Nombre de pages : 180
1971. Gégé, dit Blaise, 30 ans, vient de sortir de prison après avoir purgé une peine de dix ans. Il reprend le bar que lui a laissé son père à son décès. Passionné de jazz, il veut transformer ce repaire de vieux poivrots en café-concert. "Transformer ce bar de paumés en une référence pour les amateurs de jazz."
Alors qu'il est en plein travaux dans son bar, Blaise fait la connaissance de Josée, une jeune femme de 20 ans seule avec Nour, son bébé né de père inconnu. Josée est une junkie paumée qui vit dans un squat où la drogue circule partout. Blaise s'attache très vite à Josée et à Nour "on est du même camp, celui des malmenés, des abîmés", il devient une béquille sur laquelle Josée accepte de s'appuyer et garde Nour dans son bar le temps que Josée se rende à ses rendez-vous et plus tard pendant son travail "On se refile la petite comme si on était un couple de divorcés. Sauf qu'on s’engueule même pas." Il n'y aucune histoire d'amour entre eux, Josée ne l'attire pas "trop fragile, trop maigre, trop triste. Trop comme moi. J'ai l'impression de la connaître par cœur, de n'avoir rien à découvrir.". Ils se retrouvent autour de Nour, il l'aide à être mère.
Blaise initie Nour à la musique et, des années plus tard, il lui offre sa première guitare et son premier concert. Puis la jeune fille rencontre Arsen, son sauveur, "un sauveur alcoolisé", avec qui elle écrit, chante et compose. Elle va ainsi peut-être pouvoir être sauvée, réussir à partir et à fuir tous les dangers qui la guettent parmi tous les jeunes en déshérence qu'elle côtoie.
Julie Bonnie alterne les chapitres où elle nous fait entendre la voix de Blaise dont elle restitue à merveille le langage argotique et celle de Nour des années plus tard alors qu'elle a 17 ans.
J'ai aimé les mots de Julie Bonnie pour décrire le coup de foudre de Blaise pour un bébé, pour relater son amour pour Nour qui grandit de jour en jour. Elle sait montrer l'humanité de cet homme solitaire un peu bourru mais terriblement attentionné envers Nour et sa mère. La relation entre Blaise, Josée et Nour est magnifique de pudeur, la solitude qui leur colle à la peau serre le cœur. J'ai aimé que Julie Bonnie laisse dans le flou la raison de l'incarcération de Blaise, on devine mais rien n'est explicité, c'est juste un homme qui a purgé sa peine et qui débute une nouvelle vie.
J'ai aimé la personnalité de cet homme, un faux père qui inconsciemment répare quelque chose en faisant tout pour sauver Nour. En effet Blaise est poursuivi par le secret de famille qui a gâché la vie de sa mère, hanté par des visions qui lui font frôler la folie. Dans une belle tension narrative, avec un suspense savamment entretenu, Julie Bonnie nous maintient en haleine nous faisant craindre le pire jusqu'à la dernière page de ce roman très sensible.
L'auteure
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