mercredi 28 août 2019

Le cœur battant du monde de Sébastien Spitzer

Date de parution : 21 août 2019 chez Albin Michel
Nombre de pages : 448

Londres, 1851. Charlotte, une jeune irlandaise qui a fui son pays à cause de la Grande Famine est amenée à recueillir un enfant bâtard, Freddy qui devient "son presque fils, son plus que fils, l'homme de sa vie". Freddy est le fils caché de Karl Marx issu de sa liaison avec son employée de maison. Engels, un industriel dont dépend financièrement Marx, n'a pas fait disparaître l'enfant comme son ami Marx le lui avait demandé. Karl Marx, surnommé le Maure, expulsé d'Allemagne, est exilé à Londres depuis deux ans et se consacre à l'écriture d'un grand livre qui le rendra célèbre.

Nous sommes dans une période où l'Empire vit une grave crise économique, les usines s'arrêtent progressivement de tourner car le coton manque. C'est la "Cotton Panic", conséquence de la guerre de Sécession qui sévit en Amérique. Les ouvriers n'ont plus de travail, la misère se propage et le peuple est en colère. Engels veut fédérer les insurgés pendant que son ami théorise la révolution dans ses écrits.

Sébastien Spitzer mêle à des faits historiques authentiques et bien documentés des éléments fictionnels pour reconstituer la vie qu'aurait pu avoir ce fils caché de Marx qu'il sort de l'ombre. L'existence de Freddy n'a été révélée que dans les années 1960. Il nous plonge de façon très réaliste dans la vie des faubourgs de Londres puis de Manchester avant de nous emmener auprès des insurgés irlandais dont Freddy va rejoindre la lutte armée. Il nous décrit un Karl Marx excessivement antipathique qui, au-delà de son comportement vis à vis de son fils, mène la grande vie alors qu'il est sans emploi et vit des largesses d'Engels et des gains issus de boursicotage. Marx mène une vie bourgeoise auprès de son épouse Johanna, une femme "née baronne", hautaine et odieuse avec leurs filles et les femmes en général. Marx était un grand révolutionnaire socialiste qui méprisait le peuple mais dont la plus jeune des filles Tussy se révèle, contrairement à son père, être un personnage engagé et très sympathique. 
Ce texte vivant, bien rythmé et réaliste avec quelques scènes très fortes déroule de façon très fluide le destin infiniment triste que l'auteur a imaginé pour Freddy. L'écriture est sobre (voire trop sobre, loin de l'écriture enflammée de son premier roman) et la colère de l'auteur transparaît tout au long de ce texte qu'il a su rendre très romanesque. Un regret : le récit centré sur Freddy n'aborde que très peu la personnalité de cet homme plein de contradictions qu'était Marx, j'aurai aimé en savoir un peu plus sur lui.
Soulignons le choix très judicieux du titre de ce beau roman ainsi que le choix de la couverture avec le regard si parlant de cet enfant.



L'auteur 



Sébastien Spitzer est l’auteur d’un premier roman, Ces rêves qu’on piétine, traduit dans plusieurs pays et couronné par de nombreux prix littéraires (Sources : éditeur)


















Lu de cet auteur 




pour accéder à ma chronique, cliquer ici






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire