mercredi 14 août 2019

Une joie féroce de Sorj Chalandon

Date de parution : 14 août 2019 chez Grasset
Nombre de pages : 320

La parution d'un nouveau livre de Sorj Chalandon est toujours un petit évènement pour moi qui ai lu et aimé tous ses ouvrages, malheureusement ce nouveau livre au titre pourtant très prometteur m'a énormément déçue.

Jeanne 39 ans libraire passionnée de trente-neuf ans. Son mari Matt est devenu très distant depuis la mort de leur fils, elle vit dans l'angoisse qu'il la quitte. C'est une femme appréciée de tous qui sait écouter les autres et qui a toujours peur de déranger, transparente c'est une parfaite image de la discrétion et de l'abnégation.

Sa vie bascule lorsqu'elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer du sein. Elle ne trouve aucun soutien auprès de Matt qui, au contraire, éprouve du dégoût pour le corps malade de sa femme et fuit. Cette épreuve est trop difficile pour lui, il dit à sa femme qu'il "n'aura pas le courage", les souffrances de ses propres parents morts du cancer lui ont suffi.... Jeanne va alors partir en guerre contre ce qui la ronge. Cette maladie va la transformer en rebelle.

Dans la salle d'attente de chimio Jeanne rencontre Brigitte, puis Assia et Mélody, ses "sœurs de cancer" avec qui elle se lie d'amitié. Assia, la compagne de Brigitte, va venir se joindre à ce trio. Toutes partagent maladie et solitude, toutes sont en mal d'un enfant. Pour aider l'une de ses nouvelles amies, Jeanne va alors être capable de faire des choses dont elle ne se serait jamais cru capable découvrant l'insoumission et l'illégalité. " C'est l'histoire de quatre femmes. Elles se sont aventurées au plus loin. Jusqu'au plus obscur, au plus dangereux, au plus dément. Ensemble, elles ont détruit le pavillon des cancéreux pour élever une joyeuse citadelle." 

Après un premier chapitre surprenant qui révèle l'implication de l'héroïne dans un hold-up, le roman relate le parcours d'une femme atteinte d'un cancer du sein, un parcours classique un peu survolé qui cependant sonne juste malgré quelques clichés. Sorj Chalandon brosse le portrait (encore survolé) d'un mari complètement caricatural qui disparaît très vite de la circulation. Malheureusement la suite du roman vire au grand guignol avec l'organisation d'un hold-up fort peu crédible pour des personnes malades, hold-up parsemé d'insupportables invraisemblances qui me font conclure que Sorj Chalandon ne semble pas bien maîtriser les ficelles du roman policier. 
J'imagine que Sorj Chalandon a voulu parler du pouvoir d'une maladie grave qui peut complètement métamorphoser la personne malade, transformant une femme effacée et soumise en guerrière pleine de confiance en elle, une question fort intéressante mais hélas le hold-up farfelu prend le pas sur le combat de Jeanne contre elle-même et contre sa maladie.  
Malgré tout cette lecture reste assez addictive car, même si je n'ai pas cru un seul instant à cette histoire, j'ai eu envie de savoir comment tout cela allait se terminer. Au final, un Chalandon très surprenant et décevant dans lequel je ne peux même pas dire que la qualité de l'écriture ait compensé ses faiblesses. Un rendez-vous manqué qui cependant ne m'empêchera pas de me précipiter sur son prochain roman...

Sorj Chalandon a pour habitude de puiser dans ses souffrances intimes la matière de ses romans. C'est le cancer qui l'a frappé en même temps qu'il a atteint sa femme qu'il tente ici de mettre en mots. Peut être a-t-il écrit ce roman trop tôt après cette double épreuve pour avoir la distance nécessaire pour traiter ce sujet avec la profondeur et l'humanité dont on le sait capable. 


L'auteur
Sorj Chalandon, né en 1952, est un journaliste et écrivain français.
Il a été journaliste au quotidien "Libération" de 1974 à 2007. Membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l'Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988. Depuis août 2009, Sorj Chalandon est journaliste au "Canard enchaîné", ainsi que critique cinéma.
Il est devenu un auteur reconnu grâce notamment à "Une promesse" en 2006 (Prix Médicis), "Mon traître" en 2008 (Prix Joseph Kessel) et en 2011 "Retour à Killybegs" couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie Française. En 2013, le prix Goncourt des lycéens lui est attribué pour "Le quatrième mur". En 2015, il publie un nouveau roman "Profession du père" où il s’inspire de sa propre enfance. De 2008 à 2012, Sorj Chalandon fut le parrain du Festival du Premier Roman de Laval, organisé par Lecture en Tête. Depuis 2013 il est le Président du Jury du Prix Littéraire du Deuxième Roman.




 







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10 commentaires:

  1. J'étais certaine qu'en passant sur ton blog aujourd'hui, j'y lirai une chronique consacré au dernier roman de Sorj Chalandon dont je viens à l'instant d'achever la lecture. Contrairement à toi, j'ai beaucoup aimé ce roman emprunt d'humanité même si je partage avec toi l'impression d'incohérence que m'a laissé le passage du braquage.Et je rejoins sur l'analyse que tu en fait : il me semble qu'il s 'agit bien ici de montrer la transformation qui peut s 'opérer chez un malade du cancer qui finit par lâcher prise et peut peut-être finir par faire n'importe quoi. En revanche, ce qui m'a emporté et m'a fait oublier les travers que tu relèves, c 'est l'écriture magistrale que j'ai retrouvée intacte, un style flamboyant tout en métaphores filées et pourtant tellement juste ! À très bientôt !

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    1. Chalandon me vaut le plaisir d'avoir de tes nouvelles, c'est super ! J'espère que tu vas bien...
      J'avais sans doute trop d'attentes par rapport à cet auteur que j'admire tant...

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    2. J'espère que tu vas bien aussi de ton côté. En me relisant, j'ai constaté que dans la précipitation à vouloir te laisser un commentaire sous forme de clin d 'œil pour que tu me reconnaisses, j'ai laissé plein de coquilles que je ne sais éviter lors de mes premiers jets quand j'écris derrière un écran. J'aurais dû me relire à ce moment-là , c 'est idiot et du coup ça pique les yeux...

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    3. Tant que tes élèves ne passent pas par là ce n'est pas grave ! Donne moi de tes nouvelles par mail...

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  2. Oh bah zut alors. Moi aussi j'apprécie énormément ce qu'il écrit ! Je vais attendre qu'il soit à la bibliothèque pour le lire.

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    1. Les avis sont très partagés sur ce roman, tu feras peut-être partie de ceux qui l'apprécient...

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  3. Tu as tout lu de cet auteur ? Je ne sais pas pourquoi mais c'est un auteur que je n'arrive pas à lire... Je rate sûrement qq chose...

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    1. Tu sais les goûts et les couleurs.... aucune raison de se forcer, il y a tant d'auteurs à découvrir

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  4. Je n'ai pas non plus cru un seul instant à cette histoire, c'est dommage quand même ...

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    1. Oui c'est incroyable de le voir écrire ce genre d'histoire

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