dimanche 23 août 2020

Sublime royaume de Yaa Gyasi

Date de parution : 19 aout 2020 chez Calmann-Levy
Nombre de pages : 374

"Maman je t’en supplie, dis-je en twi. Je te supplie d’arrêter. Je te supplie de te réveiller. Je te supplie de vivre."

Gifty, américaine d’origine ghanéenne, est une jeune femme qui consacre sa vie à ses recherches en neurologie. C'est une neuroscientifique qui étudie les fonctions du cerveau et mène des recherches universitaires sur le mécanisme de l'addiction en expérimentant sur des souris de laboratoire. 

Lorsqu'elle doit accueillir chez elle sa mère qui, en pleine dépression, ne quitte pas son lit de la journée, Gifty se plonge dans ses souvenirs. Nous découvrons ainsi l'histoire de sa famille qui, sous l'impulsion de sa mère, a quitté le Ghana pour l'Alabama où Gifty naît six ans après son frère Nana né au Ghana. Le père rentrera au Ghana alors qu'elle n'a que quatre ans les laissant en plein désarroi. La mère élèvera alors ses deux enfants grâce à son travail d'aide soignante, devra faire face aux difficultés de Nana à l'adolescence et trouvera réconfort dans la religion.  Gifty se souvient que la religion a toujours été ce qui comptait le plus pour sa mère, elles fréquentaient l'église des Premières Assemblées de Dieu, mais elle et sa mère étaient les seules Noires, elles devaient subir le mépris de la congrégation pour les gens de "leur espèce", ce ne sera pas le seul endroit où elle rencontrera les difficultés d'une femme à la peau noire en Amérique.

Comment Gifty, devenue adulte, peut-elle nourrir une passion pour la science si opposée aux croyances de sa mère et de ses ancêtres ?

Des retours en arrière, des extraits de son journal de petite fille lorsqu'elle s'adressait à Dieu éclairent bien le parcours de Gifty et de sa famille. Sa honte, ses regrets et ses remords de petite fille face aux tourments de son frère à l'adolescence, ses sentiments de petite fille puis de femme sont finement analysés. L'enfer vécu par son frère et par contrecoup par sa famille, les ravages de la dépression sont racontés de façon très juste.
Seuls petits bémols : les références et interrogations sur la religion sont un peu trop nombreuses à mon goût et si on perçoit le gros travail de documentation qu'a effectué l’auteure sur les recherches en neurologie, certains passages m'ont semblé un peu trop techniques.
Malgré ces légères réserves j'ai lu d'une traite ce roman en éprouvant une grande empathie pour la narratrice dont la solitude m'a émue. J'ai aimé sa volonté et son désir de trouver un sens à sa vie au travers de la religion puis de la science, son besoin de comprendre les drames qui ont frappé sa famille, de tenter, comme sa mère, de sauver sa famille par la prière puis par la voie de la  recherche. Une auteure qui confirme son talent avec ce deuxième roman qui met en scène une héroïne au caractère très fort.


L'auteure

Yaa Gyasi, vingt-sept ans, est née au Ghana avant d’émigrer aux États-Unis à l’âge de deux ans. Lectrice précoce de Toni Morrison, elle est diplômée de la prestigieuse Université de l’Iowa. Un voyage au Ghana déclenche son désir d’écrire "No Home". Bestseller immédiat encensé par la critique américaine, ce premier roman magistral est devenu un phénomène mondial. (Sources : éditeur)



1 commentaire:

  1. Nous nous rejoignons sur les bémols. A te lire, j'aurais aimé l'aimer... Bon, je ne l'ai pas détesté non plus, j'ai apprécié pas mal de passages... mais voilà, ce n'étaient que des passages.

    RépondreSupprimer