Date de parution : janvier 2024 au Cherche Midi
Nombre de pages : 160
" Je m'appelle Dominique Biron et j'ai décidé de mourir dans trois jours. C'est le temps qu'il a fallu au Christ pour revenir d'entre les morts. ça me suffira pour faire mon petit ménage."
Quand elle apprend qu'elle est atteint d'Alzheimer, Dominique, quatre-vingt un ans, décide de dire adieu à sa petite vie.
Le ton est donné dès qu'elle nous parle de sa famille " J'ai vécu avec un petit homme sans âme et sans aucune séduction, mort avant même d'être né, j'ai fait trois enfants qui m'ont apporté du bonheur, certes, mais je peux avouer aujourd'hui que deux d'entre eux étaient superflus.... Gaétan, je me suis toujours demandé comment ma fille pouvait vivre avec un type aussi stupide, et alors je me souviens de mon mari, et je sais." Dans sa famille, les seuls qui trouvent grâce à ses yeux sont sa fille Dorothée décédée quelques années plus tôt et sa petite fille adorée, Victoire, la fille de Dorothée, âgée de vingt ans, les seules personnes de son entourage qui ne sont pas tombées dans le conformisme qui a marqué sa vie. Dorothée, son miracle, sa comète dans le ciel, celle qu'elle aura le plus de mal à quitter mais aussi celle, la seule, qui comprendra son geste, son choix, sa liberté.
Un monologue-confession réjouissant d'une vieille femme qui fait le bilan de sa vie avant de tirer volontairement la révérence. Son franc parler est un régal, son irrévérence est délicieuse, sa lucidité assez effrayante, les passages sur sa sexualité fantasmée comparée à l'indigence de celle qu'elle a vécue avec son mari et les passages sur Bénédicte, sa sœur devenue religieuse, sont hilarants.
Dominique nous fait part du sentiment de gâchis qu'elle ressent, de la vacuité de sa vie qui lui saute au visage maintenant qu'elle sait ses jours comptés. La peur et le conformisme ont régenté sa vie, elle n'a jamais été capable de lâcher prise, a toujours eu peur du qu'en dira-t-on, obsédée par ce qui n'était pas convenable, effrayée par tout, par les jeunes...
Un roman très original sur la fin de vie. C'est drôle, piquant, vif et cruel. Le ton adopté par l'auteure contribue à rendre ce roman réjouissant. Dominique, qui par certains de ses comportements, a tout d'une tatie Danielle, interpelle le lecteur "vous vous demandez de quelle manière je vais plier mon parapluie ?", mêle cynisme, autodérision et ironie à des réflexions intéressantes sur les problématiques de notre société.
Un titre magnifique qui colle parfaitement au contenu de ce roman jubilatoire.
Citations
" Je n'ose même pas demander une crémation, encore moins une cérémonie laïque, ça ferait autant d'effet que si j'annonçais que j'ai toujours été lesbienne."
" Adieu les cons ! C'est ce que j'aimerais laisser comme note sur la table de la cuisine le soir où je tirerai ma révérence."
" Comme voulez-vous qu'un con pareil et une coincée comme moi fassent de chouettes gosses malins ? Catherine n'est pas bête du tout, seulement cela ne se voit plus très souvent."
" C'est la gravité qui a régenté ma vie imbécile, jusqu'à ce lundi, ce lundi de lumière où j'ai prononcé mes nom et prénoms dans le noir pâle qui précède l'aube. Ce fut une aube radieuse, je le sais à présent."
L'auteure
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