samedi 9 mars 2019

Oyana d'Éric Plamondon

Date de parution : mars 2019 chez Quidam éditeur
Nombre de pages : 152  

" S'il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d'expliquer sa vie" - Marguerite Yourcenar

Mai 2018. La narratrice Oyana, installée depuis une vingtaine d'années à Montréal, apprend la dissolution  de l'ETA, l'organisation terroriste basque. Cette information la plonge dans son passé qu’elle a caché à son compagnon Xavier qui partage sa vie depuis qu'elle l'a rencontré à Mexico en 1995. Incapable de lui parler, elle choisit de lui écrire pour lui révéler sa face cachée avant de s'enfuir. " Peut-être que cette lettre va te détruire mais ne pas l'écrire m'est impossible. J'ai décidé de te dire toute la vérité, juste la vérité. Ce ne sera facile ni pour toi ni pour moi. Me taire n'a plus lieu d'être."

Oyana est née en 1973 au pays basque le jour où a eu lieu un attentat qui a coûté la vie d'un membre imminent de l'entourage de Franco. Oyana ne parle pas le basque et ne milite aucunement jusqu'au jour où son ami Manex se fait tuer dans un bar à l'occasion d'une intervention de la police pour interpeller des activistes. Manex était aussi pacifiste qu'elle. Peu après elle rencontre Mikel, un militant engagé et apprend par sa mère la vérité sur ses origines. Peu à peu elle se laisse gagner par la cause basque tout en refusant la violence. Jusqu'au jour où sa vie bascule à la suite d'un drame qui va la hanter toute sa vie...

Oyana va avouer à Xavier ce drame et le secret de ses origines, lui avouer qu'elle vit sous une fausse identité avec un faux passé, avant de retourner en Europe sur les traces de son passé à la rencontre de ses parents qu’elle n'a pas vus depuis plus de vingt ans. Mais sera-t-elle la bienvenue dans son pays?

Le récit est constitué de courts chapitres, l'auteur insère tout au long du texte des coupures de presse, des rappels de faits historiques sur l'ETA, des éléments sur la tradition de la chasse à la baleine au Canada, des informations sur l’industrie développée par les ancêtres basques d'Oyana au Canada. Il est aussi question de la traversée de l'Atlantique et de la remontée du Saint Laurent par les baleines ce qui nous vaut la magnifique couverture de ce roman. Eric Plamondon insère des documents comme la déclaration finale de l'ETA au peuple basque nous fournissant énormément d'informations sur l'histoire politique du pays Basque et la guerre d'Espagne. J'avoue que de retrouver la même construction que dans Taqawan m'a déçue mais peut-être est-ce la marque de fabrique de cet auteur... Cependant cette technique ne m'a pas donné l'impression de fouillis comme cela avait été le cas avec Taqawan. Identité, remords, culpabilité et désir de rédemption traversent ce court récit très instructif. Un beau moment de lecture qui entremêle l'histoire intime d'Oyana, héroïne émouvante, l'histoire du pays Basque et la splendeur de la nature. Cerise sur le gâteau : après une mise en tension bien maîtrisée et quelques rebondissements, le dénouement est complètement inattendu.

Lu dans le cadre du Prix Orange













L'auteur
Né au Québec en 1969, Éric Plamondon a étudié le journalisme à l’université Laval et la littérature à l’UQÀM (Université du Québec à Montréal). Il vit dans la région de Bordeaux depuis 1996 où il a longtemps travaillé dans la communication. Il a publié au Quartanier (Canada) le recueil de nouvelles Donnacona et la trilogie 1984 : Hongrie-Hollywood Express, Mayonnaise et Pomme S, publiée aussi en France aux éditions Phébus.
Taqawan (Quidam 2018) reçu les éloges tant de la presse que des libraires et obtenu le prix France-Québec 2018 et le prix des chroniqueurs Toulouse Polars du Sud. (Source : Éditeur)



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