Nombre de pages : 240
Helen Keller est une auteure, conférencière et militante
américaine, née en 1880 à Tuscumbia en Alabama. Devenue sourde et
aveugle à l'âge de deux ans, elle est la première personne handicapée à avoir
obtenu un diplôme universitaire. Angélique
Villeneuve s'attache ici à la mère d'Helen, Kate, personnage central de cette fiction biographique dont elle retrace le parcours de 1878 à 1888.
Katherine Adams Keller est une jeune femme solitaire, mariée très jeune à un homme beaucoup plus âgé et veuf, qui vit dans une plantation au lendemain de la guerre de Sécession. Ignorante de tout, elle fait le maximum pour s'adapter à sa nouvelle vie de femme mariée. Sa fille nait en 1880 mais à l'âge de dix-neuf mois, frappée de fortes fièvres pendant dix jours, elle en ressort lourdement handicapée. "Muette. Aveugle. Sourde. Elle ne s’habitue pas. Ne s’en remet pas. Ne se résout pas". Dans l’impossibilité de communiquer, Kate a un comportement de sauvageonne qui remet en cause l'équilibre de la famille.
Angélique Villeneuve a eu la très belle idée de faire sortir Kate Keller de l'ombre. Elle parvient merveilleusement bien à se glisser dans la peau de cette mère, à nous faire ressentir le moindre de ses sentiments, à nous plonger dans son intimité et à nous transmettre l'empathie qu'elle éprouve pour elle. On ressent l'amour fusionnel, quasi viscéral qui relie Helen et Kate, on les visualise parfaitement agrippées l'une à l'autre. Angélique Villeneuve raconte l'amour d'une mère, son abnégation et son combat sans relâche pour sa fille à une époque où les femmes n'avaient pas vraiment droit à la parole, son combat contre un entourage qui voyait Helen comme une folle qu'il fallait enfermer. Tourmentée par la culpabilité d'avoir un enfant différent, confrontée au regard des autres, Kate s'est battue pour aider Helen à sortir de son enfermement, acharnée à faire reconnaitre par tous les capacités de sa fille. Elle a trouvé la force de se séparer de son enfant pour lui permettre de sortir des ténèbres grâce à l'intervention d'une éducatrice d'exception.
Angélique Villeneuve restitue également très bien l'atmosphère dans les plantations de coton en Alabama à cette époque encore marquée par l'esclavage, dans la ville de Birmingham, fief du Ku Klux Klan. La moiteur, la végétation luxuriante, les tensions raciales... tout est là. L'écriture est d'une grande précision, très visuelle pour décrire par exemple les mains d'Helen qui parcourent les visages. L'écriture est aussi infiniment poétique et sensorielle mettant tous les sens en éveil, ses descriptions des fleurs, passion de Kate, sont d'une infinie beauté. On perçoit tout le travail de documentation qu'a accompli Angélique Villeneuve pour écrire ce magnifique roman où tout sonne très juste. Le texte est à la hauteur du titre et de la couverture que je trouve sublimes. Un portrait de femme et de mère passionnant.
Un vrai bonheur de lecture. Un énorme coup de cœur.
L'auteure
Angélique Villeneuve est l’auteur de plusieurs romans, dont Les Fleurs d’hiver (Phébus, 2014), Nuit de septembre (Grasset, 2016) et Maria (Grasset, 2018 ; Grand Prix Société des Gens de Lettres de la Fiction). Elle écrit également pour la jeunesse; 'Source : éditeur)
Lus de cette auteure
Je le dis souvent, mais quelle chance j'ai! Merci de votre si belle lecture, Joëlle. Réussir l'incarnation de ses personnages -et de leur paysage - et l'un des grands challenges de l'écriture... Merci! Merci!
RépondreSupprimerangélique
Ce sont vos lecteurs qui vous remercient Angélique pour vos challenges si bien réussis. Je souhaite une très belle vie à ce roman, vous le méritez !
Supprimerj'aime beaucoup Angélique Villeneuve (Maria avait été un coup de coeur) et je vais bientôt lire ce nouveau roman, j'avais découvert Helen Keller via un livre jeunesse quand j'étais petite !
RépondreSupprimerJe me souviens même que c'est moi qui t'avais fait découvrir Maria, j'avais été ravie de voir que pour toi aussi cela avait été un coup de cœur. Celui-ci est très différente mais tout aussi magnifique.
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