Date de parution : 9 janvier 2019 chez Flammarion
Nombre de pages : 160
" Le matin est un tige qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge."
Alma, une quadragénaire qui exerce le joli métier de bouquiniste, est mélancolique et souffre de fréquentes attaques de panique. " Admirer la vie et s'en sentir dépossédée. Est-ce cela la mélancolie ?" La jeune femme trouve souvent refuge dans une rêverie qui lui permet survivre.
Depuis quelques mois sa fille Billie âgée de 14 ans s’étiole, atteinte d'une maladie inconnue, les traitements échouent, les médecins sont démunis et finissent par parler de tumeur et d'opération chirurgicale.
Alma persiste à croire que le mal de sa fille est tout autre, elle imagine le mal qui frappe Billie sous la forme d'un chardon qui envahit sa poitrine sans bien entendu parvenir à persuader son mari que son intuition est la bonne et qu'il ne faut surtout pas opérer Billie. Alma entretient une relation tellement fusionnelle avec sa fille qu'elle se demande si ce n'est pas son propre mal-être qui gagne son enfant. Ne doit-elle pas se retrouver pour délivrer sa fille?
" Il est temps de s'affirmer.
De se
redresser.
De cesser de s'excuser d'être soi.
De cesser de compter
sur les autres pour se donner une consistance.
Pour se tenir droit.
Se
réparer.
Pour être"
Ce roman est un énorme coup de cœur pour différentes raisons. Tout d'abord j'ai été touchée par cette histoire de relation mère-fille, de transmission inconsciente, de combat d'une mère qui ouvre de multiples pistes de réflexion par le miroir qu'il nous tend. La force du lien qui parfois peut étouffer... la transmission du mal-être de la mère à la fille... le difficile équilibre à trouver dans une relation...
J'ai adoré la langue éminemment poétique et joliment imagée de l'auteure, truffée de magnifiques métaphores. La première phrase du roman "C’est un jour blanc, éreinté, qui n’a envie de rien" donne d'emblée la tonalité de la plume de l'auteure. C'est une écriture qui emporte si on accepte de lâcher prise, de se laisser porter par la magie des mots.
Ce roman m'a imprégnée, il me reste totalement à l'esprit
plusieurs semaines après avoir tourné à regret la dernière page, il
m'est passé entre les mains par un circuit de lecture mais il me faut
maintenant le posséder car je sais que je le relirai très vite.
Constance Joly travaille dans l'édition depuis une vingtaine d'années, elle a bien fait de passer de l'autre côté de la barrière. Une grande auteure est née !
Constance Joly travaille dans l'édition depuis une vingtaine d'années, elle a bien fait de passer de l'autre côté de la barrière. Une grande auteure est née !
Citations
" Parfois on gagne les guerres en se laissant tomber par terre. On gagne les guerres sans pouvoir les nommer, sans même pouvoir nommer l'ennemi."
" Et si c'était ça l'équilibre? A l'unisson, mais séparé. Elle se demande si, jamais, elle pourra arriver à cette chose-là avec Billie. Si leurs deux vies pourront un jour tracer ces deux sillages vibrants, parfaits : à l'unisson et séparés."
" Les mots sont pratiques et incomplets, incapables d'exprimer la complexité de nos vies, la subtilité de ses nuances. Il faudrait les décrasser, les lessiver, les essorer pour leur faire dégorger un sens nouveau."
" Elle a besoin de poésie. D'un espace où les mots sortent des clôtures du sens. Elle les visualise, comme des moutons sautant par-dessus la barrière, des mots libres, dans de grandes prairies tendres. La poésie touche les gens, pas seulement à l'intellect, mais au centre d'une zone, mystérieuse et pourtant très dense de l'homme, qui se situe quelque part entre le cœur et les viscères."
" Si Alma est une plante sauvage, Jean n'est pas son tuteur, mais l'homme qu’elle a choisi. Billie n'est pas leur trophée, leur merveille, elle est elle-même : Billie et c'est suffisant"
" Si Alma est une plante sauvage, Jean n'est pas son tuteur, mais l'homme qu’elle a choisi. Billie n'est pas leur trophée, leur merveille, elle est elle-même : Billie et c'est suffisant"
L'auteure
Constance Joly travaille dans l’édition depuis une vingtaine d’années et vit en région parisienne. Le matin est un tigre est son premier roman (Flammarion, 2019). (Sources : Éditeur)
un livre qui me tente énormément! je le vois beaucoup sur IG avec des échos très positifs, il semble faire l'unanimité !
RépondreSupprimerIl plait beaucoup en effet... On devrait beaucoup en entendre parler dans les mois qui viennent
SupprimerSourire, je n'ai pas lâcher prise, j'ai sauté des pages, peut être trop poétique pour ce sujet ou pour moi, je ne sais mais bon, le résultat est là, ce n'est pas pour moi tout simplement.
RépondreSupprimerChantal.