Date de parution: janvier 2016 aux éditions de minuit
Nombre de pages : 313
Un drôle de roman d'espionnage
Cette histoire commence fort avec la déclaration d'un général "Je veux une femme, c'est une femme qu'il me faut."
C'est ainsi que Constance va être enlevée. Elle a 34 ans, est "amoureusement insatisfaite", mariée à un compositeur de chansons. Elle est enlevée sous la menace d'une perceuse par trois hommes à la sortie d'une agence immobilière où elle venait de mettre son appartement en vente. Une rançon est rapidement demandée à son mari Lou Tausk qui bizarrement ne réagit absolument pas.
Les ravisseurs sont décrits comme extrêmement courtois, pleins d'égards pour leur otage, leur chef Victor est perçu par Constance comme un beau mec en bleu de travail.Nous allons découvrir des ravisseurs atteints du syndrome de Lima (je connaissais celui de Stockholm mais pas celui de Lima...) qui vont enfreindre "le protocole élémentaire du preneur d'otage".
Cet enlèvement va nous entrainer dans un voyage de Paris à la Creuse, dans une ferme puis dans la nacelle d'une éolienne, pour finir en Corée du Nord, pays dont Jean Echenoz nous fournit une brillante satire.
Voilà en gros pour l'histoire qui va s'enchaîner de chapitre en chapitre mais dans ce récit ce n'est pas cela le plus important...
Ce qui fait toute la valeur de ce roman c'est le ton employé par l'auteur, plein d'humour et de flegme britannique, un ton un brin détaché.
De plus, Jean Echenoz s'adresse régulièrement au lecteur en employant le "nous" "Il fallait bien qu'un jour ou l'autre, explicitement, apparût un peu de sexe dans cette affaire..., Il fallait bien que tôt ou tard parût aussi, dans notre affaire, une arme à feu".
Il parsème son récit de détails incongrus et d'amusantes digressions par exemple sur les annonces automatiques des stations dans le métro, sur les boites de médicaments qu'on ouvre toujours du côté de la notice repliée...Cela donne un effet décalé, déjanté à ce roman rocambolesque, voire loufoque par moments, où l'on ne s'ennuie pas une seconde.
Une lecture qui ne restera pas inoubliable mais un bon moment de lecture quand même...
Voici les avis de Jostein et de Nicole, une fan absolue.
Citations
"Constance s'étant étonnée auprès du commandant que tous les hommes soient coiffés à peu près de la même façon, il a répondu qu'ils étaient en effet tenus de conserver une longueur de cheveux de cinq centimètres - sept à partir de cinquante ans pour ceux qui commencent à les perdre- et de les couper tous les quinze jours, les cheveux longs dérobant comme on sait l'énergie du cerveau."
"Le généralissime Kim Il-Sung, notamment qualifié de Soleil de la nation, Héros du travail, Professeur de l'humanité tout entière et leader éternel, tendait son bras droit vers un avenir radieux, le passé magnifique, la voie à suivre ou les trois en même temps, à moins qu'il ne hélât un autobus."
L'auteur
En 1979, il publie son premier roman, Le Méridien de Greenwich.
Jean Echenoz est un fin observateur du monde qui l'entoure, il déclare écrire des "romans géographiques". Chacune de ses œuvres donne à voir au lecteur le décor dans lequel évoluent les personnages avec une acuité peu commune.
Echenoz n’hésite pas à dire lui-même qu’il n’est ni un historien ni un biographe, quand on lui demande pourquoi il utilise la mention roman lorsque son livre retrace une vie. Il répond en disant qu’il écrit de la fiction. Il garde ainsi une certaine liberté d’écriture. Son écriture bouscule les conventions tant au niveau formel qu'au niveau de la syntaxe. En effet, il emprunte les codes des différents genres romanesques pour mieux dérouter le lecteur.
5eme contribution au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo
Ah Echenoz, le maître du style. Je me suis régalée, encore une fois.
RépondreSupprimerUn style étonnant, en effet...
SupprimerUn agréable moment de lecture mais je n'irai pas jusqu'à parler de régal...
tu es moins entousiaste que moi :)
RépondreSupprimerEn effet, un beau moment de lecture mais pas inoubliable...
SupprimerJe reste tentée malgré tout, mais au moins je suis prévenue.
RépondreSupprimerA toi de te faire ton avis maintenant, j'irai voir ton billet sur ton blog...
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