Cette année c'était la 8ème édition du festival "Livres à vous" du 3 au 6 novembre en pays voironnais.
Gaëlle Josse et Olivier Tallec en étaient les invités d'honneur.
Au programme : des rencontres, des expositions, des lectures musicales... Des lectures avec chauffeur, une des animations les plus emblématiques du festival : choisir, écouter une lecture installé dans une vieille voiture et repartir avec le livre...
Voici ce dont j'ai pu profiter le samedi 5 novembre.
* Une rencontre sur le thème "Migrants et déracinement : comment la littérature s'empare de ce sujet d'actualité?
Cette rencontre a réuni cinq auteures qui ont publié des textes qui résonnent avec l'actualité et a été
remarquablement menée par Olivier Cogne, directeur du le déracinement, la violence et l’exil.
Gaëlle Josse explique que l'écriture de son roman "Le dernier gardien d'Ellis Island" est partie, comme toujours pour elle, d'un ressenti.
Un fait divers tragique, en avril 2004, au cours duquel deux jeunes filles sont mortes, brûlées vives dans une caravane à Lyon, l'a également poussée à écrire ce roman sur la population nomade pendant la guerre.
Ce sont des femmes très dignes qui parlent à un journaliste, des femmes qui avancent toujours. Il y a de la lumière derrière la noirceur... L'héroïne Séraphine,
20 ans, vit dans un village à la sortie d'une forêt et découvre que son
village a été victime d'une attaque de miliciens, que tout le monde a été massacré dans ce carnage, y compris les membres de sa famille.
L'armée arrive et fait fuir les miliciens, Séraphine fait alors le choix d'entrer dans l'armée et entame une nouvelle vie en devenant une guerrière.
Il s'agit d'une enquête sur les logements insalubres de Paris, sous forme de reportage littéraire. Elle a réalisé cette enquête il y a 5 ans, à l'époque où le Maire de Paris avait pour objectif de détruire tous ces logements.
Une magnifique interprétation qui a terriblement ému le nombreux public (plus de 100 personnes) et Céline.
Gaëlle Josse explique que l'écriture de son roman "Le dernier gardien d'Ellis Island" est partie, comme toujours pour elle, d'un ressenti.
Lors d'une visite du musée de l'immigration d'Ellis Island à New York elle a été frappée par l'amoncellement de bagages exposés, des bagages qui sont de parfaits symboles de l'exil...
Gaëlle
a choisi alors d'écrire une fiction adossée sur l'histoire. Elle est en pleine écriture lorsque le
drame de Lampedusa survient, elle
est alors saisie par la similitude entre les photos de cette triste actualité et celles qu'elle avait accumulées pour étayer son roman et ne peut faire que le triste constat que rien n'a changé en 50 ans.
Pour Paola Pigani, l'origine de son roman "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures" repose sur la découverte de l'existence d'un camp près d'Angoulême où elle a passé
sa jeunesse, un camp ignoré de tous sur lequel est maintenant construit un golf.
Une simple petite stèle a été érigée en 2006.
Son texte trouve un écho particulier alors que la France vient de reconnaitre officiellement, le 29 octobre 2016, sa responsabilité dans l'internement des tziganes pendant la guerre.
Béatrice Fontanel explique que panique et détails de la vie quotidienne sont les fils rouges de son écriture. Pour son roman "Le train d'Alger" elle
s'est appuyée sur ses souvenirs de petite enfance et sur une abondante documentation. Elle explique que la panique qu'elle a vécue lors du départ d'Alger a profondément marqué sa personnalité et que, à titre d'exemple, elle se met toujours près de la sortie dans un
cinéma...
Béatrice Fontanel dit se sentir de nulle part et aimer se sentir déracinée.
Pour Céline Lapertot, c'est son intérêt pour l'Afrique et pour les violences faites aux femmes qui sont à l'origine de son roman "Les femmes dansent sous les bombes".
Ce roman sur des guerrières africaines est une fiction mais le contexte est vrai.
Pour Joy Sorman, "L'inhabitable" qui vient d'être réédité chez Gallimard est un texte de commande.
Joy Sorman a rencontré des déracinés, elle a collecté des récits de vie en suivant
Jessica, une travailleuse sociale de 25 ans. Elle est toujours restée dans son ombre, sans réaliser d'entretiens formalisés pour établir la confiance.
Ces déracinés ne voulaient en général pas qu'on les reloge même s'il leur était sans cesse répété que c'était pour leur bien, pour les mettre à l'abri...
Revenue seule sur les lieux 5 ans plus tard, Joy Sorman a revu les bâtiments mais aucune des personnes rencontrées. En effet ils étaient tous partis car ils ne pouvaient pas
prétendre à un logement dans leur immeuble réhabilité car ils n'étaient pas suffisamment inclus socialement pour bénéficier d'un
HLM.
* Une lecture-chant des femmes dansent sous les bombes de Céline Lapertot par Marianne Dedaj (chant) et Sophie Vaude (lecture) à l'école de Massieu
* Une lecture musicale de l'Ombre de nos nuits par Gaëlle Josse, accompagnée d'Agnès Pereira au violon et Hugues de Nolly au piano à la MJC de Tullins
Une vraie performance... Un texte qui se prête magnifiquement à un accompagnement musical. Un pur régal pendant une heure!
Au final, un excellent festival que j'inscris désormais sur mon agenda.
Au final, un excellent festival que j'inscris désormais sur mon agenda.
Très intéressant cette rencontre ! Des auteurs certainement passionnants à écouter...(et l'affiche du festival est magnifique)
RépondreSupprimerC'est un festival très sympa, j'ai regretté de n'avoir pu y aller qu'une seule journée.
SupprimerMerci Joëlle pour ce compte-rendu, j'aurais adoré être là, je suis de la région (Rives pour être exacte). J'avais entendu Joy Sorman parler de son roman il y a 3 ou 4 ans, avant sa réédition, et c'était à la suite de cette rencontre que j'avais dévoré plusieurs de ces romans.
RépondreSupprimerSi tu es de la région, il faut venir l'année prochaine, moi j'y serai en tout cas!
SupprimerLe titre de Joy Sorman me tente bien...
Nous avons partagé la lecture de Gaëlle Josse. J'étais aussi sur le salon le dimanche. C'est un excellent festival!
RépondreSupprimerQuel dommage qu'on n'ait pas su qu'on était au même endroit ! L'année prochaine peut-être ?
SupprimerC'est un peu loin de chez moi (je suis normande) mais si l'occasion se présente, j'y reviendrai avec grand plaisir.
SupprimerEn effet ! je croyais que tu habitais dans la région....
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