Date de parution : août 2017 chez Julliard
Nombre de pages : 648
Philippe Jaenada a entendu parler d'Henri Girard par son ami Manu, père d'un copain de son fils. Henri Girard, grand-père de Manu, a écrit "Le salaire de la peur" sous le pseudonyme de Georges Arnaud publié chez Julliard, maison d'édition que Philippe Jaenada connaît bien. Mais c'est surtout un homme qui a été soupçonné en octobre 1941 d'avoir massacré à coups de serpe son père, sa tante et la bonne dans le château familial d'Escoire dans le Périgord, Henri avait alors vingt-quatre ans. Seul survivant dans un château dont toutes les portes étaient fermées et où aucune effraction n'a été constatée, Henri était le seul héritier et deux jours plus tôt, il avait emprunté l'arme du crime aux
gardiens du château. Pourtant, défendu par Maurice Garçon, un grand avocat parisien, il sera acquitté au terme d'un procès retentissant. C'est donc à un fait-divers sordide jamais élucidé et à un personnage pour le moins antipathique que s'attaque l'auteur qui s'est plongé dans les archives de l'affaire et a reconstitué l'enquête.
Intéressé par le profil ambigu de cet homme, Philippe Jaenada part mener son enquête minutieuse, ainsi en parallèle, une autre histoire se déroule sous nos yeux : celle du détective Philippe Jaenada qui mène ses recherches en 2016. De plus, cet auteur à nul autre pareil, parsème son récit d'informations sur Sulak et Pauline Dubuisson, les deux personnages de ses précédents romans dont il nous donne ainsi des nouvelles. Car Philippe Jaenada est le roi des digressions, il parvient même à placer des parenthèses à l'intérieur de parenthèses...
Philippe Jaenada déroule d'abord la vie d'Henri avant d'en venir au crime. Henri, né en 1917, perd sa mère, atteinte de tuberculose alors qu'il n'a que neuf ans. Ses grands-parents paternels qui n'ont jamais accepté le mariage refusent de contribuer à payer les frais de séjour en sanatorium, Henri sera élevé par son père Georges, un homme perdu qui n'a pas appris à être père. Un drame qui explique la colère permanente qui habite Henri. D'un physique ingrat, maladif, il se comporte en enfant gâté et colérique, il mène la grande vie, entretenu par son père. Après
guerre et après son acquittement, alors que
l'opinion publique reste convaincue de sa culpabilité, Henri s'exile au
Vénézuela où il devient chercheur d'or. Il rentre en France en 1950 avec le manuscrit du "Salaire de la peur" puis devient une grande personnalité du monde culturel, riche et
célèbre après avoir dilapidé la fortune familiale. C'est un homme qui a eu mille vies, s'est marié quatre fois et a eu quatre enfants. Haut
en couleurs, il a eu une vie incroyable " il ne mue, instantanément, qu'en anéantissant la fortune familiale, et se transforme en nomade combatif
qui ne possède rien et vient en aide à ceux qui en ont besoin". Autant il était provocateur et cynique, en un mot extrêmement antipathique avant le crime, autant il devient sympathique ensuite notamment quand il lutte contre certaines injustices.
J'ai adoré ce roman pour de multiples raisons. La première est certainement la découverte de Philippe Jaenada, écrivain hors normes qui se met en scène avec un sens de l'auto dérision et un humour incroyables. Ses digressions sur sa famille, son fils, ses petites habitudes, les scènes désopilantes qu'il nous raconte (comme celle du restaurant chinois) m'ont vraiment amusée et ont contribué à alléger le récit d'une histoire bien sordide. Philippe Jaenada possède un réel talent de conteur, même si de temps en temps il doit faire appel à Balzac pour l'aider à être clair dans ses descriptions...
