Date de parution : février 2017 aux éditions Luce Wilquin
Nombre de pages :176
"Cette histoire fait partie de mon histoire mais je ne suis pas cette histoire."
Ce roman est inspiré d'une histoire réelle, celle de Charles Morgenstern, un juif bruxellois qui s'est mis aux services de la Gestapo.
Lucie appartient à une famille où il convient de ne pas poser certaines questions, ainsi elle ne sait rien de ses origines et a l'impression d'être "née de rien". Décidée à percer le secret de sa mère Hélène qui refuse de parler de son passé, elle est bouleversée d'apprendre que sa mère est juive par les femmes de sa famille et Morgenstern par les hommes. Elle va patiemment, pendant une trentaine d'années, reconstituer le puzzle de l'histoire de sa mère. "J'écris aussi cette histoire pour mes enfants. Je l'écris pour
mettre à plat, comprendre, reconstituer, mettre de l'ordre. Pour
transmettre."
Lucie reconstitue l'histoire de Charles, son grand-père maternel, de 1940 à 1945 à partir de son dossier militaire qu’elle parvient à consulter et à partir de témoignages de personnes qui ont croisé son chemin. Elle apprend ainsi qu'il a été condamné à mort par contumace lors de son procès en 1946. Elle comprend pourquoi sa mère s'est emmurée dans son silence avec son secret, c'est le seul moyen de survie qu'elle a trouvé face à Charles qu'elle ne peut nommer que "l'auteur de mes jours".
Lucie obsédée par sa quête de vérité, par sa volonté de savoir d'où elle vient se retrouve bouleversée par ses recherches en se découvrant la petite fille d'un traître dans lequel elle cherche désespérément une lueur d'humanité. Elle va essayer de comprendre comment il est devenu ce monstre. "Je m'étais préparée au pire. Je n'ai pas été déçue."
Dans ce récit le secret est révélé très vite, le propos du roman est de raconter la quête de Lucie et sa lutte pour faire sortir sa mère de son silence, en ce sens le titre du roman a été judicieusement choisi.
J'ai trouvé ce roman compliqué à suivre malgré l'arbre généalogique inséré dans les dernières pages car la famille de Charles est tentaculaire, sur plusieurs générations on trouve des noms usurpés, des adoptions, des changements d'identité, de plus Charles a eu quatre filles de quatre femmes différentes... J'ai trouvé que l'auteure noyait le lecteur avec de multiples détails sur des personnages périphériques dont je n'ai pas toujours vu l'intérêt et j'ai souvent eu la tentation d'abandonner ma lecture.
De plus les éléments que Lucie découvre dans le dossier militaire de son grand-père sont relatés dans un style sec digne d'un rapport de police.
Heureusement la dernière partie, nommée "La délivrance", dans laquelle Hélène accepte de se livrer à sa fille m'a réconciliée avec ce roman mais pour cela il m'a fallu attendre les 2/3 du livre... Lucie pourra enfin dire "Je suis la petite-fille de cet homme-là.
Ce destin me pèse depuis cinquante ans. Mais désormais je suis aussi la
petite-fille de cette femme-là".
C'est donc avec un avis bien mitigé que j'ai refermé ce roman sur le poids de l'héritage familial, sur l'impact de la collaboration sur les générations à venir et sur le silence familial et ses conséquences. Ce roman aura eu le mérite de m'apprendre que des juifs avaient intégré la Gestapo, élément historique que j'ignorais complètement.
Au final, un sujet fort intéressant mais un traitement qui m'a gênée.
Au final, un sujet fort intéressant mais un traitement qui m'a gênée.
Citations
"Il nous faudrait écrire un livre sur chacun de nos proches, pour apprendre, au gré des pages, combien, comment, nous les aimons."
"Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans
l’ombre de nos inconscients, restreignant la part de liberté de ceux qui
les subissent."
Dominique Costermans est l’auteur d'une demi-douzaine de recueils de nouvelles. "Outre-mère" est son premier roman.
12ème lecture parmi les quinze premiers romans de la sélection rentrée d'hiver des 68 premières fois
29ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
Ce n'était déjà pas celui de la sélection qui me tentait le plus...
RépondreSupprimerJe peux te dire sans grande crainte de me tromper qu'il ne t'aurait pas plu celui-là...
SupprimerEst ce que tu ne penses pas que ce choix de narration reflète le parcours chaotique de cette quête douloureuse ? Que le ton sec adopté pour relater les rapports de police et autres dossiers administratifs qui dévoilent peu à peu le comportement de Charles permet à la narratrice de se maintenir à distance ?
RépondreSupprimerCela n'occulte en rien la difficulté de lecture mais cela s'explique je pense...
Peut-être Nicole mais je m'interroge sur une technique de narration qui noie le lecteur, qui submerge de détails dont on pourrait se passer, qui a abouti pour moi à une lassitude... Maintenir l'intérêt du lecteur n'est-il pas important?
SupprimerPourtant le sujet est super intéressant... dommage...
Je viens de terminer ce roman et je rejoins assez bien cet avis. J'ai failli l'abandonner tellement je trouvais l'histoire confuse. Heureusement que l'auteure a pensé à mettre un arbre généalogique ! Malgré celui-ci, j'ai eu du mal à m'y retrouver. Il y a aussi la narration qui m'a gêné sur un point : le passage de Lucie, narratrice (emploi de "je") à Lucie héroïne (emploi de "elle")sans qu'aucune marque typographique ne le signale. J'ai aimé, dans l'ensemble, mais la façon d'écrire tout ça m'a quelque peu perturbé...
RépondreSupprimerMerci pour votre passage sur mon blog.
SupprimerVotre avis rejoint le mien en effet, par contre le changement de narration pour Lucie ne m'a pas gênée.
Ce sont vraiment les deux premiers tiers qui ne m'ont pas plu (cela fait beaucoup dans une livre !)mais finalement je suis contente de ne pas avoir abandonné car le dernier tiers vaut vraiment le coup.
C'est vraiment dommage car le sujet était intéressant...