lundi 8 février 2021

Lunch-box d'Émilie de Turckheim


 
Date de parution : janvier 2021 chez Gallimard
Nombre de pages : 256

Nous sommes dans les années 80. Sarah, surnommée Jezu, est professeur de chant dans une école primaire franco-américaine à  Zion Heights dans le Connecticut, une école où les français expatriés scolarisent leurs enfants. Elle est célèbre pour les spectacles de fin d'année qu'elle organise, ce sont des comédies musicales extravagantes qui font le bonheur de tous.

Célibataire, elle transporte deux fois par semaine six enfants d'environ huit ans dans son van pour les déposer à l'école. Chaque enfant a son cartable sur le dos et sa lunch-box à la main. " La lunch-box est une bête pleine d’appétit. Elle grogne, elle n’en a jamais assez. Elle provoque chez la mère une pulsion de remplissage. Tout le vertige vient de la forme de la lunch-box : n’oublions pas que c’est une valise. C’est chaque matin la répétition du grand départ. La mère regarde son enfant s’éloigner de la maison et elle espère qu’il ne lui manquera rien. Ni pain ni amour. "

Un jour, un drame, un accident imprévisible va bouleverser la vie de tous. "Un accident est un problème de tempo. Un décalage. Il aurait suffi d'un battement supplémentaire de métronome pour que nos vies soient sauvées"

Ce roman est constitué de deux parties, dans la première partie Émilie de Turckheim installe le décor, elle nous présente une petite communauté typiquement américaine qui comprend quelques français expatriés, elle nous offre une plongée dans leur vie tranquille faite de garden-parties entre voisins, d'investissement des mères dans les préparatifs de la fête d'école qui durent autant qu'une grossesse, de la préparation quotidienne des fameuses lunch-box pour leurs enfants, d'absence des pères accaparés par leur travail. Dans la deuxième partie, le ton change, l'histoire monte en puissance après un drame dont je préfère ne rien dire. Émilie de Turckheim y développe les notions de concours de circonstance, d'enchainements aux conséquences fatales et de sentiment de culpabilité. La question lancinante de savoir si le drame aurait pu être évité est en toile de fond, avec des "Et si" l'histoire aurait pu être toute autre... Elle met aussi en lumière l'étroitesse d'esprit de certains membres de la communauté dont les véritables personnalités se dévoilent après le drame.

Une histoire émouvante racontée de façon très fluide et très juste. Un ton qui mêle le léger et le grave avec des scènes qui font sourire alors que d'autres serrent le cœur sans jamais tomber dans le pathos. Une belle réussite. 

Ce roman est sélectionné pour le Prix de la Closerie des Lilas.


L'auteure

Émilie de Turckheim vit et écrit à Paris. Elle publie à vingt-quatre ans son premier roman "Les Amants terrestres". Étudiante en doctorat de sociologie à Sciences Po, elle est visiteuse de prison à la maison d’arrêt de Fresnes. Cette expérience lui inspire en 2008 "Les Pendus". En 2009, elle reçoit le prix de la Vocation pour "Chute Libre" et le prix Bel Ami 2012 pour "Héloïse est chauve".  Elle est modèle vivant pour des peintres et des sculpteurs, une expérience qu’elle relate dans "La Femme à modeler", paru en 2012. Elle reçoit le prix Roger Nimier pour "La disparition du nombril" (2014).

 

 

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