vendredi 24 août 2018

Avec toutes mes sympathies d'Olivia de Lamberterie

Date de parution : 22 août 2018 chez Stock
Nombre de pages : 256

"Lire répare les vivants et réveille les morts." 

Olivia de Lamberterie, célèbre critique littéraire, à la tête du service livres de Elle depuis 2001, passe de l'autre côté de la barrière en publiant son premier livre. Il s'agit d'un témoignage dans lequel elle revient sur le suicide de son frère Alex en octobre 2015 à Montréal où il vivait depuis quinze ans

Issue d'une famille de la grande bourgeoisie du 16ème, Olivia de Lamberterie a parfaitement conscience d'appartenir à un milieu privilégié. Avec ses sœurs et son frère, enfants désirés et choyés, elle a vécu au sein d'une famille unie mais où on n'exprimait pas ses sentiments. Très proche de son frère, elle ne se confiait qu'à lui "Nous étions deux muets qui l'un en face de l'autre retrouvaient l'usage de la parole." 

Alex était un homme flamboyant mais né malheureux, incapable de jouir de sa famille, de son travail, il était désespéré alors qu'il paraissait avoir tout pour être heureux. "Un frère éblouissant au cœur sombre". "La mélancolie est-elle inscrite dans nos gènes?" s’interroge Olivia de Lamberterie face aux nombreux suicides d'hommes de leur famille. Est-ce une maladie commune à nombre de membres masculins de cette famille? Y-a-t-il une malédiction de la mélancolie dans cette famille? Elle avoue également être elle-même parfois atteinte de mélancolie et parle du "sang noir coulant dans nos veines", "un goudron obscurcissant nos sorts heureux". 

Au début de son récit, elle évoque sa vie de critique littéraire, ses rituels (elle commence toutes ses lectures par la page 66...), la place essentielle qu'occupe la lecture dans sa vie. "La lecture est l'endroit où je me sens à ma place. Lire répare les vivants et réveille les morts. Lire permet non de fuir la réalité, comme beaucoup le pensent, mais d'y puiser une vérité."

Elle qui a l'habitude de demander aux écrivains qu'elle rencontre pourquoi ils écrivent s'interroge sur son besoin d'écrire ce livre "J'écris pour chérir mon frère mort. J'écris pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri." .

Ce témoignage intime, sensible et très touchant est écrit d'une fort jolie plume. Olivia de Lamberterie se livre avec sincérité et pudeur, dévoile ses failles, ce qui contribue à la rendre très sympathique. Elle dresse un très émouvant portrait de son frère, relate sa lutte contre la mélancolie qui a fini par gagner. Elle parle de sa douleur, de sa colère, de l'admiration qu'elle a pour le courage dont a fait preuve Alex et rejette la tentation de la culpabilité et des remords. Elle ne cherche aucune responsabilité familiale dans son geste "Je désirais inventer une manière joyeuse d'être triste. Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants."
De façon annexe, j'ai aimé la voir évoquer son amour de la lecture et les coulisses de son métier de critique, la voir parler des livres qu’elle lisait cette année-là... 
Dans ce livre, dont Olivia dit elle-même qu'il l'a empêché de sombrer, transparaît le travail qu'elle a du faire sur elle-même pour finir par accepter le geste de son frère et se souvenir des jours heureux. Magnifique hymne à l'amour fraternel, magnifique témoignage à la portée universelle sur le drame de la dépression. Très belle découverte.

L'auteure



Olivia de Lamberterie est journaliste à Elle, chroniqueuse littéraire à « Télématin » sur France 2, au « Masque et la plume » sur France Inter et correspondante pour Radio Canada. (Sources : Éditeur)











Catégorie MOT POSITIF



4 commentaires:

  1. Je ne doute pas des talents d'écrivaine d'Olivia de Lamberterie, mais je ne pense pas lire ce livre

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    1. Passe ton chemin car j'imagine que tu croules sous une multitude de tentations de cette rentrée...

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