Date de parution : 5 janvier 2023 chez Gallimard (Verticales)
Nombre de pages : 208
" Je voudrais me lever mais mon cœur reste assis."
Emma est professeur de peinture aux Beaux-Arts, Paul son mari est concertiste. Le jour anniversaire des huit ans de leur fille Nina ils perdent la petite fille pendant quelques heures lors d'une fête foraine. Nina est retrouvée par la police quelques heures plus tard mais Emma ressent immédiatement un doute, de l'étrangeté. Un malaise s'installe, " mon cœur, en sa présence, ne sourit pas", elle ne ressent rien pour cette enfant avec qui elle entretenait une relation fusionnelle. Elle se persuade très vite que cette enfant n'est pas Nina mais une gamine en tout point ressemblante à sa petite fille.
S'inspirant d'un syndrome neurologique très rare, Stéphanie Kalfon nous offre un thriller psychologique captivant au titre particulièrement évocateur. Ce roman présente de multiples atouts, un sujet très singulier, un questionnement sur le fameux instinct maternel, une construction très réussie, un rythme soutenu, une narration à la première personne qui renforce la puissance du texte, une écriture magnifique et percutante.
J'ai apprécié la précision avec laquelle l'auteure, à travers les propos de la narratrice (et ses pensées en italique), décrit les sentiments d'Emma, ses émotions en retrouvant sa fille, les détails qui la dérangent, qui l'agressent, le doute qui s'insinue " je regarde ma fille et je ne ressens rien.". Les réactions du père, de l'entourage, les différentes étapes de cette tragédie familiale sont également très bien analysées, on éprouve de l'empathie pour Nina qui vit un calvaire mais également pour Emma qui est dans une souffrance extrême. Stéphanie Kalfon se met littéralement dans la tête de cette mère à la dérive et dévoile très rapidement qu'Emma raconte son histoire, "enfermée dans une chambre où on l'a exilée après le procès", elle raconte les faits des années après " avec un "je" comme pinceau ".
Un roman parfaitement bien maîtrisé, une très belle performance de cette auteure que je suis depuis son premier roman "Les parapluies d'Erik Satie". Un roman vertigineux qui bouscule énormément, je suis certaine qu'il me laissera des traces durables.
Une intrigue à la façon d'un roman noir pour Dominique.
Citation
" Les familles sont fragiles je trouve, comme les châteaux de cartes. Il suffit que quelques neurones cessent de jouer leur rôle miroir pour que la familiarité qui nous lie aux autres s'évanouisse."
L'auteure
photo : Francesca Mantovani © Editions Gallimard
Lu de cette auteure
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