vendredi 7 septembre 2018

Le malheur du bas d'Inès Bayard


Date de parution : 22 août 2018 chez Albin Michel
Nombre de pages : 267 

Voilà un roman dont les premières pages sont d'une extrême violence. Le récit s'ouvre sur une scène de repas qui se termine par l'empoisonnement de son mari et de son petit garçon par Marie, la jeune mère de famille "Elle avait tué son petit garçon et ce n'était que justice". Comment a-t-elle pu en arriver là? 

Marie, conseillère en patrimoine financier, mène une vie confortable auprès de son mari Laurent, ils forment un couple parfait et projettent d'avoir un enfant. Ils ont une famille aimante et prévenante et des amis précieux. La vie de Marie bascule lorsqu'elle est violée par son directeur. Comme anesthésiée, elle se tait, rentre simplement chez elle, prend une douche et se couche. Lorsqu'elle découvre qu'elle est enceinte, elle ne dit toujours rien et développe dès le premier jour une haine pour l'enfant qu'elle porte "Le monstre est dans son ventre". 

Une fois l'enfant né, elle déteste son corps déformé par la grossesse, néglige son fils et l'envie de le tuer ne la quitte plus. Son mari, fou de bonheur, est complètement inconscient de son désespoir. 

D'un style sec et nerveux Inès Bayard nous relate l'histoire extrêmement dérangeante d'une femme qui déteste son enfant. Victime d'un viol, elle choisit le silence par crainte de perdre son couple et son travail, elle se retrouve alors piégée dans un engrenage infernal. Cette femme rejette dès le départ cet enfant issu de son agression, elle n'aura de cesse de le voir disparaître jusqu'à son geste fatal décrit dès les premières pages du roman et cette obsession va la mener vers la folie. Le sujet aurait pu être intéressant, l'auteure aurait pu développer la difficulté à être mère d'un enfant issu d'un viol, difficulté accentuée par le fait que c'est un garçon dont le visage sera toujours associé à celui de son violeur qui, de surcroît, est son directeur. "Marie ne supportera pas de voir Thomas grandir. Le nourrisson d'aujourd'hui la bouleverse, l'homme de demain la terrifie." 
Mais j'ai trouvé qu'Inès Bayard accumulait outrances et invraisemblances, forçait outrageusement le trait nous livrant un roman qui manque cruellement de crédibilité. J'ai été gênée par l'aveuglement du mari, certes fort occupé par son métier d'avocat, par la bizarrerie des liens professionnels entre Marie et son directeur, par des relations dans le couple de Marie et Laurent limitées au sexe, par une famille et des amis caricaturaux au comportement plus qu'improbable. Le langage est cru voire parfois trash, Inès Bayard fait preuve d'un réalisme extrême pour parler de ce que Marie ressent dans son corps ce qui rend la lecture très éprouvante. Même si la lecture a un côté addictif, même si j'ai eu envie de tourner les pages pour comprendre comment elle a pu arriver à son geste fatal dévoilé dans les premières pages, j'ai éprouvé un profond malaise en lisant ce roman. 

De plus, j'ai trouvé dans ce livre beaucoup de similitudes avec le magnifique roman de Mathieu Ménégeaux, Je me suis tue, qui traitait du même thème mais de façon beaucoup plus subtile.  

Ce roman est finaliste du grand Prix du roman Fnac et a été sélectionné pour le prix Stanislas du premier roman et pour le prix des libraires de Nancy.


Citations
" Il me semble que l'affranchissement d'une femme devient total quand ce n'est plus son esprit qui décide, mais son corps."



L'auteure




Inès Bayard a 26 ans. Le malheur du bas est son premier roman.









6 commentaires:

  1. ça me fait quand même beaucoup penser à "Je me suis tue" et entre ton peu d'enthousiasme et les commentaires vraiment négatifs de lectrices que j'ai pu lire sur les réseaux sociaux, je passe mon tour!

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  2. Dire que c'est le copié collé de Je me suis tue de Mathieu Ménégaud avec beaucoup moins de finesse... Là où Mathieu Ménégaud était percutant, Inès Bayard est bavarde. Sans oublier un premier chapitre pompé sur Une chanson douce de Leila Slimani. Où se situe le talent d'Inès Bayard? Etrange que la presse n'ait pas remarqué ces "petits" détails avant d'encenser Le malheur du bas.

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    1. C'est vrai que quand on a lu le livre de Ménégeaux on est frappé par les ressemblances mais peut-être est-ce complètement involontaire de la part de l'auteure qui n'a peut-être pas lu ce livre...
      Mais en tout cas le silence de la presse m’interroge aussi, heureusement que de nombreux bloggeurs en parlent...

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  3. Autant j'ai été très émue par Claire dans "je me suis tue", autant je n'ai ressenti aucune compassion pour Marie dans 'le malheur du bas". les 2 livres présentent un canevas identique, difficile de croire à une coïncidence...

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