Date de parution : aout 2021 chez Fayard
Avec la passion amoureuse, l'adultère, Maria Pourchet a choisi un sujet bien classique mais elle magnifie ici cette histoire de Madame Bovary contemporaine par son ton mordant, sa plume d'une incroyable vivacité, ses expressions souvent assassines qui font mouche et sa façon de tout décortiquer dans le détail. Elle dissèque toutes les étapes de la passion amoureuse dans une alternance des voix de Laure et de Clément qui exposent à tour de rôle leur point de vue.
Un style très vif, saccadé, virevoltant pour tirer sur tout, la famille, les mères qui, même mortes dans le cas de Laure, continuent de peser sur leurs enfants à coup de phrases moralisatrices et culpabilisantes, "Les vérités c'est ta mère, ce qu'elle est : morte, obsédante et bavarde". Notre époque, le monde de la finance sont dépeints avec un cynisme féroce très drôle, le personnage de Véra, la fille aînée de Laure est truculent, celui de Clément bouleversant, le contexte ultra contemporain du covid est subtilement esquissé au détour de quelques phrases. La narration et la construction déstabilisent parfois mais elles font toute l'originalité et la force de ce roman.
De l'humour, une écriture au scalpel pour raconter une tragédie qui se termine de façon complètement inattendue. Un roman qui décoiffe. Un titre subtilement bien choisi. Un vrai bonheur de lecture. J'ai découvert Maria Pourchet avec "Toutes les femmes sauf une" et " Les impatients" que j'avais aimés pour leur ton mais il me semble qu'avec ce nouveau roman elle a franchi un cap.
Citations
" Regarde ailleurs, s'affole ta mère dans la tombe, depuis les femmes correctes et aliénées."
" Je soupçonne ma mère d'avoir ordonné sur mon berceau une malédiction obscure et médiévale : dès lors que que moi, sa mère, je suis incapable d'aimer ce truc, qu'aucune autre femme n'y parvienne, ainsi soit-il."
" C'est une femme avec des idées, je suis un homme avec un chien, je ne peux pas être partout. Je ne supporte que les fictions, elle a toujours la nostalgie de la vérité. Ses idées c'est vivre, les miennes c'est attendre, un chien devant moi."
" Elle traçait une frontière entre le bien et le mal et me la faisait parcourir, m'étalant sur le carreau si je penchais du mauvais côté."
" Très jeune ma mère a eu le cœur explosé. Elle est depuis dévastatrice, nucléaire. Elle a prié toute sa vie, d'abord pour obtenir des trucs et ensuite faute de mieux."
" Les banques c'est comme les couples : sur le papier elles se soutiennent dans l'épreuve et la maladie, dragées, vaisselle partagée, l'une empruntant auprès de l'autre. Tant qu'il y a du désir"
L'auteure
Lus de cette auteure
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
Il me semble qu'il a été descendu par un du dimanche soir sur France Inter !! ce qui peut être gage d'une bonne lecture. J'ai noté
RépondreSupprimerNon il a fait l'unanimité ! Pour une fois...
Supprimer