Date de parution : mai 2016 chez Actes Sud
Nombre de pages : 139
Prix Goncourt du premier roman 2016
Guillotiné au nom de la raison d’État
Ce roman relate l'histoire vraie de Fernand Iveton, ouvrier tourneur dans une usine d'Alger et militant communiste français d'Algérie, anticolonialiste. C'est le seul européen exécuté lors de la guerre d'Algérie.
Le 14 novembre 1956, Fernand est l'auteur d'une tentative de sabotage : il cache une bombe dans un local désaffecté de son usine, son objectif est purement matériel, il a clairement exprimé son souci de ne tuer personne et a demandé que la bombe soit réglée pour exploser après le départ des ouvriers. Mais repéré par un contremaître, il est arrêté avant l'explosion de la bombe qui, désamorcée, ne causera aucun dégât, aucune victime.
Le récit raconte son arrestation, les interrogatoires, les séances de torture qu'il subit au commissariat central d'Alger, son procès devant un tribunal militaire, défendu par deux avocats commis d'office, sa condamnation à mort le 24 novembre sous les applaudissements du public. Une affaire réglée en seulement 10 jours, des avocats qui n'auront pas eu le temps de préparer correctement sa défense... Puis ce sera le séjour en prison durant trois mois, la demande de grâce au président Coty.
Au fil du récit, à coup de réguliers flashbacks, Joseph Andras nous relate sa rencontre avec sa femme Hélène, la mort de son ami Henri qui sera déterminante pour son engagement...
Hélène perd immédiatement son travail suite à l'arrestation de son mari mais c'est une femme extrêmement forte et courageuse, une tigresse, qui met un point d'honneur à ne montrer aucune faiblesse au procès même à l'annonce du verdict, elle ne s'autorise à s'écrouler en pleurs qu'une fois arrivée chez elle. Fernand est aussi très courageux, en prison il lit les Misérables, apprend l'arabe avec ses co-détenus et reste confiant, certain qu'un mouvement va monter dans l'opinion française pour le défendre, certain d'être gracié. Il est cependant hanté par la culpabilité d'avoir dénoncé deux de ses amis sous la torture.
C'est une histoire que, pour ma part, je ne connaissais pas et que j'ai trouvée passionnante. On y voit l'absence de soutien du parti communiste français, le silence de l’État, un jugement prononcé non pour un acte commis mais pour ceux perpétrés par d'autres, la raison d’État qui prime lorsque le président de la République René Coty et le garde des sceaux François Mitterrand refusent la grâce. Il semblerait que Mitterrand ait eu à cœur de se racheter en abolissant la peine de mort dès son arrivée au pouvoir...
C'est un récit pour lequel l'auteur a dû beaucoup se documenter mais le texte ne croule pas sous la documentation. On sent l'empathie de l'auteur pour Fernand mais il ne tombe jamais dans le pathos. C'est très bien écrit, fort, très poignant et absolument révoltant.
Joseph Andras, lauréat du prix Goncourt du premier roman 2016, a refusé ce prix.
Citations
"La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l'amitié entre Français et Algériens se ressoudera."
L'auteur
Né en 1984, Joseph Andras vit en Normandie et voyage beaucoup à l’étranger.
De nos frères blessés est son premier roman.
Au fil du récit, à coup de réguliers flashbacks, Joseph Andras nous relate sa rencontre avec sa femme Hélène, la mort de son ami Henri qui sera déterminante pour son engagement...
Hélène perd immédiatement son travail suite à l'arrestation de son mari mais c'est une femme extrêmement forte et courageuse, une tigresse, qui met un point d'honneur à ne montrer aucune faiblesse au procès même à l'annonce du verdict, elle ne s'autorise à s'écrouler en pleurs qu'une fois arrivée chez elle. Fernand est aussi très courageux, en prison il lit les Misérables, apprend l'arabe avec ses co-détenus et reste confiant, certain qu'un mouvement va monter dans l'opinion française pour le défendre, certain d'être gracié. Il est cependant hanté par la culpabilité d'avoir dénoncé deux de ses amis sous la torture.
C'est une histoire que, pour ma part, je ne connaissais pas et que j'ai trouvée passionnante. On y voit l'absence de soutien du parti communiste français, le silence de l’État, un jugement prononcé non pour un acte commis mais pour ceux perpétrés par d'autres, la raison d’État qui prime lorsque le président de la République René Coty et le garde des sceaux François Mitterrand refusent la grâce. Il semblerait que Mitterrand ait eu à cœur de se racheter en abolissant la peine de mort dès son arrivée au pouvoir...
C'est un récit pour lequel l'auteur a dû beaucoup se documenter mais le texte ne croule pas sous la documentation. On sent l'empathie de l'auteur pour Fernand mais il ne tombe jamais dans le pathos. C'est très bien écrit, fort, très poignant et absolument révoltant.
Joseph Andras, lauréat du prix Goncourt du premier roman 2016, a refusé ce prix.
Citations
"La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l'amitié entre Français et Algériens se ressoudera."
L'auteur
Né en 1984, Joseph Andras vit en Normandie et voyage beaucoup à l’étranger.
De nos frères blessés est son premier roman.
10ème lecture parmi les vingt premiers romans sélectionnés en phase 1 des 68 premières fois
Il a l'air intéressant. J'ai su que l'auteur avait refusé le prix mais je n'en connais pas la raison.
RépondreSupprimerIl est excellent...Je trouve ça bizarre cette histoire de refuser le prix mais on ne sait sans doute pas tout...
SupprimerJe viens de le terminer, c'est vraiment très fort...
RépondreSupprimerConcernant son refus, il a expliqué dans une lettre qu'il ne concevait pas que la littérature puisse faire l'objet d'une compétition.
Pas surprise qu'il t'ai plu ! Un très beau Goncourt (même refusé)
SupprimerSa façon de refuser le Prix Goncourt, ses explications me donnent encore davantage envie de lire ce livre. Et ton avis me conforte dans cette idée.
RépondreSupprimerUn livre marquant qui ne peut que te plaire
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