Nombre de pages : 352
Jean Farel, soixante-dix ans, est un célèbre journaliste politique obsédé par son image, un homme de pouvoir qui contrôle tout. Sa femme Claire, de vingt-sept ans sa cadette, est une brillante essayiste engagée dans la cause du féminisme. Leur fils Alexandre, vingt et un ans, est un brillant étudiant qui poursuit ses études aux Etats-Unis. Mais tout cela n'est qu'apparence : Jean mène une double vie, Alexandre est plus fragile qu'il n'y parait et Claire tombe amoureuse d'Adam.
Claire et Adam s'installent ensemble. Les filles d'Adam partent vivre aux Etats-Unis avec leur mère qui intègre rapidement le milieu juif ultra religieux. A l'occasion d'un séjour d'Alexandre à Paris, il croise Mila la fille d'Adam, dix-huit ans, également de passage chez son père. Une soirée ensemble chez des copains du jeune homme, de l'alcool, de la drogue, un jeu de bizutage... et le drame arrive.. Le lendemain Mila dépose une plainte contre Alexandre l'accusant de l'avoir violée. La machine médiatique et judiciaire va alors se mettre en route. Deux ans plus tard se tient le procès d'Assises alors que, six mois plus tôt, a éclaté l'affaire Weinstein, producteur américain accusé d'abus sexuels par des actrices renommées. Le mouvement MeToo et Balance du porc est à son apogée.
Karine Tuil s'inspire ici de l'affaire Stanford, le viol d'une étudiante sur le célèbre campus américain en 2016, une affaire devenue le symbole de la lutte contre les agressions sexuelles. La condamnation jugée trop clémente ainsi que des propos du juge et du père de l'accusé avaient déclenché une polémique à retentissement international.
Ce roman ne m'a pas convaincue car Karine Tuil entoure cette histoire d'une quantité impressionnante de faits d'actualité plus ou moins récents, l'affaire Monica Lewinsky (Claire a été stagiaire à la maison Blanche en même temps qu'elle), les agressions sexuelles de Cologne, l'attentat dans une école juive à Toulouse (Mila y était scolarisée au moment du drame)... Si certains de ces événements ont un intérêt pour comprendre la psychologie des personnages, comme l'attentat de Toulouse qui a fortement traumatisé Mila, d'autres ne présentent aucun intérêt dans cette histoire, j'ai eu l'impression d'un vrai fourre-tout... Les questions de l'antisémitisme, de la collusion entre hommes politiques et journalistes, de l'islamophobie, du tribunal médiatique dans les médias et sur les réseaux sociaux, du vieillissement et de l'euthanasie entre autres sont évoquées sans jamais être approfondies servant de toile de fond à un portrait de notre société actuelle livré brut. Les personnages sont bien campés même si certains comportements semblent parfois assez caricaturaux, l'écriture est plus ordinaire que je ne l'aurai imaginé chez cette auteure renommée que je découvre avec ce livre.
Ce roman a toutes les recettes du page-turner, la construction le rend addictif mais le sujet aurait mérité un traitement plus fin, plus approfondi et un regard moins distancié. La lecture de ce roman montre que dans une histoire d'agression sexuelle il n'y a pas qu'une seule vérité, que la parole de l'un s'oppose parfois à la parole de l'autre, que la question du consentement et de l'abus de pouvoir sont difficiles à prouver mais tout cela on le savait déjà... Bref j'attendais beaucoup plus de ce roman, ses allures d'article de presse me laissent sur un avis bien mitigé.
Ce roman fait partie de la première sélection du prix Goncourt
L'auteure
Romancière et dramaturge, Karine Tuil est née en 1972. Elle est l'auteure de neuf romans, dont "La domination", "Six mois, six jours" et "L'invention de nos vies", tous trois sélectionnés pour le prix Goncourt.
Ce roman fait partie de la première sélection du prix Goncourt
L'auteure
Romancière et dramaturge, Karine Tuil est née en 1972. Elle est l'auteure de neuf romans, dont "La domination", "Six mois, six jours" et "L'invention de nos vies", tous trois sélectionnés pour le prix Goncourt.
Mitigée, moi aussi. Pourtant, j'avais beaucoup aimé ses précédents livres. Mais, en effet, j'ai l'impression qu'elle a trop cherché à coller à l'actualité, sans donner une vraie dimension romanesque qui aurait permis de s'extraire de cette matière pour prendre de la hauteur sur ce sujet ô combien sensible et important.
RépondreSupprimerComme j'ai pu le lire par ailleurs j'ai eu moi aussi parfois l'impression de lire un article de presse plus qu'un roman. J'attendais beaucoup plus de cette auteure...
SupprimerJe ne l'ai pas trouvé fourre-tout, j'ai adoré :-) un page turner oui, mais pas seulement pour moi. Je le trouve parfaitement réussi, mais je vois bien que les avis sont mitigés ...
RépondreSupprimeroui, j'ai l'impression que c'est un livre qui divise et j'adore quand on n'est pas tous d'accord...
Supprimerj'ai tellement détesté "L'Invention de nos Vies" que je fais l'impasse sur l'oeuvre de l'auteure...
RépondreSupprimerC'est la première fois que je la lis et je suis bien déçue... Je lui donnerai quand même une autre chance un jour...
Supprimer100 pages et j'abandonne, trop confus pour moi.
RépondreSupprimerChantal.
Je peux le comprendre tellement elle accumule de faits sans rapport les uns avec les autres...
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