le clavier."

La Tunisie de ces années là vit sous le joug du clan Ben Ali qui a mis en place un régime d'injustice et de corruption.

Paul va assister aux réactions de certains tunisiens lors des attentats du 11 septembre 2001, "Cette explosion de joie d'une trentaine de jeunes salafistes de Remla, le 11 septembre 2001 était comme un signal, une mise en garde appuyée", au départ pour le djihad de jeunes du village. Il va aussi se rendre compte qu'en tant qu'artiste et non musulman, il est perçu comme un « kafir », un mécréant en terre d’Islam, par certains villageois.

Mais Issam va tomber sous l'influence de son copain Nourdine, un jeune exalté dont le frère Saber est parti faire le djihad. Nourdine va tenter de lui faire abandonner la peinture considérée par les islamistes comme un péché, une tentative d'imiter Allah,  "la reproduction des images humaines et animales était interdite".
La musique est aussi considérée par eux comme l'instrument du diable, Issam va en venir à voir sa sœur adorée comme une mécréante.
Lorsque Nourdine le présente à Ayman, un islamiste autrement plus fin et plus dangereux, Issam va complètement basculer. Ayman perçoit son intelligence et son potentiel et va le prendre sous sa coupe, le loger et financer ses études informatiques.

Au travers de cette fiction, c'est une page de l'histoire de la Tunisie que nous raconte Marc Trévidic de l'attentat d'Al Quaida à Djerba en 2002 à l'immolation d'un marchand de fruits et légumes en décembre 2010 à l'origine de la révolution de Jasmin dans les mois suivants.

L'écriture est ordinaire mais l'intrigue romanesque est bien construite, l'histoire d'amitié et d'amour est très belle et Marc Trévidic décortique parfaitement le processus d'embrigadement d'Al Qaida.


Citations
"La musique est l'art de combiner les sons et les silences; la peinture est l'art de combiner les couleurs et le blanc. Ce n'est pas par hasard si un blanc est un silence en musique et une absence de couleur en peinture."


L'auteur
Marc Trévidic est un magistrat français né en 1965, actuellement juge d'instruction au Tribunal de grande instance de Paris au pôle antiterrorisme.
Il s’est d’abord fait remarquer comme procureur sur les dossiers islamistes.
En 2003 il devient juge d’instruction à Nanterre. Il intègre le pôle antiterrorisme en 2006. Depuis le 7 septembre 2009, il est également président de l’Association française des magistrats instructeurs.


12eme contribution au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo

 Catégorie PRENOM

3ème lecture parmi les vingt premiers romans sélectionnés en phase 1 des 68 premières fois

2 commentaires:

  1. J'ai beaucoup apprécié les interventions du juge à la télé lors des attentats, je découvrirai volontiers sa plume.

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    1. Il écrit bien et me semble très très cultivé.
      J'attends de lire ton billet...

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