jeudi 22 octobre 2015

Ce qui reste de nos vies de Zeruya Shalev


 

Date de parution : septembre 2014

Prix Fémina Etranger 2014

Magnifique prix Fémina étranger 2014.
Hemda arrive à la fin de sa vie, elle divague et se remémore son enfance entre une mère absente et un père qui lui donne une éducation très dure, elle parle de "cruelle sévérité". Elle pense à ses enfants qu'elle n'a pas su aimer, sa fille Dina, née au moment du décès de son père, qu'elle a délaissée et même repoussée et son fils Avner, avec qui elle s'est montrée possessive et surprotectrice. Mais, même à l'heure de sa mort, son esprit est envahi par ses parents et non par ses enfants, trop préoccupée qu'elle est par ses parents pour pouvoir faire une place à ses enfants.
Ses 2 enfants sont malheureux. Avner, avocat de gauche qui défend Bédouins et Palestiniens, est mal marié, il est incapable d'aimer son fils aîné. Dina n'a plus de goût à la vie depuis qu'elle se sent vieillir et qu'elle voir sa fille unique s'éloigner, son seul espoir est d'adopter un enfant, une idée qui devient une obsession, malgré l’opposition de son mari.
Les personnages secondaires sont intéressants également : Rachel la garde malade qui a du faire adopter son fils, le pêcheur qui a perdu sa femme lors de l'accouchement de leur premier enfant, Anati la stagiaire d'Avner.
Ce livre parle des couples, des relations parents-enfants, de la reproduction des erreurs : Hemda n’a pas assez aimé sa fille, elle a trop aimé son fils, elle a échoué avec les deux qui, à leur tour, reproduisent ses erreurs.
Mais confrontés à la fin proche de leur mère, l'heure est au bilan et c’est le moment où ils commencent à penser au reste de leur vie, et chacun d’eux se bat pour la changer. Et même Hemda, qui va mourir, ressent le besoin de changer, la manière dont elle encourage Dina à adopter, alors que tout le monde lui dit qu’elle est folle, est le plus beau cadeau qu’elle puisse lui faire.
En toile de fond de cette histoire, on découvre la société israélienne, la vie en kibboutz (l'auteure n'est pas tendre....), le conflit israélo-palestinien avec insécurité et attentats.
Ce livre, au début, est pesant car d'une tristesse infinie; il ne faut surtout pas s'arrêter à ça car la suite est magnifique.

C'est un livre sur l’espoir et la réconciliation, sur l’idée qu’il n’est jamais trop tard pour corriger ou recommencer. La fin est très belle.
Livre dense et poignant porté par une magnifique écriture envoutante même si j'ai trouvé la lecture par moments difficile ou plutôt exigeante.

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