jeudi 8 juin 2017

Leur séparation de Sophie Lemp



Date de parution : 7 septembre 2017 chez Allary Éditions
Nombre de pages : 90

C'est grâce à la masse critique de Babélio que j'ai reçu les épreuves non corrigées de ce récit qui ne paraitra qu'en septembre.

Dans ce récit autobiographique, Sophie Lemp se penche, 28 ans après, sur la façon dont elle a vécu la séparation de ses parents.

Un samedi de janvier 1989 le monde s'écroule pour Sophie alors âgée de 10 ans, ce qu'elle redoutait le plus arrive : ses parents se séparent, elle a espéré jusqu'au bout... C'est la première douleur dont elle se souvient alors qu'elle a pourtant vécu des douleurs, des deuils dans sa famille.

Pour écrire ce texte Sophie Lemp fait remonter ses souvenirs, analyse des photos et relit les carnets que lui a laissés sa grand-mère maternelle à sa mort, elle se plonge aussi dans les textes d'autres écrivains qui ont vécu la même épreuve.

Elle évoque la surprise de voir ses parents devenir à ses yeux un homme et une femme et non plus seulement ses parents, la sensation de ne pas être comme les autres car il y a peu d'enfants de divorcés autour d'elle, le sentiment de colère qui l'étreint "Je les déteste tous les deux de n'être pas capables, pour moi, de se parler.", de la culpabilité ressentie avec l'impression de trahir l'un quand elle est bien avec l'autre " Il y a toujours une part de moi près de celui avec lequel je ne suis pas" , la peur qu'ils souffrent de solitude, surtout son père, le souvenir de la douceur de la vie à trois qu'elle a bien conscience d'idéaliser, le souvenir du silence qui s'est installé de plus en plus entre ses parents et de sa volonté de petite fille de croire que tout allait s'arranger, le souvenir du dernier été passé ensemble, la perte du lien du quotidien avec son père et la nécessaire réadaptation quand chacun refait sa vie avec une nouvelle place si difficile à trouver.

J'ai été particulièrement touchée par une des dernières phrases de Sophie Lemp "Comme un jour j'ai cessé de dire "mes parents", je ne dirai jamais à mes filles "vos grands-parents"" qui évoque ainsi l'impossibilité de ses parents de tenir le rôle de grands-parents dont elle rêve. Répercussions par ricochet de leur séparation...

A aucun moment Sophie Lemp n'évoque le pourquoi de la séparation de ses parents, elle reste tout au long de son récit sur la ligne qu'elle s'est fixée : raconter comment elle a vécu cette séparation. "Ne pas chercher à être au plus près de ce qui a eu lieu mais de ce que j'ai vécu."
J'ai été touchée par ce récit pudique, intime, délicat et très sensible qui dévoile une blessure d'enfance qui ne semble toujours pas refermée. Elle montre les conséquences d'une séparation qui pourtant s'est passée dans de bonnes conditions, sans heurts.
Explorant ses ressentis de petite fille et ceux de la femme qu'elle est devenue Sophie Lemp donne à son texte une dimension universelle sans jamais tomber dans l'apitoiement. 
C'est un écrit qui lui permet, comme elle le dit si bien, de réunir ses parents.

Merci à Babélio et à Allary Editions pour cette lecture en avant-première.


Citations
"C'est ce qui les rapproche qui m'importe. J'aime qu'ils aient lu le même livre, qu'ils envisagent de faire le même voyage, qu'ils aient la même réaction face à un évènement, qu'ils utilisent la même expression."

"C'est forte de mon enfance, de nos trajets en voiture, de nos voyages en Italie, de nos rires, que j'ai surmonté cette séparation"



L'auteure


Sophie Lemp est née en 1979 à Paris. Après avoir été comédienne, elle est désormais adaptatrice et auteur à France Culture. Elle a publié son premier texte "Le Fil" en 2015.



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