Nombre de pages : 320
Ce roman est une histoire vraie, celle de Gloria, née Gregory Hemingway (1931-2001). Grégory est un des fils d'Ernest Hemingway. Né dans un corps d'homme, Grégory s'est toujours senti femme, il a subi une opération pour devenir une femme à l'âge de soixante-quatre ans, à un âge où il pensait que cela perturberait moins ses enfants. Marié quatre fois, père de huit enfants, médecin, il a été en lutte toute sa vie avec ses problèmes d'identité.
Gloria nous raconte son histoire alors qu'elle est enfermée depuis quelques jours dans la prison pour femmes de Miami pour ébriété et attentats à la pudeur. Elle revient sur son problème d'identité, sur son addiction à l'alcool, sur sa vie dissolue, sur sa radiation par l'ordre des médecins. Elle se souvient de son enfance auprès d'une mère qui ne l'a jamais aimé et d'un père qui l'adorait, des parents qui désiraient une fille et maintenaient une certaine ambiguïté en l'appelant Gigi, refusant de lui donner un prénom masculin.
Ce roman retrace avant tout l'histoire d'un des fils d'Hemingway, un être torturé par ses problèmes d'identité mais qui a vécu une histoire d'amour incroyable avec sa femme Ida qu'il a épousée deux fois, un premier mariage en homme puis après leur divorce, un remariage alors qu'il s'est transformé en femme. L'amour qu'il éprouve pour son père transparait tout au long du récit bien qu'il se soit souvent senti repoussé, ignoré par ce père dont il a mendié l'affection toute sa vie. On ressent tout le poids du père, la difficulté d'être le fils d'un personnage illustre, de n'exister que dans l'ombre du grand Hemingway, prix Nobel et prix Pulitzer.
Au travers du récit de la vie de Grégory/Gloria Hemingway on approche également la personnalité du grand écrivain, on découvre la place que Marlène Dietrich et Ava Gardner ont occupée dans sa vie, son goût pour l'alcool et les femmes, son caractère "tourmenté au-delà de l'endurance", sa passion pour la nature et les grands espaces. Pêche, chasse en Afrique, camping sauvage dans les Rocheuses ont été l'occasion de moments de complicité entre Hemingway et ses fils mais aussi l'occasion pour Hemingway de cultiver la virilité de son fils qu'il ambitionnait de transformer en vrai mâle, ses penchants ne lui inspirant que dégoût et honte. L'auteure restitue très bien l'ambivalence des sentiments d'Hemingway envers ce fils qu'il considère comme marginal et dégénéré mais qu'il aime par-dessus tout car il lui ressemble énormément. La malédiction des Hemingway est aussi un des fils conducteurs de ce roman, une famille marquée par les suicides de génération en génération, les tentations d'en finir n'épargnent ni Grégory/Gloria ni son père qui finira par mettre fin à ses jours en 1961. " La bête était en lui comme elle est en moi." Au passage nous découvrons également quelques réflexions d'Hemingway sur l'écriture "La vie, il faut la digérer puis créer ses personnages", ses rituels d'écriture...
Brigitte Kernel aborde avec beaucoup de tact la question de la transsexualité dans toute sa complexité. L'écriture limpide, la construction astucieuse mêlant le présent en prison et le passé dévoilé peu à peu, rendent cette lecture très agréable. Nous ne pouvons qu'éprouver de l'empathie pour ce fils Hemingway qui a eu, en plus, à vivre la culpabilité d'être tenu pour responsable de la mort de sa mère puis de son père. Un destin effroyable...
Au travers du récit de la vie de Grégory/Gloria Hemingway on approche également la personnalité du grand écrivain, on découvre la place que Marlène Dietrich et Ava Gardner ont occupée dans sa vie, son goût pour l'alcool et les femmes, son caractère "tourmenté au-delà de l'endurance", sa passion pour la nature et les grands espaces. Pêche, chasse en Afrique, camping sauvage dans les Rocheuses ont été l'occasion de moments de complicité entre Hemingway et ses fils mais aussi l'occasion pour Hemingway de cultiver la virilité de son fils qu'il ambitionnait de transformer en vrai mâle, ses penchants ne lui inspirant que dégoût et honte. L'auteure restitue très bien l'ambivalence des sentiments d'Hemingway envers ce fils qu'il considère comme marginal et dégénéré mais qu'il aime par-dessus tout car il lui ressemble énormément. La malédiction des Hemingway est aussi un des fils conducteurs de ce roman, une famille marquée par les suicides de génération en génération, les tentations d'en finir n'épargnent ni Grégory/Gloria ni son père qui finira par mettre fin à ses jours en 1961. " La bête était en lui comme elle est en moi." Au passage nous découvrons également quelques réflexions d'Hemingway sur l'écriture "La vie, il faut la digérer puis créer ses personnages", ses rituels d'écriture...
Brigitte Kernel aborde avec beaucoup de tact la question de la transsexualité dans toute sa complexité. L'écriture limpide, la construction astucieuse mêlant le présent en prison et le passé dévoilé peu à peu, rendent cette lecture très agréable. Nous ne pouvons qu'éprouver de l'empathie pour ce fils Hemingway qui a eu, en plus, à vivre la culpabilité d'être tenu pour responsable de la mort de sa mère puis de son père. Un destin effroyable...
Citations :
L'auteure
Longtemps productrice-animatrice d'émissions littéraires sur France Inter, Brigitte Kernel a publié plusieurs romans chez Flammarion, dont une trilogie amoureuse, Fais-moi oublier, À cause d'un baiser et Dis-moi oui. En 2016, elle a rencontré un très joli succès avec Agatha Christie, le chapitre disparu et en 2018 avec Jours brulants à Key West.(Sources : éditeur)
Cela me parait très intéressant !
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