samedi 3 octobre 2015

Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel

Date de parution : août 2007 chez Stock
Nombre de pages : 384

Prix Goncourt des Lycéens 2007
Prix des lecteurs du Livre de poche 2009

Attention, chef d’œuvre... Philippe Claudel aborde ici les thèmes de la lâcheté, de la xénophobie et de la mauvaise conscience.
L'histoire se déroule en Allemagne dans un village de montagne frontalier juste à la fin de la guerre mondiale.
Un étranger, "l'Anderer", est arrivé au village un an plus tôt, vêtu d'un costume d'un autre siècle, accompagné d'un cheval et d'un âne, "un sourire sur son visage rond et poudré". Il arrive de nulle part et intrigue tout le monde par son comportement notamment lorsqu'il note tout ce qu'il observe dans un carnet qui ne le quitte jamais.
Lorsque le roman débute, cet étranger vient d'être assassiné par les hommes du village dans l'auberge où il séjournait, ceux-ci contraignent Brodeck à écrire ce qui s'est passé, à rédiger "un rapport". 
Brodeck n'a pas participé ni assisté à la mise à mort de l'étranger, il en est profondément bouleversé.
Il va commencer à rédiger ce rapport qu'on exige de lui mais va, en parallèle, raconter sa propre histoire.

Brodeck est un jeune homme qui a été recueilli à l'âge de 4 ans par une vieille femme Fédorine. Elle l'a trouvé seul survivant dans un village brûlé. Arrivé à l'âge adulte, Brodeck a été choisi par les notables du village pour aller poursuivre ses études à la capitale, tous les villageois se sont cotisé pour lui permettre d'aller à l'université dans l'espoir qu'il revienne avec une instruction utile à tous. Son métier consiste maintenant dans la prise de relevés et la rédaction de notices pour l'administration.

La construction du roman est très intéressante car l'auteur, d'une part nous restitue parfaitement l'atmosphère du village, et d'autre part, nous distille habilement les éléments du puzzle qui ont mené au drame. 
On voit Brodeck se souvenir de sa captivité de 2 ans dans un camp, de l'humiliation subie, des pendaisons quotidiennes, des réactions des villageois lors de son retour au village. L'auteur nous laisse imaginer les horreurs qu'Emélia, la femme qu'il aime a dû subir pendant son absence.

En ne situant pas son histoire précisément l'histoire dans l'espace et dans le temps, Philippe Claudel la rend universelle. A aucun moment,  par exemple, le mot "juif" n'est prononcé....
Il montre comment la peur peut transformer tout homme en bourreau ou en dénonciateur.

C'est un magnifique roman superbement bien écrit, très puissant.

Inoubliable roman sur l'intolérance qui remue et fait réfléchir. 


 Citations
"Les mêmes silhouettes et les mêmes visages osseux occupaient toujours le camp. Nous n'étions plus nous-mêmes. Nous ne nous appartenions plus. Nous n'étions plus des hommes. Nous n'étions qu'une espèce."

Cette lecture rentre donc a posteriori dans le Challenge Goncourt des Lycéens d'Enna
 








Lu dans le cadre du challenge les 100 livres à avoir lu










L'auteur
Né en 1962, Philippe Claudel a passé une agrégation de français. Il a choisi d'enseigner le français à la maison d'arrêt de Nancy et dans un centre pour enfants handicapés, en sus d'un poste de maître de conférence à l'université Nancy II. Il donne aussi des cours à l'institut européen du cinéma et de l'audiovisuel.
Enseignant et écrivain (premier roman paru en 1999), il est aussi réalisateur ("Il y a longtemps que je t'aime" en 2008) et directeur d'éditions (depuis 2004,  chez Stock).
Il a reçu le prix Renaudot (2003) pour "Les âmes grises", le prix Goncourt des lycéens (2007) et le Prix des lecteurs du Livre de poche(2009) pour "Le rapport de Brodeck".
Il intègre l'Académie Goncourt en 2012.

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3 commentaires:

  1. J'avais adoré La petite fille de Monsieur Linh, j'ai trouvé celui-ci un peu sombre pour moi.

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    1. J'ai moi aussi adoré La petite fille de Monsieur Linh, une histoire vraiment bouleversante.

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  2. J'ai eu un coup de coeur "coup de poing" pour le roman, et puis un autre coup de coeur coup de poing pour la BD par Manu Larcenet... ce roman est vraiment puissant et je suis admirative des lycéens qui l'ont choisi!

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