Date de parution : aout 2022 chez Héloïse d'Ormesson
Nombre de pages : 240
"Quinze ans de vie commune n'équivalaient pas à dix minutes sous le feu."
PREMIER ROMAN
Comme chaque matin, l'aube grise se lève sur l'immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l'appel. A dix jours du départ pour une nouvelle mission, Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, a disparu. Aurélie, sa femme, a l'habitude des absences, du lit vide, du quotidien d'épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas.
Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. "Ils sont du même monde et trimballent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil". Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.
Ecrit par un militaire de l'armée de terre, ce roman parle de la difficulté du retour à la vie normale après une opération, de la difficulté à retrouver sa place dans sa famille, du stress post-traumatique, des liens qui se créent au combat entre "frères d'armes", de la vie de la famille dans la solitude, l'attente et l'angoisse, de la patience nécessaire pour accompagner le retour du soldat avec ses nuits sans sommeil, ses silences, ses colères rentrées. "Il traversait les nuits secoué de terreurs et les journées comme un fantôme... C'est les retours qui sont durs, plus que les départs.... C'est rien de partir, c'est vivre avec, vivre après. C'est ça qui est difficile."
Le sujet est original et intéressant car l'auteur connaît parfaitement le sujet. On comprend bien le quotidien des soldats et de leurs familles, l'omniprésence de l'armée dans leur vie, armée qui décide de tout sans compromis possible. Mais les histoires amoureuses que l'auteur a intégrées au texte sont à mon avis complètement superflues, elles n'apportent rien au récit et vont même jusqu'à le desservir transformant ce récit très fort en un fourre-tout avec une dose d'adultère, une pincée de racisme et une pointe d'homosexualité. Ces éléments font certainement partie de la vie des militaires mais, malheureusement dans ce roman, je trouve qu'ils ne sont pas traités finement, qu'ils arrivent de façon artificielle. Le vécu des soldats et de leurs familles, ce que la guerre fait à ceux qui partent, à ceux qui reviennent, à ceux qui restent, suffisait en soi pour faire de ce texte un bon roman. Dommage...
Citations :
" Nous, on n'a pas de médaille à la fin, on se débrouille, mais c'est dur aussi. Surtout avec des enfants."
" C'est elle la femme de devoir, c'est elle le soldat. Moi, je suis un guignol embarqué dans une mission trop grande pour moi."
" Courir jusqu'à l'étourdissement pour réussir à trouver le sommeil."
" Il deviendrait comme eux. Un jour, les départs se chargeraient d'un silence fatigué, d'une détermination un brin fataliste. Un jour, il arrêterait de parler. Puis de rêver. Puis de dormir."
" Tu verras, tous les gosses se ressemblent dans les pays en guerre... L'interrogation terrible des yeux d'enfant... Une semaine après, ils étaient rentrés. Les yeux du gosse avec lui, dans le fond de sa tête."
" De retour en retour, il fallait bien trouver quelqu'un avec qui ne pas discuter de ses cauchemars mais dont on sait qu'il sait."
L'auteur
Lieutenant-colonel dans l'armée de terre, Jean Michelin a effectué des missions au Kosovo, en Guyane, en Afghanistan et au Mali, notamment. Il est l'auteur de "Jonquille", un récit, paru en 2017 chez Gallimard. "Ceux qui restent" est son premier roman.
Photo © Céline Nieszawer/Leextra
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