Date de parution : 23 août 2017 aux Éditions de l'Observatoire
Nombre de pages : 308
Le récit s'ouvre sur un
sinistre défilé d'anciens prisonniers qui va conduire la majorité de ces pauvres
malheureux vers l'horreur. Pendant ce temps-là Magda
Goebbels, première dame du Reich, modèle de millions de femmes dans le monde, assiste à la dernière
du Philharmonique pour ensuite rejoindre le bunker du Führer où se sont réfugiés ceux qui
restent du Reich. Magda se terre dans ce bunker infesté de rats avec son mari
et ses 6 enfants (dont le prénom commence tous par un H en hommage à l'oncle Adolf), elle est sans nouvelles
de son fils ainé Harald, prisonnier de guerre depuis trois mois. C'est une pondeuse
d'enfants qui ne soucie d'eux que pour les mettre en scène pour les besoins de
la propagande nazie. La peur a changé de
camp, en effet nous sommes en avril 45 et
Berlin est assiégé, sous les bombardements des alliés qui progressent. Les nazis sont dans la crainte que des détenus survivants témoignent...
Parmi les prisonniers qui cheminent à travers forêts, champs de morts et échappent aux fouets et aux morsures des chiens, se trouvent Aimé, Judah, Fela et sa fille Ava, petite fille de 3 ans qui ne parle pas. "Des morts-vivants qui crèvent à petit feu". Rapidement la petite Ava se retrouve dépositaire d'une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir récupéré auprès d'un de ses compagnons d'infortune, se trouvent les lettres d'un père à sa fille. Il s'agit de Richard Friedländer, un fourreur raflé parmi les premiers juifs qui se heurte au silence de sa fille, Magda Goebbels, qui aurait pu le sauver… Ava ne lâche jamais sa besace et ce précieux rouleau témoin des années de camp qui renferme également les témoignages écrits par des dizaines de mains, sous la forme de lettres, dessins, notes griffonnées. Une chaine de mots et de noms...
Parmi les prisonniers qui cheminent à travers forêts, champs de morts et échappent aux fouets et aux morsures des chiens, se trouvent Aimé, Judah, Fela et sa fille Ava, petite fille de 3 ans qui ne parle pas. "Des morts-vivants qui crèvent à petit feu". Rapidement la petite Ava se retrouve dépositaire d'une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir récupéré auprès d'un de ses compagnons d'infortune, se trouvent les lettres d'un père à sa fille. Il s'agit de Richard Friedländer, un fourreur raflé parmi les premiers juifs qui se heurte au silence de sa fille, Magda Goebbels, qui aurait pu le sauver… Ava ne lâche jamais sa besace et ce précieux rouleau témoin des années de camp qui renferme également les témoignages écrits par des dizaines de mains, sous la forme de lettres, dessins, notes griffonnées. Une chaine de mots et de noms...
L'auteur dévoile peu à
peu par de nombreux flash-back le passé de Magda, petite fille pauvre,
enfant naturelle non reconnue élevée par des religieuses qui, par revanche sur
son passé, va montrer une ambition
démesurée, une fascination pour le pouvoir qui l'a menée jusqu'aux plus
hautes marches du pouvoir. Une femme complètement
insondable même aux dernières heures du régime nazi. Il évoque son couple avec
Goebbels, ministre de la Propagande nazie et le pacte sur lequel repose leur union . "Un front commun autour du Maitre".
Ce
premier roman qui dévoile les destins croisés d’une petite fille survivante de
l'enfer des camps et de Magda Goebbels est très documenté et très bien rythmé avec des phrases courtes saccadées et percutantes pour certains passages insoutenables. Ces destins sont passionnants mais pour moi l'originalité et la force de ce roman tiennent à l'idée du rouleau de cuir (seul élément
inventé dans le récit) et à l'insertion tout au long du texte des extraits de lettres qu'il renferme. Les mots que Sébastien Spitzer met sous la plume du père de Magda sont
d'une force inouïe. Les cris d'un père à sa fille silencieuse « Ce monde que tu veux faire
disparaître, c’est le nôtre et c’est le tien. Tu es le pire mensonge du siècle
» et les derniers mots de Fela « Nous
porterons ces lettres jusqu’à toi Magda Goebbels, fille de Friedländer. Nous te
tuerons de nos morts" sont inoubliables. Pour moi, le personnage principal de ce roman n'est pas comme certains le pensent Magda Goebbels mais Richard Friedländer.
