Date de parution : janvier 2016 chez Notabila
Nombre de pages : 196
Une rencontre avec Gaëlle Josse à la bibliothèque et une lecture musicale de ce texte au festival de Voiron m'ont donné envie de relire ce merveilleux roman.
Un
jour, dans un musée de Rouen, une jeune femme, dont on ne connaîtra
pas le nom, tombe en admiration devant un tableau, il s'agit de "Saint
Sébastien soigné par Irène", tableau peint par Georges de La Tour vers
1649 et qu'il destine au Roi de France.
Sur
ce tableau, le visage d'Irène est rempli d'attention et de compassion
pendant qu'elle soigne Sébastien qui a une flèche plantée dans la
cuisse.
A partir de là, Gaëlle Josse mêle deux histoires d'amour très fortes et nous associe à la réalisation de ce tableau par Georges de La Tour.
C'est un roman à lire avec le tableau sous les yeux pour détailler toutes les intentions que Gaëlle Josse prête au peintre.
Le
peintre a choisi Claude, sa fille de 15 ans, comme modèle, Marthe la
fille d'une servante porte la lanterne et Jérôme le fils de voisins
prend la pose pour Sébastien. Le maître est assisté dans sa tâche par
son fils Étienne et par Laurent, un jeune apprenti qu'il a recueilli, un
orphelin dont toute la famille a été décimée par la peste.
Georges de La Tour travaille à Lunéville en Lorraine, dans le sombre de son atelier chauffé juste par un feu dans la cheminée. "Je
ne veux plus peindre à la lumière du jour qui ne sait éclairer que
terreur et désolation... de l'obscurité émerge une étrange vérité, celle
de nos cœurs". En effet le contexte de l'époque est terrible, la région est en guerre depuis de
nombreuses années " la Mort y danse sa gigue macabre, faisant
tournoyer sa faux en tout sens, cisaillant tout ce qui se trouve sur son
passage". Tout est violence, horreur et famine "ceux qui échappent aux massacres et au gibets sont rattrapés par la faim ou la peste".
Claude à qui son père dit "pense à ce que tu as de plus cher" pour
exprimer l'attitude et les sentiments qu'il recherche n'a pas de
difficulté à exprimer la mélancolie qu'elle ressent en pensant à ses
sentiments pour un jeune homme...
Ce tableau que la jeune femme admire dans le musée exhume ses souvenirs. Elle se retrouve plongée dans sa douloureuse histoire d'amour
avec un homme qu'elle a follement aimé mais qui vivait avec le fantôme
de Lucia, sa femme qui l'avait quitté. Lucia, créatrice de tissus, était
une femme très belle, "flamboyante et
altière". Cet homme était accablé de tristesse, sujet à des vagues d'accablement et trouvait souvent
refuge dans la nuit et l'alcool. "Te guérir d'elle. Te sauver de toi-même, car je te voyais dériver, tanguer et je craignais ton naufrage".
Gaëlle
Josse a eu l'originale et merveilleuse idée d'entrelacer ces deux
histoires d'amour à des époques très éloignées et de nous faire vivre la
création de ce tableau pour lequel le peintre recherche sans cesse la
vérité des expressions et la justesse des attitudes. L'époque est
également formidablement retracée.
Le
sujet est certes original mais surtout l'écriture est poétique, lumineuse, en un mot sublime. Il y a vraiment beaucoup de finesse et de sensibilité dans ce roman.
Un livre éblouissant pour les amoureux des mots !
Citations
" Je peins le ravissement, l'oubli du monde, dans un bras tendu, une main posée. Je peins l'être qui se laisse atteindre dans des régions de lui-même ignorées. Sa meilleure part."
Un livre éblouissant pour les amoureux des mots !
Citations
" Je peins le ravissement, l'oubli du monde, dans un bras tendu, une main posée. Je peins l'être qui se laisse atteindre dans des régions de lui-même ignorées. Sa meilleure part."
"Dès les premiers temps de notre rencontre, les parois de ma vie firent preuve d'une singulière élasticité. Mon centre de gravité s'était déplacé de lui-même."
"Tout ce que les hommes ont inventé, tout ce qu'on nomme civilisation ou culture, ne sert qu'à tenir en laisse notre part sauvage, notre fulgurante envie, par moments, de dépecer l'autre et de dévorer son cœur encore palpitant."
"On ne sait pas ce qu'on est capable de donner, ni tout l'amour que l'on porte au fond de soi, tant que personne ne vous donne envie d'aller le chercher."
L'auteur
Gaëlle Josse est née en 1960. Après des études de droit, de journalisme, de psychologie et quelques
années passées en Nouvelle-Calédonie, elle travaille à Paris
comme rédactrice dans un magazine. Elle anime
également des formations d'adultes autour de l'expression écrite et
orale ainsi que des rencontres autour de l'écoute d'œuvres musicales et des ateliers d'écriture auprès d'enfants et d'adultes.
Son premier roman, "Les heures silencieuses", est paru en janvier 2010. Suivront "Nos vies désaccordées" et " Noces de neige".
En 2015, elle est finaliste du Prix des libraires et lauréate du Prix de littérature de l'Union Européenne, du Prix de l'Académie de Bretagne et de nombreux prix de médiathèques pour son roman "Le dernier gardien d'Ellis Island".
"L'ombre de nos nuits" est son 5ème roman.
Son premier roman, "Les heures silencieuses", est paru en janvier 2010. Suivront "Nos vies désaccordées" et " Noces de neige".
En 2015, elle est finaliste du Prix des libraires et lauréate du Prix de littérature de l'Union Européenne, du Prix de l'Académie de Bretagne et de nombreux prix de médiathèques pour son roman "Le dernier gardien d'Ellis Island".
"L'ombre de nos nuits" est son 5ème roman.
Carrément un coup de coeur ! Ok, ok, je le ressors de ma pile :-)
RépondreSupprimerCarrément un indispensable, oui !
SupprimerUne très belle écriture et beaucoup de finesse, en effet. Le plus accompli des romans de Gaëlle Josse que j'ai lus.
RépondreSupprimerJe n'avais lu que le dernier gardien d'Ellis Island avant ce roman. J'ai trouvé l'écriture beaucoup plus poétique et aboutie ici.
SupprimerJe suis tout à fait d'accord avec toi. Moi, j'ai lu Le dernier gardien d'Ellis Island et Les heures silencieuses.
RépondreSupprimerJ'ai prévu de lire les heures silencieuses dont je n'entends que du bien.
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