Date de parution : 17 aout 2023 aux éditions de l'Iconoclaste
Nombre de pages : 592
" Il est des absences dont on ne se remet pas."
En 1986 dans un monastère italien, un homme rend son dernier soupir, veillé par les moines. Né en France en 1904, issu d'une famille italienne, il s'appelle Michelango Vitaliani et est surnommé Mimo. Il vit avec les moines depuis 40 ans dans une cellule de l'abbaye. Seul à ne pas avoir prononcé ses vœux, il vit là pour "veiller sur elle". Elle, c'est sa dernière œuvre, une statue qui trouble tous ceux qui la voient. Quel est le secret de cette statue qui agite les couloirs du Vatican ?
Voilà un roman comme je les aime, une magnifique ampleur romanesque, de multiples facettes de l'Italie, un fond historique solide, une belle immersion dans l'art, des personnages principaux très incarnés, Viola et Mimo entourés de personnages pittoresques, l'odieux Zio, les touchants Alinea et son frère jumeau Emmanuele, la fantasque mère de Zio, les frères de Viola, Bizzaro... des personnages secondaires pittoresques et peu nombreux ce qui permet de n'être jamais perdu dans cette histoire aux nombreux rebondissements.
Mimo et Viola font connaissance alors qu'ils n'ont que treize ans, et se découvrent "jumeaux cosmiques". Une belle rencontre entre deux jeunes que tout oppose. Au gré de rendez-vous secrets dans le cimetière ou dans une grange au milieu de la forêt, soudés autour du projet de Viola, ils deviennent inséparables. Une histoire d'amitié qui va perdurer au fil des décennies malgré les rendez-vous manqués, les disputes et divergences de vue. Attirés comme des aimants, ils vivront une très belle relation.
Le roman est imprégné des histoires qui se racontent de bouche à oreille, de génération en génération, des rivalités entre familles puissantes, des couleurs de Pietra d'Alba, la pierre de l'aube... La construction habile mêle quelques chapitres qui se déroulent en 1986 à la mort de Mimo et des chapitres à la première personne qui remontent la vie du vieil homme. Jean-Baptiste Andréa entretient parfaitement le mystère autour d'elle, la statue sur laquelle Mimo a veillé pendant quarante ans et qui trouble tous ceux qui la voient.
Nous suivons avec délice l'ascension de Mimo, un homme qui a vécu l'extrême pauvreté, des arrachements dans son enfance, des humiliations à l'adolescence, d'innombrables nuits de débauche et qui a construit sa carrière comme une revanche sur son passé. Un artiste qui sculpte avec son instinct, son sens du mouvement et son irrévérence. Nous suivons le destin parallèle de son amie Viola, dotée d'une volonté farouche, d'une intelligence et d'une force hors du commun, "une femme debout" qui devra vaincre l'handicap d'être née femme.
Fluidité et limpidité caractérisent ce texte qui nous embarque dès la première page sans plus nous lâcher sans aucune baisse de rythme. Il nous mène de la France à Pietra d'Alba, Florence et Rome, de 1904 à 1948, sur fond de l'histoire de l'Italie sur un demi-siècle, sur fond de violence des hommes et de la nature dans une société où tout va plus vite, où c'en est fini de la lenteur. Nous côtoyons le milieu ecclésiastique par le biais de Francesco l'un des frères de Viola et le milieu politique par Stefano son autre frère, membre influent du gouvernement de Mussolini.
Un titre au très beau double sens, une intrigue solide entre jeux de pouvoir et montée du fascisme, une écriture poétique et visuelle, des images fortes comme celle d'une certaine lumière rouge à une fenêtre de la villa des Orsini, le mystère de la statue préservé jusqu'aux dernières pages, un dénouement magistral et inattendu à la hauteur de ce roman résolument féministe. En effet Viola se révèle comme la véritable héroïne de cette histoire dont j'ai ralenti la lecture dans les derniers chapitres par crainte de quitter Mimo et Viola. Un roman qui mériterait une adaptation cinématographique. Une confirmation magistrale du talent de Jean-Baptiste Andréa.
Aude qualifie ce roman d'"absolument éblouissant".
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si en plus il nous entraîne en Italie, je ne peux que noter!
RépondreSupprimerJe suis certaine qu'il te plaira. Je guetterai ton avis...
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