Date de parution : 24 aout 2022 chez Flammarion
Nombre de pages : 208
" J'ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C'était inespéré et je n'ai pas flairé l'engrenage qui allait faire basculer notre existence. Parce que la maison est au cœur de ce qui a provoqué l'accident. "
Claude, le mari de Brigitte Giraud, a perdu la vie le 22 juin 1999 dans un accident de moto à Lyon en allant chercher leur fils à l'école alors qu'ils s'apprêtaient à aménager dans leur nouvelle maison. Depuis cette époque, Brigitte Giraud n'a pas quitté cette maison qui était comme un lien qui la reliait à Claude. Vingt-trois ans après, alors qu'elle va quitter cette maison qu'un promoteur a rachetée, elle revient sur l'enchainement de micro événements survenus les jours précédant l'accident et qui ont conduit inexorablement au drame. Des concours de circonstances qui ont entrainé l'épouvantable enchainement suivant : signature de l'acte de vente - accident - déménagement - obsèques.
Dans ce texte très intime et bouleversant, Brigitte Giraud analyse l'engrenage qui a conduit au drame, elle revient sur les jours précédents pour comprendre comment et pourquoi cet accident est arrivé. L'achat de cette maison qui vire à l'obsession pour elle, une moto qui n'aurait pas dû être dans le garage d'une maison dont ils n'auraient pas dû avoir déjà les clés, une moto que Claude n'aurait pas dû utiliser car il ne savait pas la maîtriser, une moto tellement dangereuse qu'elle n'était pas commercialisée dans son pays de fabrication, le Japon.
Brigitte Giraud fouille, gratte, à la recherche de la cause réelle qui se cache derrière certains de ses actes. Elle fait preuve d'une remarquable honnêteté en premier lieu vis à vis d'elle-même. Elle analyse avec lucidité son obsession pour l'achat de cette maison, l'excitation qui a suivi, son besoin d'épater son compagnon, le transfert de classe sociale qu'ils amorcent avec ce déménagement. Elle nous plonge dans la société de l'époque où la place des pères évolue avec l'émergence des nouveaux pères qui, comme Claude, vont chercher leur enfant à la sortie de l'école.
Un texte à la bonne distance, aucunement larmoyant et aucunement impudique, remarquable de sobriété et de justesse. Sur un sujet qui aurait pu être périlleux, Brigitte Giraud nous offre un texte superbement écrit, lumineux et doux où elle ne s'appesantit jamais sur sa douleur et où elle met en lumière un grand et bel amour.
Citations :
" Celui qui disait que j'étais veuve, je le passais au lance-flammes. Sidérée de chagrin oui, veuve non."
" Nous avions oublié que vivre était dangereux."
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