Date de parution : août 2018 au Seuil
Nombre de pages : 176
Un matin de la Grande Guerre, Alfa Ndiaye, un jeune sénégalais de vingt ans au beau corps de lutteur voit Mademba Diop, son ami d'enfance, son presque frère, mourir dans ses bras. Alfa et Mademba sont deux tirailleurs sénégalais qui se battent contre les allemands sous le drapeau français. Alfa a refusé d'achever son ami malgré ses suppliques. A partir de ce moment, Alfa, rongé de culpabilité , sombre dans la folie, il recherche le corps à corps et fait preuve d'une extrême cruauté en se glissant à la nuit tombée sous les barbelés ennemis pour aller tuer un soldat allemand. Il rapporte à ses camarades le fusil et la main coupée de sa victime qui tenait son arme, c'est pour lui une manière de venger Mademba. Mais rapidement les autres soldats le considèrent comme un sorcier qui va leur attirer le mauvais œil. " Mes sept mains, c'était la furie, c'était la vengeance, c'était la folie de la guerre". Son capitaine le somme d'arrêter, car dans une guerre on n'a pas le droit de mutiler...
Alfa est alors envoyé à l'Arrière en permission exceptionnelle d'un mois loin du champ de bataille. Il va alors se souvenir de sa vie à Gandiol au Sénégal au travers de dessins qu'il fait à la demande de son médecin, "un purificateur de nos têtes souillées de guerre". Il se souvient de sa mère partie sans jamais revenir, de son enfance auprès de Mademba...
Alfa est alors envoyé à l'Arrière en permission exceptionnelle d'un mois loin du champ de bataille. Il va alors se souvenir de sa vie à Gandiol au Sénégal au travers de dessins qu'il fait à la demande de son médecin, "un purificateur de nos têtes souillées de guerre". Il se souvient de sa mère partie sans jamais revenir, de son enfance auprès de Mademba...
Dans ce roman Alfa se confesse dans une sorte de délire halluciné qui illustre la descente dans la folie de ce tirailleur sénégalais. L'auteur nous plonge dans la tête de ce soldat, nous fait suivre ses pensées. La langue est très forte, très rythmée avec des phrases ponctuées de "par la vérité de Dieu" qui donnent un côté lancinant au récit. J'ai trouvé la première partie éprouvante autant à cause de l'écriture répétitive qu'à cause des horreurs racontées, certains passages comme ceux évoquant le traitement infligé aux traîtres sont insoutenables. J'ai préféré la deuxième partie qui se déroule à l'arrière du front qui nous fait découvrir les failles de cet homme et ses souffrances passées, dans une langue moins imprégnée de litanies cette fois. Ce roman a d'indéniables qualités littéraires qui justifient pleinement sa nomination pour de grands prix littéraires, c'est un texte très littéraire, un peu trop littéraire pour moi sans doute mais l'histoire est très forte. David Diop restitue parfaitement la guerre dans toute son horreur, la sauvagerie qu'elle peut engendrer et la folie dans laquelle les soldats peuvent basculer. Ce roman de la culpabilité et de la vengeance, de la folie d'un homme et de la folie de la guerre rend en outre un bel hommage aux tirailleurs sénégalais.
Alexandra a eu un coup de cœur pour ce roman.
Citations
" La folie temporaire permet d'oublier la vérité des balles. La folie temporaire est la sœur du courage à la guerre. "
" Nous sommes plus que frères puisque nous nous sommes choisis comme frères. "
" Nous sommes plus que frères puisque nous nous sommes choisis comme frères. "
Un des derniers coups de cœur de mon libraire, je vais finir par craquer !
RépondreSupprimerAlors n'hésite pas, il mérite le détour...
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