mardi 20 octobre 2015

Un an après d'Anne Wiazemsky




Date de parution : janvier 2015 chez Gallimard
Nombre de page : 241 
L'auteure, petite fille de François Mauriac, est actrice et l'épouse de Godard, elle a 20 ans en mai 68, lui 37.
Habitant dans le quartier latin , elle se pose en témoin privilégiée de cette période et nous fait vivre de l'intérieur les évènements de mai 68, notamment la nuit du 10 au 11 mai avec les barricades, les charges des forces de police, les courses pour s'enfuir, la peur... ainsi que l'interruption du festival de Cannes dans laquelle Godard est impliqué.
Au fil des pages on croise Truffaud, les Beatles, les Stones filmés par Godard en pleine création lors d'un enregistrement, Cohn Bendit ami de l'auteure...
On voit que les attentes des jeunes envers Godard, considéré comme une personne publique qui doit les guider, le déstabilise. Quel rôle jouer dans ces luttes ouvrières, ces révoltes des étudiants? Il veut changer le cinéma, parle de l'abandonner... Il veut se mettre au service d'une cause, d'un groupe, s'engager politiquement...
Elle, à 20 ans, est moins impliquée dans les évènements, insouciante, circulant en patins à roulettes sur les trottoirs de Paris.
On découvre le caractère entier d'un Godard exalté, tourmenté. Par son comportement imprévisible et excessif, il arrive à se brouiller avec son ami de toujours Truffaut et à s'éloigner de Berlusconi.
Il a parfois un comportement odieux avec elle, avec leurs amis. On le sent perdu mais si fragile donc attachant avec une sensibilité à fleur de peau.
Il n'a pas du être facile pour elle de s'affirmer face à lui et de supporter ses sautes d'humeur, son caractère possessif, égoïste et ses accès d'extrême jalousie.
On sent Godard tiraillé entre ses idées de gauche, sa conception de la liberté des femmes issue de mai 68 et l'impossibilité qu'il a de mettre ces principes en pratique dans ses relations avec sa propre femme. Il veut la maintenir sous sa coupe et a du mal à accepter ses aspirations professionnelles .
Grâce à ce livre sympathique et bien écrit, j'ai aimé me replonger dans cette période si particulière de notre histoire et retrouver l'esprit de 68.
J'ai trouvé que l'auteure parle de son histoire avec Godard sans aucune impudeur. 


Citations
"Parfois, des fumées m’empêchaient de distinguer qui attaquait qui. Nous apprendrions plus tard qu’il s’agissait de gaz lacrymogènes. Le téléphone sonna. C’était Jean-Luc, très inquiet, qui craignait que je n’aie pas eu le temps de regagner notre appartement. «Écoute Europe numéro 1, ça barde au Quartier latin !» Nous étions le 3 mai 1968.»

« Notre séparation définitive prit plus d'un an, presque deux. Cela fut extrêmement douloureux pour lui comme pour moi, même si l'initiative semble me revenir. La fin malheureuse de notre histoire devint banale et privée, je cessai d'être un témoin privilégié de l'époque. Je ne l'écrirai pas."

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