mercredi 8 février 2023

Fille en colère sur un banc de pierre de Véronique Ovaldé

 


Date de parution : 4 janvier 2023 chez Flammarion
Nombre de pages : 320

" Elle aurait pu renoncer. Elle aurait dû renoncer." 

Ile d'Iazza en Sicile. A la suite de la tragédie qui a frappé sa famille, Aïda Salvatore a quitté l'île pour s'installer à Palerme. Depuis quinze ans, elle n'a pas revu sa mère et ses deux sœurs aînées. C'est à l'occasion du décès de son père qu'elle remet les pieds sur l'île. Ce père, qu'elle nommait "Sa Seigneurie", était agressif et morose, en colère contre le monde entier. 

Après la disparition un soir de carnaval de Mimi, la plus jeune des sœurs Salvatore, celle avait qui Aïda entretenait une relation fusionnelle, Aïda avait été jugée responsable d'avoir fait entrer le malheur dans leur maison, son père ne lui avait plus adressé la parole, ses sœurs l'avaient évitée comme une pestiférée. Au moment de sa disparition Mimi n'avait que six ans, Aïda deux ans de plus et leur père, sans aucun souci d'équité, affichait une préférence très marquée pour elles. C'était seulement en compagnie de ses deux cadettes que sa colère contre le monde et le reste de la maisonnée se calmait. Mimi devait son surnom de "colibri" à sa toute petite taille, elle aimait parler aux arbres et prendre des risques, Aïda avait passé son enfance à veiller sur elle, toute à la joie d'être la gardienne de "l'orchidée la plus délicate du monde."

Vingt-cinq ans après la disparition mystérieuse de Mimi, Aïda revient donc sur l'île auprès de sa famille marquée par le drame et le mystère. Toutes ces années, ils avaient tous été incapables de penser la disparition de Mimi en d'autres termes que "coincée quelque part", il leur était complètement impossible d'employer les mots "enlevée" ou "morte".  

Véronique Ovaldé a un talent manifeste pour restituer l'atmosphère de cette île volcanique où "la normalité c'est fanfaronnades et maquignonnage" et pour construire une histoire qui tient parfaitement la route. Une histoire de transgression, de désobéissance révélée dès les premières pages du roman. Elle nous distille savamment des éléments de compréhension de cette histoire familiale en décortiquant les relations qu'entretiennent les membres de cette famille. Elle analyse le poids qui pèse sur Aïda frappée d'opprobre et de remords éternels et la personnalité du père secrètement insatisfait, paralysé par sa propre incapacité à quitter l'île. Elle prend à partie le lecteur agrémentant son texte de  ses propres commentaires légers, ce ton contribue grandement au charme de son roman. 

Cathulu a un avis contraire au mien sur ce roman.


L'auteure


Véronique Ovaldé a publié dix romans, dont "Et mon cœur transparent" (prix France Culture-Télérama), "Ce que je sais de Vera Candida" (prix Renaudot des lycéens 2009, prix France Télévisions et Grand Prix des lectrices de Elle), "Des vies d'oiseaux", "La Grâce des brigands" (L'Olivier, 2008, 2009, 2011 et 2013) et, plus récemment, "Soyez imprudents les enfants " et "Personne n'a peur des gens qui sourient" (Flammarion, 2016 et 2019). (Source : éditeur)

Photo : Pascal Ito © Flammarion



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