J'ai adoré ce roman pour de multiples raisons. La première est certainement la découverte de Philippe Jaenada, écrivain hors normes qui se met en scène avec un sens de l'auto dérision et un humour incroyables. Ses digressions sur sa famille, son fils, ses petites habitudes, les scènes désopilantes qu'il nous raconte (comme celle du restaurant chinois) m'ont vraiment amusée et ont contribué à alléger le récit d'une histoire bien sordide. Philippe Jaenada possède un réel talent de conteur, même si de temps en temps il doit faire appel à Balzac pour l'aider à être clair dans ses descriptions...
Par ailleurs, j'ai trouvé ce fait-divers vieux de 75 ans intéressant, le jugement qui a suivi pour le moins surprenant, le personnage d'Henri Girard assez fascinant et l'enquête minutieuse menée par Philippe Jaenada passionnante. Il a cherché à comprendre qui était vraiment Henri Girard derrière ses apparences de mauvais garçon et a mené une enquête très rigoureuse à la recherche du moindre détail, de la moindre incohérence aboutissant à des questions pertinentes et pleines de bon sens. Il nous raconte une enquête qui nous tient en haleine, qui nous plonge dans la France de Vichy et qui nous fait croiser, entre autres, Léo Ferré et Henri Charrière, le légendaire Papillon.
Philippe Jaenada a écrit un livre passionnant sur un crime sordide et sur un personnage aux multiples facettes et a abouti à des conclusions qui interpellent.
Philippe Jaenada a écrit un livre passionnant sur un crime sordide et sur un personnage aux multiples facettes et a abouti à des conclusions qui interpellent.
Un régal !
Par contre Jostein n'est pas tombée sous le charme de Philippe Jaenada
Ce roman est sélectionné pour les prix Goncourt, Renaudot, Fémina et Interallié.
L'auteur
Philippe Jaenada a grandi à Saint-Germain-en-Laye, puis est arrivé à
Paris au milieu des années 1980 où il enchaîne les petits boulots
pendant plusieurs années.
Sa première nouvelle est publiée en 1990 dans L'Autre Journal. Les sept
premiers romans de Philippe Jaenada sont d'inspiration autobiographique. Il se tourne vers le fait divers dans
ses huitième et neuvième ouvrages: Bruno Sulak et Pauline Dubuisson,
tout en conservant son style caractéristique.
"Le Chameau sauvage" obtient le Prix de Flore 1997 et a été adapté au cinéma sous le titre
"A+ Pollux".
"Sulak" a reçu le Grand Prix des Lycéennes de Elle 2014.
32ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017
Je suis bien décidée à le lire, surtout après ma rencontre et des échanges fructueux ce week-end avec son auteur Philippe Jaenada au salon du livre de Gradignan.Cet écrivain est si abordable et si intéressant qu'il m'a donné l'envie de lire tout ce qu'il a écrit alors qu'a priori, je suis peu portée sur ce genre de littérature. En attendant, j'ai hâte de découvrir La Serpe!
RépondreSupprimerIl est extrêmement sympathique, je l'ai vu deux fois en septembre et à chaque fois ce fut un vrai plaisir. Je pense que La serpe est un bon titre pour le découvrir.
SupprimerBonne lecture Karine
Ravie de partager ton enthousiasme! J'ai adoré!
RépondreSupprimerIl ne fait cependant pas l'unanimité, je crois que c'est le genre d'auteur qu'on adore ou qu'on déteste, pas de juste milieu...
Supprimeril a rejoint ma PAL, on verra quand j'aurais suffisamment de temps à lui consacrer!
RépondreSupprimerLes PAL ne désemplissent pas...
SupprimerC'est un pavé mais il se lit très facilement.
Je mets un lien vers ta chronique pour tempérer mon avis bien moins élogieux
RépondreSupprimerExcellente idée, je ferai de même dès que tu auras publié la tienne.
SupprimerRavie que nos billets, publiés le même jour, soient aussi élogieux!
RépondreSupprimerOn est toutes les deux tombées sous le charme de Jaenada... Quel écrivain incroyable et quel homme !
Supprimer