Nombre de pages : 240
Grâce à la lutte acharnée d’un
groupe d’écologistes, la Tamassée, rivière frontière entre la Caroline du Sud
et la Géorgie, a obtenu le Label « rivière sauvage ». Y toucher, en détourner le cours naturel est une
violation de la loi fédérale, c’est la dernière rivière de l’état qui coule
librement.
Ruth, une fillette de 12 ans, se
noie dans cette rivière, sa famille n’ayant pas pris conscience du danger du cours d’eau.
Les recherches du corps par les équipes de secours locales restent
infructueuses, les parents de Ruth tiennent absolument à récupérer le corps
pour faire leur deuil, la mère mettant en avant ses convictions religieuses,
ils font alors appel à un entrepreneur qui veut poser un barrage mobile sur la rivière
pour récupérer le corps.
Les écologistes pensent que cela constituerait un précédent et « qu’une fois qu’on aura violé la loi, on aura
ouvert la voie à toutes sortes d’autres exceptions, y compris celle qui vise
les promoteurs immobiliers » et que « Le
corps de la fillette appartient maintenant à la Tamassée, à l’instant même où
elle s’est avancée dans les hauts fonds
elle a accepté la rivière selon ses conditions. C’est ça, la nature
sauvage, la nature selon ses conditions pas les nôtres, et il n’y a pas
d’entre-deux »
S’ensuit alors un débat très
animé entre écologistes qui refusent qu’on viole la loi fédérale, la famille de
Rush qui s’appuie sur de nombreux soutiens politiques et les habitants du coin qui connaissent mieux
que personne leur région et qui pensent souvent
qu’«on se préoccupe peut-être un
peu trop de la rivière et pas assez des
gens».
Le père de Ruth ne manifeste que mépris
envers les habitants de la région qu’il dénomme les « cul terreux », c’est un patron inflexible qui a l’habitude de
commander et de se faire obéir.
Ron Rash développe ici une
situation complexe sur le plan moral, il ne prend pas parti et nous laisse libre de décider, il
donne tous les arguments pour et contre. La Tamassée est une rivière imaginaire
mais j’ai entendu Ron Rash indiquer dans une interview que cette question
pourrait être d’actualité en ce moment dans certaines régions des États-Unis.
Outre ce débat moral, ce roman
parle du deuil (peut-on faire son deuil sans avoir récupéré le corps ?) et
de culpabilité.
J’ai aimé l’histoire, le sujet fort
qui nous fait nous poser une foule de questions, prendre position mais aussi
changer d’avis au cours du récit. J’ai aussi aimé l’écriture de Ron Rash qui
nous décrit à merveille, sans descriptions
fastidieuses, la rivière, la région et l’âme de ses habitants. Il fait
de la Tamassée un personnage à part entière du roman.
Cependant je n’ai pas eu de coup
de cœur pour ce roman car j’ai trouvé que les positions extrémistes des
différents partis en présence nuisaient à leur crédibilité et que le traitement
du sujet aurait gagné avec des positionnements moins tranchés. J’ai ,par exemple, trouvé complètement
invraisemblable l’acharnement de l’entrepreneur à poser un nouveau barrage
mobile lors de la cérémonie religieuse au bord de la rivière.
C’est le premier roman de Ron
Rash que je lis et n’ai donc pas de point de comparaison avec ses autres
ouvrages mais son écriture et la thématique abordée m’ont donné envie de lire
d’autres romans de cet auteur.
Ron Rash est un écrivain, poète et nouvelliste, auteur de romans policiers né en 1953.
Il a exercé la profession d'enseignant.
Il a écrit des recueils de poèmes, des recueils de nouvelles et des romans, dont un pour enfants, tous lauréats de plusieurs prix littéraires.
14eme contribution au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo
dans la catégorie SPECTACLE
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