jeudi 7 septembre 2017

La disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez




Date de parution : 16 août 2017 chez Grasset
Nombre de pages : 240

Josef Mengele était un médecin tortionnaire nazi surnommé l'ange de la mort, il a sévi au camp d'Auschwitz pendant 21 mois, il avait fait du camp un laboratoire pour ses recherches notamment sur la gémellité. C'était un monstre qui prenait plaisir à collectionner les yeux bleus...

Inscrit sur la liste des criminels de guerre, arrêté par les américains il est pris pour un simple soldat et rapidement libéré. En juin 49, à 38 ans, il arrive sous la fausse identité de Grégor dans l'Argentine de Péron. En effet le dictateur argentin, fasciné par l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, adopte comme stratégie d'ouvrir son pays à des milliers de nazis convaincu de la suprématie que va acquérir l'Argentine une fois que les États Unis et la Russie se seront écharpés lors de la guerre froide.
Officiellement porté disparu, Mengele ne révèle son identité qu'à quelques rares proches, il cache à tous son métier de médecin. Il n'ambitionne pas de reconquérir l'Allemagne comme certains de ses amis préférant faire prospérer les affaires familiales, ainsi il représente l'entreprise familiale de machines agricoles tout en pratiquant des avortements clandestins sur de jeunes bourgeoises. Mengele mène alors une vie de pacha, au milieu d'autres nazis, mais il va être privé de ses protections lorsque Péron est contraint de quitter le pays en 1955.

En 1956 il récupère son identité pour s'enraciner et se remarier au moment où le monde prend conscience de l'extermination de millions de juifs. Les israéliens lance alors la chasse aux nazis. C'est pour Mengele le début de la descente aux enfers et la fuite au Brésil. Va commencer pour lui une vie de rat traqué par les services secrets israéliens et allemands puis par les journalistes.

Olivier Guez brosse le portrait d'un homme égocentrique et manipulateur qui ne manifeste aucun remords et restera nazi jusqu'au bout. Sûr de lui, certain de son impunité, il se pense intouchable et bénéficie largement de la protection financière de sa puissante famille. Il se comporte en despote acariâtre avec la famille hongroise qui le cache. Déchu de ses diplômes universitaires, il s’apitoie sur son sort... Mais cet homme va vivre pendant des années dans la plus extrême solitude et dans la paranoïa.

Mengele a un fils Rolf qu'il n'a pratiquement jamais vu. Rolf Mengele qui a longtemps cru son père mort, sera bouleversé d'apprendre le passé de son père. Torturé, il lui rendra visite en Amérique Latine à l'âge de 33 ans pour tenter de comprendre. La scène de leur rencontre est bouleversante... Rolf Mengele éprouvera un infini mépris pour son père mais il refusera de donner la moindre indication susceptible de provoquer son arrestation. 
Cet épisode était déjà relaté dans le livre de Tania Crasnianski : Enfants de nazis 

Ce roman sur l'après guerre est très documenté comme en témoigne l'impressionnante liste bibliographique de l'auteur. Olivier Guez limite à de courts passages complètement insoutenables le récit des  activités du médecin SS dans le camp, l'essentiel de son propos est de raconter les années de fuite du médecin tortionnaire et d'imaginer ses ressentis. Il relate des années de vie qui se sont révélées toutes aussi punitives que l'aurait été un emprisonnement. J'ai trouvé ce récit, qui tient à la fois du document et du roman, passionnant et instructif. Ce texte très fort nous parle de l'oubli mais aussi de la perversion des relations internationales qui aboutissent à l'impunité de grands criminels.

Ce roman est finaliste du prix Landerneau et fait partie des premières sélections du prix Renaudot et du prix Goncourt.

Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture.






L'auteur

Olivier Guez est l’auteur, entre autres, de L’Impossible retour, une histoire des juifs en Allemagne depuis 1945 (Flammarion), Éloge de l’esquive (Grasset) et Les Révolutions de Jacques Koskas (Belfond).
Il a reçu en 2016 le prix allemand du meilleur scénario pour le film Fritz Bauer, un héros allemand. (Sources : Éditions Grasset)







16ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017











Catégorie MORT

2 commentaires:

  1. Je l'ai repéré il y a peu. Ta chronique enthousiaste me donne envie. Je vais laisser passer un peu parce que j'ai pas mal enchaîné les récits sur la seconde guerre cette année mais je note précieusement.

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    1. C'est un livre plus sur l'après-guerre que sur la guerre tu sais.
      Il est dans les livres voyageurs, je note de te l'envoyer plus tard, tu me diras quand.

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