Date de parution : 16 août 2017 aux Editions du Rouergue
Nombre de pages : 247
Ce premier roman de Pierre Souchon est autobiographique. Bipolaire, il a du être interné en hôpital psychiatrique suite à une grave crise maniaco-dépressive. Son médecin l'avait autorisé à arrêter son traitement, tout allait bien pour lui, il venait de se marier avec Garance et avait un travail. Il avait déjà connu des crises de ce type pendant ses études et avait été interné à l'âge de vingt ans
Alors qu'il est issu d'une lignée de paysans son mariage avec Garance, une jeune femme de la grande bourgeoisie, lui fait ressentir le gouffre qui le sépare du monde de sa femme. C'est un homme qui revendique sa paysannerie et qui se voit comme " la bête de l'Ardèche mariée à la belle des salons". Journaliste, il a à cœur d'écouter les oubliés et les opprimés. Écorché vif, il ne supporte pas les injustices et vit douloureusement l'agonie du monde paysan.
Lassé des mondanités de sa belle-fille, une dispute avec son beau-frère le fait partir dans un délire qui le conduit sur la statue de Jean Jaurès, c'est là qu'il est retrouvé en train de manger des branches de buis.
Pierre Souchon nous parle des "vies dévastées", de "l'armée des allumés" qu'il côtoie à l'hôpital, il retranscrit ses conversations parfois surréalistes avec les autres malades. Il raconte aussi les médicaments qui assomment, les électrochocs, la camisole mais
aussi la peur de quitter l'hôpital et de se confronter à la vie extérieure.
Son père avec qui il est très proche lui rend régulièrement visite, garde-chasse il lui a appris la nature avec laquelle tous deux sont en totale communion. Cet homme cultivé a aussi appris la poésie à son fils.
J'ai trouvé ce témoignage très courageux, Pierre Souchon nous raconte la maladie mentale vue de l'intérieur ce qui rend son témoignage rare et précieux. L'alternance de phases dépressives et de phases de surexcitation qui caractérise la bipolarité est ici parfaitement décrite, le ressenti du malade quand des voix le harcèlent
Sa souffrance et sa rage sont criantes, on devine aussi la souffrance de son entourage. J'ai trouvé très émouvant le personnage de ce père qui soutient son fils de manière indéfectible et masque son inquiétude sous un bel humour.
J'ai beaucoup apprécié le recul, la lucidité et l'humour dont fait preuve Pierre Souchon dans ce récit très intime où il se met complètement à nu.
Ce roman a été sélectionné pour le Prix du roman Fnac et pour le prix littéraire du monde.
C'est un très beau et fort récit qui aide à comprendre cette maladie pour Jostein et un récit qui secoue pour Nath
Merci aux Éditions du Rouergue pour l'envoi de ce livre.
Citations
p 36 "Et tous les cris de la littérature ne servent à rien pour les dire, les cris d'effroi, de désespoir, de détresse, ceux qui déchirent le silence, tous les longs cris, les cris aigus, les cris stridents, les cris de douleur."
L'auteur
Pierre Souchon, 35 ans, est journaliste pour Le Monde diplomatique et L'Humanité. "Encore vivant" est son premier livre. (Sources : Éditeur)
45ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017
Beaucoup beaucoup aimé ce livre qui comme tu le soulignes parfaitement est un témoignage rare. Et l'humour présent tout au long de ce récit est selon moi une belle force pour affronter la maladie.
RépondreSupprimerDommage qu'il n'ait pas été sélectionné pour les 68, je trouve quil y avait toute sa place.
SupprimerJe file lire ta chronique
Je trouve également mais bon il ne nous reste qu'à le porter fort pour donner envie à d'autres de découvrir Pierre Souchon.
SupprimerUn sujet qui m'intéresse, je le note, merci pour la découverte !
RépondreSupprimerMerci à vous pour votre passage sur mon blog.
SupprimerJe pense que ce livre plaira autant aux lecteurs intéressés ou concernés par le sujet qu'aux autres.
Bonne lecture
Il faudra que je le déniche. OUi, dommage qu'il ne soit pas dans la liste des 68
RépondreSupprimerJe te l'enverrai, je l'ai en version papier legerement cafeinee mais lisible quand même. Cest un livre à lire et à faire connaître...
Supprimerun témoignage qui doit secouer! je n'en avais pas vraiment entendu parler, merci pour ce billet qui donne envie!
RépondreSupprimerOn ne parle pas suffisamment de ce livre je trouve... Bonne lecture
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