Date de parution : janvier 2024 chez Belfond
Nombre de pages : 208
James Foley, journaliste et militant américain, parti en mission journalistique pour témoigner de ce qui se passait en Syrie, a été assassiné par ses ravisseurs en aout 2014 après 22 mois de captivité.
Colum McCann a accompagné Diane Foley, la mère de James, au procès des terroristes de Daech impliqués dans le meurtre de l'aîné de ses cinq enfants.
Le récit commence par une première partie d'une rare puissance. En octobre 2021, sept ans après la mort de James que sa famille surnomme Jim, sa mère rencontre un des accusés, Alexanda Kotey, dans une prison de Virginie. Kotey va plaider coupable et a lui-même accepté de parler aux familles des victimes qui le souhaitent avant le verdict. On ne peut manquer de s'interroger sur les motivations de cette mère. Recherche-t-elle des réponses qui l'aideront dans le combat qu'elle a engagé contre les prises d'otages ? Espère-t-elle qu'il révèlera le nom de responsables qui n'ont pas encore été identifiés, qu'il indiquera l'endroit où ont été enterrés les corps de Jim et d'autres otages assassinés ? " Comme un chemin vers la vérité. Comme une voie vers la guérison".
Après cette entrevue, Diane décide d'écrire l'histoire de son fils, "Sept années. Il était temps de guérir. Temps de raconter l'histoire de Jim", cette histoire constitue le corps de ce livre qui se termine par une dernière partie où Diane va à nouveau rencontrer Kotey.
On fait la connaissance d'une famille et en particulier d'une femme d'un grand humanisme et d'une exceptionnelle dignité. On ne peut qu'être admiratifs devant leur courage, leur volonté dès le départ de ne pas remuer le malheur, de tirer quelque chose de bon de ce drame, comme Jim l'aurait souhaité, leur volonté de ne pas enflammer la situation alors qu'internet crie vengeance, de faire quelque chose de la vie de Jim. " Nous prions pour que la mort de Jim puisse souder encore plus notre pays. Jim n'aurait jamais voulu nous voir pleins de haine et de ressentiment."
Diane est patriote mais sait porter un regard lucide sur le manque de sollicitude de l'administration Obama, sur la position du gouvernement pour qui les otages humanitaires ou journalistes ne sont pas une priorité, les otages civils étant considérés comme beaucoup moins indispensables que les soldats. Elle raconte leur combat, livrés à eux-mêmes pendant les longs mois de captivité de Jim, son engagement à travers la fondation qu'elle a créée pour œuvrer au retour des autres otages et aider leurs familles. Elle ne mâche pas ses mots contre le gouvernement qui a laissé leur famille négocier dans leur coin et les a même menacés de poursuites judiciaires s'ils osaient réunir une rançon.
Elle dépeint son fils comme un homme qui aimait écrire, qui savait écouter et effectuait un travail journalistique profond "Pas de commentaire. Les seuls faits. C'était la vérité dure, la vérité du terrain, l'horreur de la guerre", elle détaille l'approche que son fils avait de son métier et son sens de la justice sociale. "Il ne se contentait pas de décrire une guerre politique. Il voulait relater aussi une guerre humaine. Mais pour cela, il fallait raconter une toute autre histoire."
Un témoignage digne, mesuré, lucide. Une volonté de maintenir vivant l'esprit de Jim. Une force puisée dans une foi que Diane sait analyser. Une capacité à voir et à analyser la complexité des enlèvements avec demandes de rançon, comprenant en partie le choix de certains pays de ne pas verser de rançon pour ne pas encourager les enlèvements.
Un livre exceptionnel qui me restera longtemps à l'esprit.
Citations
" Je crois que ce ne sont pas seulement les parents qui élèvent les enfants : c'est aussi le monde autour d'eux."
L'auteur
Lu de cet auteur
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