dimanche 26 août 2018

Les poteaux étaient carrés de Laurent Seyer

 

Date de parution : 23 août 2018 chez Finitude
Nombre de pages: 144

12 mai 1976. Ce soir les Verts de Saint-Étienne rencontrent le Bayern de Munich à Glasgow en finale de la coupe d’Europe. Nicolas, treize ans et demi, est devant la télé, comme ses copains du collège, comme la France entière.  

Un an et demi plus tôt, quand sa mère est partie, Nicolas a reporté son besoin d'aimer sur le club de foot de St Étienne qu'il appelle Lasse, club pour lequel il voue une véritable passion, club qui a fini par devenir sa vraie famille. Lors de la séparation de ses parents dont il n'a pas connu la cause, le jeune garçon n'a pas pleuré. Par mimétisme avec son père, il n'a eu aucune réaction au départ de sa mère. " L'absence d'émotion est, chez mon père, le signe d'un vide intérieur"

Resté avec son père, il vit dans une indifférence réciproque avec cet homme à qui il reproche intérieurement un manque de courage. Il doit subir la présence de Virginie qui s'est installée chez eux avec son fils Hugo peu de temps après le départ de sa mère. Il appelle Virginie la "Fausse-doche" et son fils "Contre-Mon-Gré". "Maman est partie et papa l’a remplacée par Virginie, un peu plus tard. Moi je l’ai remplacée le jour même par une équipe de football". A l'école Nicolas doit faire face au regard des autres car il est le seul enfant de divorcés de sa classe.

Il regarde le match à la télé avec son père, Virginie et Hugo, en complet décalage avec eux dans leur façon de le vivre, il comprend que l'enjeu du match est loin d'être le même pour eux que pour lui. Il a honte de leur médiocrité et recherche les rares souvenirs de bonheur partagé qu'il a vécus avec son père. Peu nombreux avant le départ de sa mère, les moments d'intimité entre eux sont devenus quasiment inexistants depuis. Nicolas prend douloureusement conscience qu'il n'a jamais rien partagé avec son père et établit un parallèle entre la défaite d'une équipe lors d'un match de foot et l'échec d'un mariage. 

J'ai été surprise d'autant aimer ce premier roman empreint de nostalgie et de tendresse dans lequel le foot sert de toile de fond. L'auteur mêle très habilement le récit d'un match rentré dans la légende et l'histoire intime et douloureuse d'un jeune garçon de treize ans. La vague qui emporte les supporters, la jouissance ressentie dans la houle de la foule sont parfaitement retranscrites de même que les sentiments et émotions du jeune garçon.
La solitude, le poids des non-dits traversent ce beau texte émouvant jusqu'aux poignantes dernières lignes qui remuent les tripes. Un beau coup d'essai pour un premier roman riche en émotions.

Ce roman est sélectionné pour le prix Stanislas du premier roman


L'auteur

Malgré une carrière qui le mène aux quatre coins du monde, Laurent Seyer est toujours resté fidèle aux deux passions qui ont construit son adolescence : la littérature et le football. À plus de 50 ans, il fréquente les stades avec assiduité et, lui qui a toujours écrit, s’est enfin décidé à envoyer un manuscrit à un éditeur. (Sources : Éditeur)

















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2 commentaires:

  1. Le St Etienne de la belle époque selon certains ! Intéressant ton commentaire

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    1. Ce roman est vraiment une belle surprise.... bien au-delà du foot !!!

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