Nombre de pages : 240
Marie-Adélaïde, 28 ans, est caissière à la Miche
Dorée. Née sous X, elle qualifie sa
vie de pourrie. Bien qu'elle se défende de fantasmer sur sa mère biologique,
elle pense qu'elle vient d'une famille bourgeoise car, selon elle, les pauvres
n'abandonnent pas leurs enfants "Ce sont les bourgeois qui se
débarrassent des mauvaises branches."
Elle dit d'abord n'avoir jamais cherché à consulter
son dossier "Je préfère vivre mal qu'aller implorer de l'amour auprès
d'une femme qui me l'a refusé quand j'en avais le plus besoin" mais
avoue ensuite, qu'à 18 ans, elle a entrepris des recherches qui l'ont confrontée
aux multiples X de son dossier sans rien lui apprendre de plus.
La jeune femme fait comme si tout cela lui importait
peu mais en réalité elle est rongée par des quantités de questions. Écorchée
vive, la rage chevillée au corps, habitée par la colère et le sentiment de ne
pas être légitime, Marie-Adélaïde en veut à sa mère tout en éprouvant de la
culpabilité d'avoir été abandonnée. Elle
rejette ceux qui l'entourent comme elle a été rejetée elle-même et les juge selon leur appartenance sociale sans chercher
à les connaître vraiment.
Par hasard, Marie-Adélaïde devient la baby-sitter des
enfants d'une bourgeoise qu'elle dénomme la Sublime et, à la faveur de quelques autres
hasards, elle part à la recherche de sa mère. Une recherche qui va lui permettre
de changer son regard, de s'adoucir...
Le thème de la quête d'une mère de la part d'une
enfant née sous X est assez convenu mais j'ai trouvé l'approche de Saphia
Azzeddine assez originale. Situer Marie-Adélaïde et sa mère dans deux milieux
diamétralement opposés lui fournit l'occasion de confronter deux mondes, celui
des bourgeois bien français et celui des pauvres immigrés. Elle nous livre des
propos bien tranchés sur les pauvres, les bourgeois, les diners mondains, les
politiciens, la religion... Les parents en mal d'enfant, les familles d'accueil
ne sont pas épargnés non plus... J’ai vu
ce roman comme une sorte de satire sociale douce-amère dans laquelle l’auteure
n'épargne personne mais malheureusement frôle parfois la caricature.
J’ai aimé l’émouvante confession de
la mère à la fin mais j’ai été déçue que le récit se termine sur de multiples
invraisemblances…
Des réflexions très fortes sur le manque de mère et
sur le diktat des apparences, une plume vive et alerte, une narration fluide
avec quelques passages surprenants sans transition avec ce qui précède, un
humour grinçant frôlant le cynisme font la force de ce roman qui me laisse cependant sur
un avis plus que mitigé.
Framboise est enthousiaste, Eva beaucoup moins.
Merci à NetGalley et aux éditions Stock pour cette lecture en avant-première.
Citations
"Voir le verre à moitié plein, apprendre à ne plus être malheureux avant d'essayer d'être heureux"
"Une mère soulage le quotidien de son enfant en se mettant à sa place, toujours, tout le temps."
"Une
mère, une bonne mère ne fait pas tout bien, elle fait plein de
conneries, nous refile ses névroses et ses anévrismes, ses varices et
ses pieds déformés mais elle laisse toujours la porte pas totalement
fermée."
L'auteure
Saphia Azzeddine, qui est née au Maroc en 1979 et a grandi à Ferney-Voltaire,
est une romancière franco-marocaine. Elle est également scénariste,
actrice et réalisatrice.
"Confidences à Allah", son premier roman publié en 2008, dont l’adaptation théâtrale a triomphé au festival d’Avignon et à Paris, l'a d'emblée imposée comme une des voix les plus singulières de sa génération. Son film "Mon père est femme de ménage", tiré de son propre roman, reçoit le prix du public Europe 1 lors du Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez en 2011.
6ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017
"Confidences à Allah", son premier roman publié en 2008, dont l’adaptation théâtrale a triomphé au festival d’Avignon et à Paris, l'a d'emblée imposée comme une des voix les plus singulières de sa génération. Son film "Mon père est femme de ménage", tiré de son propre roman, reçoit le prix du public Europe 1 lors du Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez en 2011.
6ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017
Je comprends ... Sans doute pas son meilleur, et pourtant malgré ce dénouement un peu trop "fabriqué" me suis régalée ! Je crois que je n'ai aucune objectivité avec cette auteure ;-)
RépondreSupprimerJe te comprends aussi car moi aussi quand j'aime un auteur...
SupprimerTu me sembles quand même plus indulgente qu'Eva. Toutefois, des critiques invitent plutôt à se tourner vers d'autres livres (pourtant, j'avais beaucoup aimé Bilqiss).
RépondreSupprimerJe suis plus gentille qu'Eva !!! Je n'avais pas lu Bilqiss dont j'avais lu beaucoup de bien, il faudra que je le lise un jour...
SupprimerC'est le 1er roman que j'ai lu de cette auteure et j'ai beaucoup aimé "Sa mère ". Maman de deux petites filles, c'est un thème qui me tient à cœur. J'ai découvert Saphia Azzeddine récemment dans " On n'est pas couchés". Je pense que je vais maintenant me tourner vers ses romans précédents
RépondreSupprimerMerci pour votre passage sur mon blog.
SupprimerCe livre m'a laissé quant à moi sur un avis mitigé, pas désagréable à lire mais deux mois après sa lecture il ne m'en reste pas grand chose...
Je pense aussi aller à la découverte de son précédent roman Bilqiss