jeudi 9 septembre 2021

Climax de Thomas B. Reverdy


 

Date de parution : 18 aout 2021 chez Flammarion
Nombre de pages : 336

Un village de pêcheurs dans l'extrême nord de la Norvège. Tout commence par un accident sur la plateforme de forage pétrolier Sigurd. Une fissure menace dangereusement le glacier, les poissons sont retrouvés morts... 

Noah, un enfant du pays, devenu expert géologue responsable du forage, revient en mission pour sa compagnie. Dix-huit ans plus tôt, il est parti brutalement abandonnant sa compagne Ana qui maintenant, à la quarantaine, s'occupe de sa pêcherie au port alors que ses deux fils ados rêvent d'envol et de pays lointains. 

A l'époque Ana et Noah faisaient partie d'un groupe de jeunes comprenant Magnus, le frère d'Ana, Knut et Anders. Ce petit groupe que Noah avait réuni autour de lui vivait de récits et d'imagination, ils passaient leur temps à faire des jeux de rôle. Maintenant Anders, devenu glaciologue, étudie les mouvements des glaciers arctiques pour l'Institut et écrit sur tout ce qui est en train de disparaître en Arctique. Au moment de l'accident, il a ressenti dans sa montagne une sorte de tremblement de terre. Knut vit dans la forêt dans une église qu'il a retapée, entouré de son armée de chiens de guerre.

Après dix-huit ans, ils vont se trouver réunis dans cette région où le pétrole et son industrie ont remplacé le ski, la pêche et le tourisme " nous toucherons nos dividendes, c'est vrai, mais nous serons comme des zombies regardant passer sur l'océan les porte-containers. Le monde nous aura désertés." Une région où les Russes dominent et appliquent des conditions d’exploitation minière dignes de Germinal

A cause du réchauffement climatique le glacier diminue de 100 à 200 m chaque année "C'est à l'endroit le plus froid de la planète qu'on mesure le mieux son réchauffement, en Arctique elle se réchauffe deux fois plus vite qu'ailleurs, elle a déjà pris, en 100 ans, entre 4 et 7 degrés Celsius", les conséquences sont quasiment visibles à l’œil nu, d'une année sur l'autre. "C'était une vraie question de savoir ce qu'on pouvait y faire, de savoir quoi faire de ce qu'on savait, plutôt."

Un roman engagé, une alerte. L'auteur nous offre un subtil équilibre entre le documenté et le romanesque en y ajoutant des légendes nordiques (ce ne sont pas les parties que j'ai préférées). Les passages techniques restent très accessibles, l'auteur a effectué un gros travail de documentation qu'il restitue sans jamais être pesant, il explique parfaitement la mise en péril de l'écosystème par la disparition d'une toute petite crevette suite au réchauffement climatique... une toute petite crevette d'à peine deux centimètres de long mais qui est à la base de la vie dans cet océan "On pourrait s'en foutre qu'une espèce disparaisse, mais ce n'est jamais la seule conséquence. La morue polaire se nourrit de crevettes et est elle-même la nourriture principale du phoque et du béluga. Et le phoque annelé, c'est la nourriture principale de l'ours blanc. Parce que tout est lié. C'est tout l’écosystème qui bat de l'aile pour retrouver son équilibre."

Même si certains passages, comme les jeux de rôle autour desquels les jeunes ont fait connaissance, m'ont semblé trop détaillés, j'ai aimé ce roman pour son thème et pour la musicalité et la poésie qui se dégagent des longues phrases de Thomas B. Reverdy. Dans " Il était une ville" il nous racontait le déclin industriel et la fin de Détroit, ici c'est à la fin d'un monde qu'il nous convie.

Delphine partage mon enthousiasme mais ce n'est pas du tout le cas de Nicole 


Citation

" Ils l’aimaient sincèrement, l'Arctique. Sa solitude, sa nuit, son froid, son silence."


L'auteur


Thomas B. Reverdy est né en 1974. Il est l'auteur de sept romans parmi lesquels "La montée des eaux", "Les évaporés" (prix Joseph Kessel 2014), "Il était une ville" (prix des libraires 2016) et "L'hiver du mécontentement" (Prix Interallié 2018) (Source : éditeur)




 

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