Date de parution : mars 2008 chez Flammarion
Nombre de pages : 124
J’ai lu récemment le dernier livre de Chahdortt Djavann « Les putes voilées n'iront jamais au paradis!» , une lecture qui m’a bouleversée, une histoire qui semble intéresser beaucoup de monde car ma chronique de ce titre est l’article le plus consulté sur mon blog depuis 15 semaines consécutives avec environ 2000 visites à ce jour... J’ai voulu aller plus loin avec cette auteure dont j’admire le courage.
Un jour de septembre, Chahdortt Djavann
reçoit chez elle une lettre d'une journaliste iranienne qu'elle ne
connaît pas, celle ci lui annonce qu’elle va lui envoyer un colis par la
valise diplomatique. Dans ce colis il y a un manuscrit en persan et sa
traduction. Le manuscrit relate l’histoire vraie d’une jeune fille de 15 ans rédigé de sa main en prison.
Fatemeh
est une jeune fille iranienne de 15 ans. Elle est en prison après avoir
subi 72h d’interrogatoires et de tortures et a été condamnée à la
pendaison sur la place publique.
Un gardien aux yeux couleur de miel, un peu plus humain que les autres, soulage ses souffrances en lui donnant chaque jour discrètement des bonbons d’opium et lui a fourni un cahier et un crayon pour écrire.
Ecrire est pour Fatehem une façon de se maintenir en vie. Elle veut poser son histoire sur papier avant de mourir et surtout parler de sa tante « La muette » pour qu’on ne l’oublie pas. C’est un devoir pour elle de raconter l’histoire de la muette "Je ne veux pas être pendue avec cette souffrance secrète que j’ai dû supporter. Je ne veux pas l’emporter avec moi dans la tombe, je veux mourir en paix, délivrée, je dois épuiser ma souffrance dans cette cellule, je dois enregistrer ma haine dans ce cahier."
Fatehem vivait dans un quartier où régnaient misère, violence et drogue. Sa tante paternelle muette vivait dans la maison familiale de Fatehem. Une tante âgée d’une quinzaine d’années de plus qu’elle qui s’est enfermée dans le silence après avoir assisté au meurtre de sa mère par son père. Une jeune femme « libre » qui se moquait des interdits n’hésitant pas à fumer, à se présenter tête nue devant les visiteurs. Fatehem éprouvait un amour fusionnel pour cette femme qui l’a élevée, elle l'aimait plus que sa propre mère qu'elle qualifie de peu intelligente.
Nous sommes dans l'Iran des Mollahs, "un pays où l’amour est toujours l’affaire de l’honneur des frères et des pères, une affaire de contrat et d’arrangement, un simple commerce. Un pays où l’amour est interdit." La muette est amoureuse de l’oncle maternel de Fatehem mais un Mollah a décidé de la prendre comme troisième épouse… Les hommes et femmes du quartier veillent et les hommes du comité ne sont jamais loin pour venir arrêter les gens à leur domicile.
Chahdortt Djavann a rajouté une dose de romanesque au récit qu’elle a reçu d’Iran pour rendre la lecture plus soutenable...
C’est une histoire vraie très courte et bouleversante qui montre à nouveau la place réservée aux femmes dans cette société et le peu de cas qui est fait de leur vie. Une société où les femmes sont tuées par lapidation ou par pendaison sur la place publique…
On découvre aussi le rôle de certaines femmes dans l’oppression faite aux jeunes femmes, le cas de la mère de Fatehem est particulièrement impressionnant.
Un livre qui serre le cœur du début à la fin, des femmes inoubliables !
Citations
"J’ai toujours pensé que , pour les hommes pauvres, la violence gratuite était la seule façon de prouver leur virilité." |
"La pendaison est une mort digne et douce par rapport à la lapidation"
"On l’a enterrée dans la parcelle du cimetière réservée aux criminels pour que son péché d’adultère ne contamine pas les vertueux musulmans. Misérables humains que les pauvres croyants."
L'auteur
Née en 1967 en Iran, Chahdortt Djavann grandit à Téhéran où elle vit
avec sa mère et ses quatre frères et sœurs aînés. Son père, Pacha Khan,
est emprisonné par le shah, après la révolution de 1979.
Très jeune, c’est l’exil : après être passée par Istanbul, elle atterrit à Paris en 1993. Ne parlant pas français, elle connait des conditions de vie difficile, enchaînant les jobs précaires, avant de rentrer à l’école des Hautes études en sciences sociales, où elle étudie l’anthropologie.
En 2002, elle publie son premier roman, "Je viens d’ailleurs" et raconte comment elle a gardé la tête haute. Un an plus tard, "Bas les voiles !" pamphlet s’élevant contre le port du voile lui vaut une notoriété subite.
En 2003 elle reçoit le Grand prix de la Laïcité et en 2004 le Chevalier des arts et des lettres.
Très jeune, c’est l’exil : après être passée par Istanbul, elle atterrit à Paris en 1993. Ne parlant pas français, elle connait des conditions de vie difficile, enchaînant les jobs précaires, avant de rentrer à l’école des Hautes études en sciences sociales, où elle étudie l’anthropologie.
En 2002, elle publie son premier roman, "Je viens d’ailleurs" et raconte comment elle a gardé la tête haute. Un an plus tard, "Bas les voiles !" pamphlet s’élevant contre le port du voile lui vaut une notoriété subite.
En 2003 elle reçoit le Grand prix de la Laïcité et en 2004 le Chevalier des arts et des lettres.
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Un témoignage sans doute nécessaire et poignant. C'est une auteure que je finirai assurément par découvrir.
RépondreSupprimerLa decouverte de cette auteure est incontestablement un des points forts de cette année pour moi
SupprimerIl va falloir que je le lise !
RépondreSupprimerJ'imagine déjà quel qualificatif tu vas donner à ces 124 pages !
SupprimerUn roman qui a l'air très dur en effet mais qu il me semble plus que nécessaire de lire en ces temps troublés.
RépondreSupprimerUn roman important, oui !
SupprimerMa prochaine lecture...😊
RépondreSupprimerJe te le prête avec plaisir. Bises
SupprimerJe tiens à préciser qu'il ne s'agit pas d'une histoire vraie:
RépondreSupprimerhttp://sblivres.free.fr/interviews/djavann-itv.html