Date de parution : mars 2017 chez Stock
Nombre de pages : 314
Voici un roman de politique fiction, tristement d'actualité en ce moment...
Lors du débat télévisé d'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, le public assiste en direct au naufrage de Debanel, le président de la République en exercice largement favori de la nouvelle élection. Dans le public, constitué d'un échantillon représentatif du "français moyen", se trouve un étudiant de 20 ans au sourire de Joconde.
La narratrice, une journaliste présente lors de ce débat, est la seule à remarquer l'échange de regard entre ce jeune homme et le président, elle imagine alors que cet étudiant est à l'origine de la peur panique du président.
Excitée par cette affaire qu'elle compare au Watergate, elle se lance alors dans une enquête, obtient les coordonnées de quatre des proches collaborateurs de Debanel et remarque d'emblée qu'ils ont connu des changements brutaux de trajectoire professionnelle dans les six mois précédant le débat.
Virginie Roels nous fait revivre les mois qui ont précédé le débat lorsque le président Debanel était au plus bas dans les sondages, pas certain du tout de gagner la primaire. Elle nous plonge dans un univers d'hommes à l'égo surdimensionné, de courtisans assoiffés de pouvoir où les coups tordus sont légion. Un monde où les discours du président ne sont pas écrits par celui qu'on imagine, où la collusion entre le pouvoir et des industriels permet d'amasser des fonds pour financer la campagne. Un monde politique machiavélique écœurant de cynisme où l'on constitue des dossiers sur ses collaborateurs pour exercer un chantage au moment opportun, où les affaires de mœurs sont monnaie courante.
Virginie Roels, qui a elle-même été journaliste, brosse un tableau plein d'ironie des journalistes, nous livre une réflexion sur les médias et sur la manipulation de l'opinion publique.
Il est amusant de noter qu'elle glisse dans son récit quelques allusions aux véritables personnages politiques français, évoquant, par exemple, le salon où eut lieu le mariage d'un président avec un ex-mannequin... De la même façon elle met en scène avec humour une certaine émission TV du samedi soir.
J'ai trouvé ce roman bien construit, mené à la manière d'un polar d'un style alerte. Virginie Roels manie un humour très caustique dans sa description des coulisses du pouvoir politique.
Les personnages sont tous intéressants, de la journaliste au président, j'ai simplement regretté qu'elle aille parfois un peu loin dans la caricature de personnages ou de situations, en tout cas j'ose espérer que dans la vraie vie cela ne va pas aussi loin...
L'auteure
Longtemps journaliste d'investigation pour la télévision et la presse écrite, Virginie Roels est directrice de la publication du magazine Causette. "La Plume" est son premier roman.
11ème lecture parmi les douze premiers romans de la sélection rentrée d'hiver des 68 premières fois
27ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
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Merci de cette chronique, les lecteurs ont une bien jolie Plume, décidément. Puis-je ajouter qu’ayant eu la chance, ou la malchance, c’est selon, de trainer mes guêtres dans l’univers ouaté de la politique, je puis vous certifier que la réalité, sur bien des points dépasse, hélas, souvent la fiction ☺ Encore merci, belles lectures à vous. VR
RépondreSupprimerMerci à vous Virginie de me laisser ce message sur mon blog. C'est vrai que j'ai du mal à accepter que certaines choses soient vraies, même si l'actualité tend tous les jours à nous montrer le contraire...
SupprimerUn grand bravo pour ce premier roman, c'est une belle réussite...
J'espère que l'aventure des 68 nous donnera l'occasion de nous rencontrer...
En fait, il est possible qu'elle reste très en-dessous de la vérité :-)... Elle choisit la légèreté dans la forme (la narratrice est une journaliste des potins de la TV, ce qui lui donne une approche très différente de celle d'un journaliste spécialisé dans la politique ou l'économie...) mais sur le fond, on retrouve les mêmes bases que chez Dugain et sa trilogie de l'Emprise ou chez Thomas Bronnec. Seuls les traitements diffèrent.
RépondreSupprimerTu as sans doute raison Nicole mais laisse moi garder un tout petit peu de naïveté dans ce domaine...
SupprimerEn tout cas, c'est un super roman qui méritait bien d'intégrer la sélection des 68...
J'attaque le Bronnec très bientôt pour rester sur cette thématique...
Joëlle, j'aimerais croire que tu as raison. Hélas, et on le constate particulièrement en ce moment, il semblerait que nos dirigeants soient capables d'aller très très loin dans le cynisme, l'arrogance et les compromissions.
RépondreSupprimerPour le reste, je peux résumer mon commentaire de ce roman en deux mots : dévoré, adoré !
Certaines situations me semblent quand même un tantinet caricaturales... J'ai beaucoup aimé mais sans aller jusqu'à ton enthousiasme.
SupprimerMais je reconnais que lire ce genre de bouquin en ce moment a un certain piquant...