vendredi 22 avril 2016

Le grand marin de Catherine Poulain


Date de parution : février 2016 aux Éditions de l'Olivier
Nombre de pages : 372

Un parfum d'embruns au cœur du Grand Nord

Ce livre est le premier roman de Catherine Poulain, c'est un hommage à la pêche en Alaska et aux hommes rudes qui la pratiquent.
Catherine Poulain a elle-même parcouru le monde et vécu cette aventure pendant une dizaine d'années en Alaska. Ce récit, écrit à la première personne, qui raconte l'histoire de Lili  est donc nourri de son propre vécu.

Lili, jeune femme à l’esprit libre, a quitté « Manosque-les-Couteaux » "un bourg poussiéreux et lointain" pour partir vivre son rêve de pêcheuse en Alaska, la "last frontier". Elle arrive à Zodiak, un port de l'Alaska où elle réussit à se faire "adopter" par un bateau "le rebel". Elle va embarquer pour la pêche à la morue noire, simplement munie de sa besace et de son duvet et devenir une "travailleuse de la mer".
Elle est la seule femme au milieu d'un équipage d'hommes rudes et durs qui l’appellent "mon moineau" mais ne lui font pas de cadeaux, dès le premier jour ils lui prennent sa couchette et Lili doit dormir sur un bout de plancher... Elle découvre le froid, le risque, l'urgence, l'épuisement, la promiscuité et apprend à pêcher, tuer et vider les poissons.

La main transpercée par un poisson qui peut lui provoquer un empoisonnement du sang ou une côte fracturée, Lili ne se plaint jamais, elle cherche sans cesse à dépasser ses limites et veut se faire sa place dans ce monde dur, être acceptée comme l'une des leurs. Elle finira par gagner le respect de ses compagnons avec lesquels, arrivés à terre, elle va "repeindre la ville en rouge", c'est à dire se saouler....

On saura finalement peu de choses de ses compagnons de pêche, de ce qui les a amenés à vivre cette vie, certains se dévoilent un peu au cours de confidences entre deux quarts ou dans les bars à terre...

De même, jusqu'au bout on ne connaîtra pas les raisons qui ont poussée Lili à quitter le Sud de la France pour ces horizons lointains.
  
Lili va aussi rencontrer l'amour avec le Grand Marin, un homme alcoolique et désespéré mais le regard que Lili va porter sur lui va en faire une créature fabuleuse d'une dimension extraordinaire.
Mais Lili ne voudra pas renoncer à sa liberté malgré l’amour qu'elle éprouve pour lui. Il veut quitter l’Alaska pour Hawaï, lui faire un « ice cream baby », mais elle étouffe dans un lit ou dans une maison...   

Catherine Poulain nous plonge dès les premières pages dans un univers où il faut se battre contre la nature, se battre contre soi-même, se confronter avec les éléments et avec sa solitude et surmonter ses peurs et la rigueur de la vie quotidienne.
Elle brosse, à coup de phrases sèches, le portrait de personnages au caractère bien trempé qui mènent une vie rude, solitaire, parfois désespérée, d'hommes qui ne peuvent vivre que dans l'excès et la fureur, autant sur le bateau qu'à terre.
Dans ce roman d’apprentissage écrit à partir de ses notes de voyage, elle relate une belle aventure à la fois physique et humaine. C'est un beau roman d'atmosphère qui nous entraine vraiment loin. 
J'émets cependant un bémol sur ce roman : le récit tourne parfois en rond et souffre de longueurs, un récit plus concis m'aurait plus convenu.
Néanmoins, il est indéniable que Catherine Poulain est une sacrée nana, une femme d'exception, solitaire, indépendante et éprise de liberté. C'est également une auteure pleine de promesse à l'écriture juste et précise.

Les avis de Nicole , de Clara et de Sabine du carré jaune

L'auteur                                                                                                                                                                                          
 
Catherine Poulain commence à voyager très jeune. Elle a été, au gré de ses voyages, employée dans une conserverie de poissons en Islande et sur les chantiers navals aux U.S.A., travailleuse agricole au Canada, barmaid à Hong-Kong, et a pêché pendant dix ans en Alaska.
Elle vit aujourd’hui entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc, où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole. Le Grand Marin est son premier roman.