Une
construction parfaite, un style enlevé, des mots justes, un sujet passionnant
et parfaitement maitrisé, une fin époustouflante avec une narration où les
histoires de Magda et d’Ava s’entremêlent rendent ce roman tout
simplement parfait à mes yeux. Je ne trouve pas de mot assez fort pour qualifier ce récit au titre magnifique qui va certainement m'habiter longtemps. Un grand bravo à Sébastien Spitzer qui dit avoir pour ambition de "Flirter
du mieux possible avec le vraisemblable pour imaginer le reste, tout ce que
l’Histoire néglige".
Ces rêves qu’on piétine fait partie des cinq finalistes du prix du roman FNAC et des 10
premiers romans sélectionnés pour le prix Stanislas du premier roman. Nul doute
qu'il apparaitra dans d'autres sélections de prix littéraires de la rentrée et
qu'on entendra beaucoup parler de ce roman.
Merci aux Editions de l'Observatoire pour cette lecture en avant-première.
Les avis sont unanimes sur ce roman : Virginie, Henri-Charles, Jostein
Citations
"Mais notre histoire, personne ne nous la volera. Elle est
inaliénable. On essaiera de nous tuer, jusqu’au dernier. On essaiera de trahir,
de falsifier, d’effacer… Mais il y aura toujours un scribe pour recopier, un
homme pour lire, un écrit quelque part. Vous êtes l’incarnation de notre pire
ennemi : l’oubli. L’effacement par le feu. La mort programmée.Vous ne volerez
pas notre histoire."
" La guerre est animale. C’est le moment des
instincts, de la brutalité faite loi. La conquête passe très naturellement des
territoires aux chairs."
" Dénombrer, c’est attirer le "mauvais
œil". On ne dénombre pas les juifs. On ne les désigne pas. Ils Sont. Ils
existent. Ils vivent. Les chiffres qu’on leur a tatoués sur la peau sont une
désignation mortelle, un doigt comptable qui les livre à la mort. On ne compte
pas les juifs."
"Elle sait qu'elle est
trop petite pour s'en tirer, qu'elle a besoin d’une main pour la guider dans
les forêts, sur les chemins, sous le soleil et dans la neige. Elle a besoin
d’une personne, d'une main pour lui montrer où manger, où dormir, où aller.
Voudra-t-il être sa mère ?"
"Elle a si peur des mots figés dans ce
rouleau"
"Les soldats meurent au
combat. C’est dans l'ordre des choses. Quand l'ordre s'inverse, quand l'encre
de l'armistice est sèche, ce sont les chefs qui meurent. Les soldats, eux,
rentrent chez eux. Pourvu que l'encre sèche vite"
"Au camp, les
femmes parlaient tout le temps du monde autour, de la ville, de la ferme, des
autres femmes, de la guerre… La nuit, le jour. Il n'y avait jamais assez
d'heures. Alors on se dépêchait tout le temps de se raconter des souvenirs, de
décrire des paysages, des passages, des détails, d'infimes traces"
il est ajouté à ma liste d'envies, grâce aux blogs! Je serai sans doute passée à côté sinon!
RépondreSupprimerCela m'étonnerait que tu sois passée à côté car les médias vont certainement beaucoup en parler...Bonne lecture !
SupprimerOui, je crois aussi qu'on parlera beaucoup de lui en effet ...
RépondreSupprimerCa y est, il a le prix Stanislas ! Youpiiii !
Supprimerje n'ai que de très bons échos sur ce livre, nul doute que je le lirai!
RépondreSupprimerJ'espère que tu ne seras pas déçue par ce livre car parfois on attend trop d'un livre que tout le monde encense...
SupprimerFini hier, une merveille ce roman !
RépondreSupprimerPas surprise... pas encore lu un avis négatif...
SupprimerBizarrement je n'avais pas retenu ce titre sur ma liste mais ta chronique me fait changer d 'avis. Encore merci pour tous ces vibrants conseils de lecture.
RépondreSupprimerTu aurais fini par en entendre parler... J'attends ton avis maintenant !
SupprimerDécidément, il enthousiasme ce roman!
RépondreSupprimerJ'espère que cela ne créera pas de déception à ceux qui du coup vont peut-être en attendre de trop. Le buzz n'est pas toujours bénéfique...
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