Date de parution : 17 août 2017 aux éditions Héloïse d'Ormesson
Nombre de pages : 544
Lu avant sa parution cet été, j'ai relu ce roman une deuxième fois (ce que je fais très exceptionnellement) et j'ai pu ainsi en savourer les multiples détails.
Gaëlle Nohant nous offre ici une biographie romancée de Robert Desnos, le "dormeur éveillé" né en 1900 et décédé en 1945. Elle dit avoir pour ambition de "rejoindre la vérité par le biais de la fiction, ou en tout cas une vérité possible". Le récit couvre la période de la vie de Desnos de 1928 à 1945, date de la disparition du poète mort du typhus dans un camp de concentration en 1945.
Gaëlle Nohant nous fait découvrir un homme aux multiples vies qui a été écrivain, poète, journaliste, parolier de cinéma, pionnier à la radio en modernisant les slogans publicitaires, créateur de Fantômas et de sketches pour la radio, interprète de rêves, chroniqueur littéraire et enfin résistant. Cet homme, né dans le quartier de la Bastille, qui se définit comme un enfant des Halles, est à la fois rêveur, lucide et provocateur. C'est un humaniste épris de justice et de liberté, un homme engagé aux fortes convictions qui a toujours transformé sa colère en énergie en écrivant et en agissant.
Ce roman nous mène du Surréalisme des Années Folles à la période de l'Occupation et de la Résistance en passant par le Front Populaire et la montée des extrémismes en Espagne et en Allemagne... Une vraie page d'histoire ! J'ai été émue de découvrir que le fameux poème connu de tous "une fourmi de 18 mètres" comportait deux niveaux de lecture car Desnos y dénonce les pratiques du IIIe Reich.
De plus, le récit de la vie intense et tumultueuse de cet homme passionné nous entraine dans le sillage d'Aragon, Breton, Prévert, Cocteau, Pablo Neruda, Federico Garcia Lorca, Antonin Arthaud, Jean Louis Barrault, Hemingway, Eluard, Picasso, Sartre... Nombreux et célèbres furent ses compagnons de route et Gaëlle Nohant nous offre un voyage dans le milieu artistique et littéraire du début du XXème siècle.
Ce roman relate également le Desnos amoureux, son amour impossible pour Yvonne puis son grand amour pour Youki, sa Sirène, "Pour aimer il a besoin de souffrir ". A la fin du récit Gaëlle Nohant se glisse dans la peau de cette femme que Desnos a aimé par-dessus dans une partie que j'ai trouvé poignante, Youki y relate les derniers mois de la vie de Desnos.
J'ai aimé ce roman pour son aspect historique, pour la découverte d'un homme que je ne connaissais que de nom et pour une écriture élégante et poétique. Pourtant assez peu sensible à la poésie et au monde des poètes, cette biographie m'a passionnée, malgré un petit bémol sur la première partie du récit qui couvre une période de vie de fête et d'alcool un peu lassante. Gaëlle Nohant m'a fait aimer cet homme terriblement attachant et épris de liberté qui a toujours lutté contre l’injustice et a toujours voulu rendre la culture accessible à tous. Un homme entier, engagé, révolté et visionnaire.
L'admiration de Gaëlle Nohant pour Robert Desnos transparait tout au long de ce roman très vivant et foisonnant pour lequel elle a fourni un gigantesque travail de documentation. Il en résulte un magnifique hommage pour un homme dont j'ai maintenant envie de découvrir l’œuvre.
Cerise sur le gâteau, Gaëlle Nohant a eu la jolie idée de parsemer son roman de poèmes de Desnos toujours judicieusement positionnés.
Ce roman a été sélectionné pour le prix du roman Fnac, le prix Landernau et pour le grand prix de l'Académie française. Il est encore en lice pour le prix du style et le Grand prix des lectrices Elle.
Un grand merci à Valentine et aux Éditions Héloïse d'Ormesson pour l'envoi de ce roman
Beaucoup partagent mon enthousiasme : Virginie, Nicole, Nath et Dominique
Citations
" Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous"
" La jalousie n'est-elle pas l'amertume qui reste quand tout ce qui était doux s'est étiolé ? "
" La liberté, la seule patrie qui mérite qu'on meure pour elle"
" Quand j'ai réalisé que tu étais vraiment mordu, j'ai voulu te détacher de moi. Je te battais froid, passais mes nuits avec d'autres... mais rien n'y faisait, tu t'accrochais. Tu étais plus têtu que moi. Ce que j'ai pu être rosse avec toi, quand j'y pense. Ce qui m'est le plus douloureux, c'est d'avoir gaspillé tout ce temps à refuser d'admettre que je t'aimais." (Youki)
L'auteure
36ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017
J'ai justement regardé en replay hier soir LGL consacré à l'histoire, avec notamment Gaelle Nohant - j'ai beaucoup aimé son intervention et ton coup de coeur ne fait que m'inciter à lire d'urgence ce livre!
RépondreSupprimerGaëlle est tellement passionnée quand elle parle de Desnos que je ne suis pas surprise qu'elle t'ait donné envie. Tu n'as plus qu'à foncer !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé ce livre :)
RépondreSupprimerCroisons les doigts pour le Grand prix Elle !!!
SupprimerC'est mon plus gros coup de cœur de cette rentrée littéraire. Après avoir prêté mon exemplaire (qui a du mal à revenir), j'en ai offert un aujourd'hui.
RépondreSupprimerUn très beau livre à offrir en effet.
Supprimertotal rejet de ma part...
RépondreSupprimercomme je te l'ai dit à Nancy je pense que tu l'as abandonné trop tôt
SupprimerJe comprends ton coup de cœur ! Je suis à mi-chemin et il est absolument bluffant !
RépondreSupprimerTu n'as donc pas fini de te régaler, il est magnifique
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