27eme contribution au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo

4ème lecture parmi les vingt premiers romans sélectionnés en phase 1 des 68 premières fois

13 commentaires:

  1. Ce livre me fait vraiment envie depuis que j'ai vu l'auteur à LGL, j'attendais avec impatience ton avis. Je note les petits bémols, mais envie renforcée :)

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    1. Petits bémols en effet mais il vaut vraiment le coup, n'hésite pas !
      Quelle femme extraordinaire, j'attends son prochain livre avec impatience car je pense qu'elle en a vécu des aventures...

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  2. Ce livre me fait envie depuis un moment mais je n'avais pas osé le commencer, de peur d'être déçue...
    L'opération "68 premières fois" va être l'occasion pour aller au-delà et le lire enfin ! En espérant être conquise ! :-)

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    1. Tu ne devrais pas être déçue avec ce livre. Vive les "68 premières fois" !

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  3. Si tu as l'occasion de la rencontrer, lors d'une rencontre en librairie par exemple, ça vaut vraiment le coup. Une nana incroyable comme tu le dis !

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    1. Tu ne penses pas si bien dire, je vais la voir au festival Etonnants Voyageurs à St Malo en mai ! J'ai hâte !

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  4. Je trouve la nana incroyable, et je lui tire mon chapeau. Mais je n'arrive vraiment pas à être attirée par son livre.
    De plus, je l'ai entendue au Salon du Livre de paris, où elle était invitée à s'exprimer en compagnie d'Olivier Rolin et Emmanuel Carrère. J'avoue que c'est pour ces deux-là que j'avais fait le déplacement. Or elle n'était visiblement pas très à son aise aise sur scène, ce qui était d'autant plus manifeste que mes deux idoles, rompues à l'exercice, étaient quant à elles liées par une réelle amitié-complicité qui leur conférait une véritable décontraction...

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    1. C'est vrai que dans les médias elle parait d'une extrême fragilité qui contraste avec la force qu'elle dégage au travers de son vécu. Je vais la voir aux Etonnants voyageurs de St Malo en mai, j'espère ne pas être déçue, en tout cas ni Rolin ni Carrère ne seront présents pour lui faire de l'ombre !!!

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  5. J'attendais avec impatience ta critique sur ce livre car j'appréhendais un peu les longueurs que tu évoques et dont j'avais déjà entendu parler. Je réfléchis encore à me lancer dans cette aventure, aux sens propre et figurés.

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    1. C'est vrai que ces longueurs ont un peu entamé mon plaisir de lecture mais c'est un livre qui vaut vraiment le coup quand même, quitte à survoler certains passages...

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  6. Pour moi ce ne sont pas des longueurs car ce métier a souvent des journées qui se ressemblent ( mon beau-père ayant été marin sur des thoniers, j'ai retrouvé beaucoup de ce qu'il nous racontait dans ce livre).

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    1. Tout à fait d'accord le récit reflète extrêmement bien l’atmosphère routinière, mais pour moi quelques dizaines de pages en moins auraient rendu le récit plus agréable, cela m'a beaucoup embêtée de me lasser de cette lecture à certains moments car au fond c'est un très bon livre.

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  7. J'ai découvert ce livre un peu par hasard dans ma médiathèque, je me promenais dans le rayon roman sans auteur précis en tête, dans ce cas je me concentre sur les romans que les bibliothécaires mettent en évidence. J'ai regardé la 4° de couverture du "Grand Marin", je l'ai reposé. Et puis finalement ma "pêche" du jour m'a fait revenir au "Grand Marin" et j'ai plongé dans sa lecture. Nous sommes avec lili dans ses efforts pour se montrer à la hauteur des marins pêcheurs endurcis. C'est une bleue (enfin green en Alaska), elle doit faire ses preuves, supporter le froid, la fatigue, le manque de sommeil. Avec ses phrases courtes, nous ressentons ce que son corps subit et surmonte. Il y a du Jack London dans ce récit et c'est une aventurière qui raconte. On reproche à ce livre quelques longueurs mais elles sont nécessaires pour décrire la répétitivité de ce métier de marin pêcheur dans les eaux glaciales de l'Alaska. Une auteure à découvrir et à rechercher au fil de vos pêches aux romans.

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