Nombre de pages : 208
" Car il avait beau s'agiter, tout finissait par retomber à la fin, par précipiter. Rien, non rien ne pouvait rester éternellement en suspension."
Thomas, dans le coma suite à une grosse crise d'asthme, est en réanimation veillé par sa femme Olivia. Le récit fait alterner le moment présent et la période qui a précédé son hospitalisation, nous allons donc progressivement comprendre comment il en est arrivé là.
Thomas
a racheté une usine en difficulté de sa région, il est devenu le patron
de Packinter, une PME qui fabrique des embouts en plastique pour
inhalateur, c'est un patron un peu idéaliste, attentif au bien-être de ses 37 salariés avec qui il a instauré d'emblée le tutoiement. Un patron un brin paternaliste qui veut plaire... Contrairement
à certains de ses amis il a choisi de rester en France et de se battre
pour sa région touchée économiquement par le déclin industriel.
Malheureusement
il croule sous les ennuis sociaux, techniques et financiers. Thomas
aime la
technique mais ne
se sent aucune prédisposition pour le volet commercial de son travail.
Lorsque Hervouet, le PDG du laboratoire pharmaceutique voisin, son
unique client, parle de délocalisation Thomas se rend compte qu'il ne
s'est pas assez diversifié, qu'il n'a pas pressenti les mutations liées à
la mondialisation. Il se reproche son manque de discernement et de vision et culpabilise de mettre ses salariés en difficulté.
Thomas fonde tous ses espoirs en Loïc, son directeur Recherche et
Développement qui fourmille d’idées innovantes, il est fasciné par Loïc
dont il se sent d'autant plus proche que Loïc a un fils handicapé qui
lui rappelle sa jeune sœur Flora lourdement handicapée, décédée
lorsqu'il avait 10 ans. Il veut développer la dernière idée de Loïc, un
inhalateur révolutionnaire qui lui permettrait de ne plus dépendre
d'Hervouet.
Tout
bascule pour Thomas le jour où Loïc démissionne pour passer à la
concurrence, Thomas vit ce départ comme une véritable trahison.
Thomas
est marié depuis 15 ans avec Olivia artiste peintre, ils n'ont plus
grand chose à se dire... La crise que vit Thomas remet en cause
l'équilibre de leur couple, Olivia se rend compte qu'elle cherchait
auprès de son mari une protection, qu'après le décès de sa mère, elle a
eu "un père comme sentinelle, un couple pour abri et la maternité comme garde-fou." Elle souffre du manque de reconnaissance de son mari.
Vanessa
Bamberger nous brosse le portrait d'un patron bienveillant qui s'est
créé l'illusion d'une famille avec ses employés et décrit une crise de
couple qui évolue en parallèle avec la crise économique. J'ai vu dans ce
roman un bel hommage aux petits patrons qui se battent pour leur
entreprise et pour leur région.
Sur fond de crise économique, de déclin industriel, de culpabilité et de besoin de reconnaissance ce roman, écrit d'une plume fluide, dégage beaucoup de mélancolie.
Sur fond de crise économique, de déclin industriel, de culpabilité et de besoin de reconnaissance ce roman, écrit d'une plume fluide, dégage beaucoup de mélancolie.
En
choisissant de traiter de la crise économique du point de vue du
patron, Vanessa Bamberger offre un angle original et traite son sujet
d'une façon originale en faisant précéder chaque chapitre d'une
définition des mots "principe" et "suspension", des mots aux sens
multiples.
J'ai quand même quelques bémols par rapport à ce livre qui m'a bien plu mais pas autant que je l'imaginais, le parti-pris de l'auteure de traiter la crise conjugale seulement du point de vue d'Olivia m'a gênée, j'aurai aimé avoir le ressenti de Thomas... D'autre part, sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi, je suis restée un peu à distance des deux héros de cette histoire.
J'ai quand même quelques bémols par rapport à ce livre qui m'a bien plu mais pas autant que je l'imaginais, le parti-pris de l'auteure de traiter la crise conjugale seulement du point de vue d'Olivia m'a gênée, j'aurai aimé avoir le ressenti de Thomas... D'autre part, sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi, je suis restée un peu à distance des deux héros de cette histoire.
Citations
"
Elle a grossi pour que quelque chose d'important se construise autour
d'elle, quelque chose de fort et de protecteur, quelque chose de
sympathique, qui adoucisse les regards mauvais des femmes et éteigne
ceux, impudiques, agressifs, des hommes."
" Produire, c'est faire du bruit. Dans l'industrie, rien ne se faisait dans le silence, et cela lui convenait."
" Les machines étaient meilleures que les hommes, elles n'étaient pas vicieuses."
" Les machines étaient meilleures que les hommes, elles n'étaient pas vicieuses."
L'auteure
Vanessa Bamberger est née en 1972. Après des études à Sciences Po Paris, elle a vécu plusieurs années à Londres et à New-York. Elle est aujourd'hui journaliste à Paris. Au cours de l'écriture de "Principe et suspension", son premier roman, elle a rencontré des dirigeants de PME et visité plusieurs sites de production en France.
10ème lecture parmi les douze premiers romans de la sélection rentrée d'hiver des 68 premières fois
25ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
Je t'ai lue en diagonale car je l'ai déjà reçu (alors que je n'ai pas encore fini Elle voulait juste marcher...) et j'ai assez envie de le découvrir. Le monde du travail est un sujet qui m'intéresse beaucoup. D'autant que l'approche est ici plutôt originale...
RépondreSupprimerTu enchaines les 68 on dirait !
SupprimerUne approche originale, un sujet intéressant mais quelque chose m'a manqué... je pensais être plus emballée que ça, vu le sujet...
Pareil que toi, au final...
SupprimerNous arrivons en effet à la même conclusion...
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