Nombre de pages : 304
Prix de Flore
J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs de la Fête du Livre de Bron.
Pierre Ducrozet part d'un fait historique réel. Il s'agit des évènements du 26 septembre 2014 au cours duquel quarante-trois étudiants disparurent, enlevés ou assassinés par la police à Iguala au Mexique. Ce drame a trouvé un écho dans le monde entier grâce au déferlement qui a suivi sur les réseaux sociaux. Le personnage principal du roman, Alvaro, professeur d'informatique surdoué, rescapé du massacre, commence une errance. Il marche comme un damné la rage chevillée au corps et parvient à quitter son pays rongé par le narcotrafic, la corruption et violence pour migrer clandestinement aux États-Unis. " Il a décidé, après le passeur, la frontière, de laisser dans le désert son ancienne peau, au milieu des os et des yuccas."
Il parvient à atteindre Los Angeles où il rencontre Parker Hayes, sommité mondiale et figure majeure de la Silicon Valley qui travaille sur un programme de recherche sur les cellules souches pour trouver une solution au vieillissement, il propose à Avaro de devenir cobaye d'expériences transhumanistes contre une belle somme d'argent. Parker Hayes veut aussi créer une île artificielle Bluesky au large de San Francisco qui sera un monde nouveau pour abriter les hommes nouveaux milliardaires privilégiés. Au Cube, lieu dédié à la lutte contre le vieillissement, Alvaro rencontre Adèle Cara, une biologiste française à l'occasion des expérimentations dont il fait l'objet.
Alvaro rejoindra ensuite un groupe de hackers révolutionnaires pour s'opposer aux géants d'internet devenus de véritables apprentis sorciers.
J'ai aimé la construction très originale de ce récit dans lequel Pierre Ducrozet multiplie les figures de style comme l'exprime un de ses personnages " Si j’écrivais un roman…, je le construirais ainsi, en
rhizome, en archipel, figures libres, interconnexions, hypertextes, car
ça devrait être le fondement d’un récit contemporain."
Très bien rythmé, il retrace les avancées scientifiques contemporaines, la découverte des cellules souches, la naissance des langages informatiques, de Facebook et du Web, le tout est expliqué de façon simple et érudite. Il n'hésite pas à mettre en scène Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook et les dirigeants de Google, d'Apple...
Ce roman est une réflexion sur la réappropriation du corps mais également une alerte sur les dérives scientifiques, notamment d'internet, initialement vue comme une grande idée libertaire "Internet est à présent une poubelle, une succession d'usages parfaitement débiles, un enfermement des sens." , "Le réseau est devenu un monstre incontrôlable qui ne sait plus ce qu'il dit ni ce qu'il montre."
Ce roman puissant m'a beaucoup plu tant pour son fond et que pour sa forme même si j'ai trouvé certains passages un peu confus.
Ce roman est en lice pour le Prix des Lecteurs de la fête du livre de Bron 2018 avec :
Summer de Monica Sabolo
Ma reine de Jean-Baptiste Andréa
Une fille dans la jungle de Delphine Coulin
La vie sauvage de Thomas Gunzig
Trente comités de lecture de bibliothèques et de médiathèques de la région lyonnaise participent à ce vote. La remise du Prix au lauréat aura lieu à l'occasion de la 32ème édition de la Fête du Livre de Bron le 9 mars 2018.
Citations
Citations
" Quand les Américains se sont arrêtés dans leur conquête de
l’Ouest, faute de territoires nouveaux à conquérir, ils ont commencé à
envahir le monde. Mais leur territoire est désormais clos sur lui-même"
L'auteur
Né en 1982, Pierre Ducrozet est l'auteur de trois romans parus chez Grasset, Requiem pour Lola rouge (2010, prix de la Vocation 2011), La vie qu'on voulait (2013) et le très remarqué Eroica (2015, finaliste du prix de Flore), fiction biographique autour du peintre Jean-Michel Basquiat. (Sources : Éditeur)
encore un roman qui fait vraiment envie! (je ne vais pas m'en sortir :D)
RépondreSupprimerBienvenue au club de celles qui ne s'en sortent pas...Il est excellent et c'est un coup de coeur pour beaucoup de blogueuses
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