Date de parution : 6 mars 2019 aux éditions J.C. Lattès
Nombre de pages : 250
Giulia, quarante-six ans, est professeur de littérature italienne à la Sorbonne, spécialiste de l'écrivain Curzio Malaparte. Fille unique, elle a été élevée par un père taiseux après le départ de sa mère Laura alors qu'elle n'avait que huit mois. Laura est partie en laissant à sa fille un livre de Malaparte, son écrivain préféré. Son père a vécu toute sa vie avec le fantôme de Laura sans jamais refaire sa vie et Giulia n'a jamais su pourquoi elle l'avait quittée ni ce qu'elle était devenue.
Giulia a elle-même trois enfants qu'elle a élevés seule. Elle pense que leur départ prochain va lui offrir la liberté de vivre sa vie de femme, elle pense qu'elle va enfin passer à autre chose après avoir donné le maximum pour eux.
Giulia répond à l'invitation d'un ami universitaire et part seule à Capri pour écrire un livre sur Malaparte, cet écrivain qui la passionne comme il passionnait sa mère Laura. Il lui est proposé de s'installer dans la maison refuge de l'écrivain, la Villa Malaparte à Capri, elle pourra ainsi s'imprégner de l'esprit de Curzio dans la maison qu'il a bâtie et où il a vécu mais n'est-elle pas aussi et surtout à la recherche de sa mère? elle qui se dit " Je suis là pour oublier la mère et renouer avec la femme"
Sylvie Le Bihan aborde dans ce roman un sujet tabou en mettant en scène une mère et ses doutes face à la maternité, une mère qui a conscience d'avoir enfanté sous la pression sociale, qui analyse ses déceptions dans l'expérience de la maternité malgré l'amour inconditionnel qu'elle porte à ses enfants, une mère qui parvient à se dire " j'ai eu des enfants et je le regrette". Elle pense aux années où elle a dû s'oublier, à sa liberté sacrifiée, à sa solitude acceptée par contrainte, à la pression qu'elle s'est mise pour être une mère parfaite, à son angoisse de ne pas être à la hauteur, au sentiment d'échec qu'elle ressent face à certains des choix de ses enfants et s'interroge : cela fait-il d'elle une mère indigne comme la sienne qui a rapidement compris qu'elle n'était faite pour être mère?
Au travers de l'introspection de Giulia, Sylvie Le Bihan ose questionner la maternité et soulève des questions qui dérangent et qui font énormément réfléchir. Dans la solitude de son séjour à Capri, Giulia va éprouver des sentiments paradoxaux car ses enfants lui manquent, elle va repenser à l'éducation libérale qu'elle a tenté de donner à ses enfants, à sa fille qu'elle a éduquée en "amazone" alors qu'elle a élevé ses fils dans la douceur. Elle va se poser des questions essentielles : a-t-elle aimé ses enfants ? Les aiment-elles tout en regrettant la vie qu'elle aurait pu avoir sans eux ? Était-elle faite pour être mère?
Une histoire de quête identitaire, une héroïne forte mais assaillie de doutes, des personnages secondaires riches, le mythe de la grossesse merveilleuse et de la plénitude de la maternité démolis, un lieu terriblement envoûtant, une maison mythique qui sont des personnages à part entière, un Malaparte controversé et énigmatique, la rencontre à Capri d'une Maria pleine de sagesse, une incursion dans une autre île, bretonne cette fois, une réflexion profonde sur la maternité, une écriture d'une grande limpidité, l'art du retournement final font de ce texte un roman très fort à lire avec la distance nécessaire pour comprendre la voix discordante de Sylvie Le Bihan dans un monde où les mères sont sous pression.
Un sujet audacieux parfaitement maîtrisé, un roman dérangeant comme je les aime !
A noter la couverture très réussie : une vue sur les roches des Fariglioni d'une fenêtre de la Casa Malaparte.
Citations
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
Au travers de l'introspection de Giulia, Sylvie Le Bihan ose questionner la maternité et soulève des questions qui dérangent et qui font énormément réfléchir. Dans la solitude de son séjour à Capri, Giulia va éprouver des sentiments paradoxaux car ses enfants lui manquent, elle va repenser à l'éducation libérale qu'elle a tenté de donner à ses enfants, à sa fille qu'elle a éduquée en "amazone" alors qu'elle a élevé ses fils dans la douceur. Elle va se poser des questions essentielles : a-t-elle aimé ses enfants ? Les aiment-elles tout en regrettant la vie qu'elle aurait pu avoir sans eux ? Était-elle faite pour être mère?
Une histoire de quête identitaire, une héroïne forte mais assaillie de doutes, des personnages secondaires riches, le mythe de la grossesse merveilleuse et de la plénitude de la maternité démolis, un lieu terriblement envoûtant, une maison mythique qui sont des personnages à part entière, un Malaparte controversé et énigmatique, la rencontre à Capri d'une Maria pleine de sagesse, une incursion dans une autre île, bretonne cette fois, une réflexion profonde sur la maternité, une écriture d'une grande limpidité, l'art du retournement final font de ce texte un roman très fort à lire avec la distance nécessaire pour comprendre la voix discordante de Sylvie Le Bihan dans un monde où les mères sont sous pression.
Un sujet audacieux parfaitement maîtrisé, un roman dérangeant comme je les aime !
A noter la couverture très réussie : une vue sur les roches des Fariglioni d'une fenêtre de la Casa Malaparte.
Citations
" On ne cessait de me demander pourquoi je n'avais pas d'enfant. Mais demande-t-on à une mère pourquoi elle en a eu?"
"
Comment peut-on s'aimer assez au point de se cloner? Devenir mère
c'est être un exemple et je ne me suis jamais sentie à la hauteur, c est
ça qui me dérange."
Livre lu dans le cadre du prix Orange.
L'auteure
Lu de cette auteure
Livre lu dans le cadre du prix Orange.
L'auteure
Sylvie Le Bihan est romancière. Elle a publié aux éditions du Seuil trois romans remarqués : L’Autre (2014), Là où s’arrête la terre (2015) et Qu’il emporte mon secret (2017). Et un récit Petite bibliothèque du gourmand, (Flammarion, 2013) préfacé par son mari Pierre Gagnaire. (Sources : Éditeur)
Lu de cette auteure
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ce roman me semble très intéressant, et tu en parles très bien! merci encore pour les belles découvertes que je fais régulièrement sur ton blog :)
RépondreSupprimerMerci Eva, je peux te retourner le compliment !
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